Question retraite, les riches ne sont pas ceux que l'on pense

Publié le 20/04/2013 à 00:00, mis à jour le 18/04/2013 à 09:44

Question retraite, les riches ne sont pas ceux que l'on pense

Publié le 20/04/2013 à 00:00, mis à jour le 18/04/2013 à 09:44

Québec solidaire s'est trompé de cible. Tant qu'à s'en prendre aux gens qui investissent le maximum autorisé dans leur REER, on aurait dû montrer du doigt les Anarchopandas de ce monde.

Petit rappel des faits. Début avril, les deux députés membres de Québec solidaire, Françoise David et Amir Khadir, suggèrent au gouvernement du Québec de réduire de moitié les contributions permises au REER, dont le montant annuel maximal devrait, selon eux, être ramené de 23 000 $ à 12 000 $. Fait remarquable, cette charge s'inscrit dans la lignée de leur combat (légitime) contre l'évasion fiscale et les paradis fiscaux.

«Ça ne profite qu'aux riches», ont-ils dit en substance, en oubliant au passage que le REER n'est pas un abri fiscal. Tout au plus, l'impôt à payer n'est que différé. On est à mille lieues de l'évasion fiscale. Mais ce n'est pas là leur plus gros dérapage.

Pourquoi les gens contribuent-ils à leur REER ? Parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement. Au Québec, à peine le tiers des salariés bénéficient d'un régime de retraite offert par leur employeur. Les autres, environ 65 % des travailleurs, doivent se débrouiller tout seuls. Pire, dans le secteur privé, même les régimes d'employeurs offrent de moins en moins de garanties ; ils migrent vers la formule dite à cotisations déterminées. Il revient maintenant aux individus de prendre en charge leur régime de retraite sans que le rendement soit assuré. L'employeur continue d'y verser des fonds, mais n'assume plus de responsabilités pour la suite.

Dans la fonction publique ou parapublique ? Pas de problèmes. Tout est sous contrôle. La rente (indexée) sera versée régulièrement jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Le salaire d'un professeur de cégep, comme le personnage qui se cache derrière Anarchopanda, peut atteindre 75 000 $ par année. À partir de 60 ans, après 35 années de service, il pourra prendre sa retraite et recevoir 70 % de la moyenne de ses cinq années les mieux payées : donc, un peu plus 50 000 $. À vie. Le taux monte s'il persiste jusqu'à 65 ans.

Est-ce beaucoup ? Non. S'agit-il d'un vol ? Non plus. Ces conditions ont été dûment négociées et acceptées, à la fois par la partie patronale et par la partie syndicale. On ne peut certes rien reprocher aux professeurs. Ce n'est pas de l'abus : le système est ainsi conçu. Et encore, ce traitement paraît modéré par rapport à celui qu'est susceptible de recevoir un policier qui peut prendre sa retraite, lui, dès le début de la cinquantaine.

Mais si on ne les blâme pas, on ne devrait surtout pas blâmer ceux qui prennent tous les risques pour se constituer un fonds de retraite dont les bénéfices ne seront même pas à cette hauteur. Calculons : pour obtenir 50 000 $ de rente, avec les rendements actuels et prévisibles (disons généreusement 5 %), il faut maintenant avoir mis de côté, grosso modo, un million de dollars. À moins de gruger dans son capital... et comme l'espérance de vie allonge sans cesse, la personne qui finit par s'y résoudre risque de se retrouver démunie avant la fin de ses jours.

Les employés des secteurs public et parapublic n'ont pas à souffrir de ce genre de stress. Leur rente est protégée, même si le trou se creuse dans les caisses gouvernementales. À titre d'exemple, l'Union des municipalités du Québec évalue à 4,8 milliards de dollars le déficit de capitalisation des régimes municipaux en date de 2011. On parle d'un manque à gagner de 100 000 $ par employé pour les régimes de retraite à prestations déterminées. C'est intenable. Et pour combler ce vide, on ne voudrait pas devoir imposer des hausses de taxes à des citoyens qui, souvent, ne disposent même pas eux-mêmes d'un régime de retraite.

Heureusement, comprenant le danger, on commence à discuter, dans les municipalités, pour en arriver à des compromis. Ça a été le cas à Montréal et à Rimouski. Il ne s'agit pas de tout niveler par le bas, en disant par exemple «la plupart des gens n'ont rien, vous n'aurez rien», mais de trouver un équilibre.

Dans ce cas cependant, peut-on ficher la paix à ceux et celles qui se dépêchent, souvent vers la fin de leur vie active, de contribuer au maximum dans leur REER pour rattraper le temps perdu ?

Je prendrai Amir Khadir au sérieux quand il renoncera à la retraite qui lui sera garantie après deux mandats de dur labeur parlementaire (huit ans). En attendant, il faut plutôt aider et inciter les gens à ne pas dépendre uniquement de l'État pour passer leurs vieux jours dans la sérénité.

DE MON BLOGUE

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La semaine dernière, on apprenait que les trois nouveaux prétendants jetaient l'éponge. Déjà, il semblerait que Telus s'intéresse à Mobilicity, comme elle avait plus tôt mis la main sur Clearnet. Le sort des deux autres est dans la balance [...] Les autorités fédérales avaient oublié qu'au bout du compte, c'est le consommateur qui décide.

Vos réactions

«Après ce qu'on vient de voir (c'est facile de conclure après coup), la seule solution pour stimuler la concurrence sera d'attirer des opérateurs américains. Si nous pouvions profiter du volume américain, les économies seraient substantielles.»

- Maxlav

«Au Canada, on protège notre industrie et nos gros joueurs qui ont des coûts d'opération élevés. Ils sont généralement syndiqués, et les développements sont très coûteux [...] Dans un pays comme le Maroc, un pays lui aussi très vaste et beaucoup plus pauvre, la couverture est bien meilleure.»

- pbrasseur

Il ne s'agit pas de tout niveler par le bas, en disant par exemple «la plupart des gens n'ont rien, vous n'aurez rien», mais de trouver un équilibre.

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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