Quatre grands mythes du placement

Publié le 19/01/2013 à 00:00, mis à jour le 17/01/2013 à 09:16

Quatre grands mythes du placement

Publié le 19/01/2013 à 00:00, mis à jour le 17/01/2013 à 09:16

Il y a de nombreux mythes concernant la Bourse qui empêchent les investisseurs de faire de l'argent. Toutefois, si j'avais à en sélectionner quelques-uns, je dirais que les quatre mythes suivants sont ceux qui font le plus de dommages.

1 «On peut prédire le marché à court terme.»

Il se dépense des milliards de dollars sur cette illusion. Autant les grandes institutions financières que les investisseurs croient qu'ils peuvent, avec l'aide d'experts et d'outils, prévoir le comportement de la Bourse à court terme.

Pour certains, ce mythe se limite à vouloir prédire la performance des prochains mois, alors que d'autres poussent encore plus loin ce fantasme en tentant de prédire les marchés quotidiennement.

Vous tombez également dans le piège de ce mythe, lorsque, après avoir acheté un titre à 10 $ le mardi et en le voyant à 8 $ le vendredi, vous vous dites «j'aurais dû attendre».

La réalité, c'est que la Bourse, d'une journée à l'autre, se comporte de façon aléatoire, impossible à deviner. Cela est vrai pour son comportement à court terme, qui va jusqu'à une année et même plus, ainsi que pour un titre en particulier.

C'est un dangereux mythe, parce que toute l'énergie et tout le capital consacrés à cette poursuite pourraient être dirigés à des fins plus rationnelles, comme l'étude fondamentale des sociétés.

2 «Je peux m'enrichir vite.»

Un autre grand mythe, c'est que vous pouvez faire beaucoup d'argent en Bourse et rapidement, et que, plus vous négociez, plus vous avez de chances d'en faire.

Il est naïf et dangereux de croire à cette affirmation. Remarquez que moi aussi, si j'avais une firme de courtage, j'aimerais que mes clients croient que plus ils négocient, plus ils s'enrichissent. La réalité est moins rose.

Prenez le day trading (spéculation sur séance) par exemple, qui est probablement l'ultime expression de ce mythe. En effet, vous achetez et vous vendez dans la même journée ! Pensez-vous que ceux qui font cela sont millionnaires après un an ?

Non, je ne crois pas. En fait, il n'existe pas de nombreuses études sérieuses et approfondies sur le sujet. J'en ai vu une qui était solide conclure qu'environ 10 % des day traders faisaient de l'argent. Et «faire de l'argent» n'était pas vraiment explicité. Par contre, cela signifie que 90 % n'en faisaient pas.

À la Bourse comme dans bien des domaines, la façon la plus certaine de s'enrichir est progressive, année après année, tel un rouleau compresseur, en profitant de la puissance des intérêts composés à long terme.

3 «On ne peut pas s'appauvrir en prenant des profits.»

Lorsque j'étais rédacteur en chef d'un site financier, il y a plusieurs années, j'ai demandé aux lecteurs à quel moment ils prenaient des profits en Bourse. La grande majorité m'a répondu : après une appréciation de 20 %.

Ce qui semble, à première vue, rationnel est une belle façon de ne jamais vraiment faire de l'argent en Bourse. Je sais que c'est contre-intuitif, car qui peut argumenter que prendre des profits est une façon certaine de s'enrichir ?

Sauf qu'à la Bourse, il ne faut s'arrêter aux apparences. En effet, si vous vendez un titre parce qu'il s'est apprécié de 20 %, je peux vous prédire avec certitude que vous ne ferez jamais beaucoup d'argent en Bourse. Car vos réussites ne seront pas suffisantes pour compenser vos échecs.

En effet, pour contrebalancer le faible rendement des titres perdants, il vous faut de grands gagnants, soit des titres qui voient leur valeur multiplier par 10 et plus. Ce sont eux qui vous permettront vraiment de vous enrichir à long terme.

Maintenant, comment avoir de ces titres super gagnants si, automatiquement, vous vendez après une hausse de 20 % ? Impossible.

4 «Investir, c'est facile !»

Si vous avez bien lu et compris la description des mythes qui précèdent, vous savez qu'investir en Bourse et y faire de l'argent n'est pas facile. Ce mythe fondamental explique tous les autres.

L'investisseur qui se fait croire qu'il peut prévoir les marchés le fait parce qu'il pense à tort qu'investir est facile. C'est d'une grande et... dangereuse naïveté.

En effet, c'est illusoire de croire qu'il suffit d'avoir lu un livre ou vu un reportage sur le Web sur le sujet pour ensuite s'enrichir facilement en négociant à la Bourse.

Investir exige beaucoup de travail, du savoir et des habiletés. Ce n'est pas hors de portée, mais cela demande du temps et de l'énergie.

La réussite repose sur l'élaboration d'une approche rationnelle, fondamentale et à long terme. Ajoutez à cela de nombreuses années et beaucoup de lectures, beaucoup de réflexion et beaucoup de travail, et vous avez la recette pour faire de l'argent sur les marchés boursiers.

DE MON BLOGUE

Bourse

Un marché dominé par la politique

Pendant la plus grande partie de 2012, les marchés financiers ont été dominés par les grands titres et les inquiétudes politiques, en particulier celles en provenance des États-Unis.

Dès le lendemain du règlement du mur budgétaire, on a fait des grands titres avec le prochain défi politique : le relèvement du plafond de la dette aux États-Unis. Et, évidemment, on promet que les négociations entourant ce problème seront encore plus difficiles qu'avec le précédent problème.

Il me semble que ce serait plus intéressant de parler davantage d'économie et de Bourse, du moins de leurs nombreuses et fascinantes caractéristiques fondamentales.

Il ne faut surtout pas se laisser emporter par les émotions. Cela me rappelle les propos de Shelley Bergman, conseiller chez Morgan Stanley, qui mentionne que ses 30 ans dans le monde du placement lui ont enseigné de ne pas trop donner d'importance aux grands titres négatifs.

«Pendant les 20 premières années de ma carrière, chaque événement m'inquiétait. Et plus je leur accordais d'attention, plus je me trompais.»

Vos réactions

«Les grands titres liés à la politique sont importants. Ils créent souvent de belles occasions d'acheter des sociétés de qualité à moindre coût.»

-SB

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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