Quand l'encaisse n'est pas reine

Publié le 15/06/2013 à 00:00, mis à jour le 13/06/2013 à 09:45

Quand l'encaisse n'est pas reine

Publié le 15/06/2013 à 00:00, mis à jour le 13/06/2013 à 09:45

Avoir de l'argent en banque est vu universellement comme étant le signe d'une bonne gestion, d'une saine prudence, voire d'une grande sagesse.

Dans la plupart des cas, c'est vrai. En effet, comment voir négativement l'entreprise qui conserve une encaisse généreuse pour parer aux intempéries ? Même chose pour l'individu qui met un peu d'argent de côté.

Sauf qu'en Bourse, une telle attitude n'est pas nécessairement autant rationnelle pour l'épargnant que pour le gestionnaire de portefeuille.

L'exemple le plus percutant que je puisse vous donner est celui du fonds d'actions américain Sequoia, géré par la firme de placements Ruane, Cunniff & Goldfarb, dont le siège social est à New York.

Bons rendements

Sequoia Fund a tout du fonds exceptionnel, avec une approche fondamentale solide axée sur l'investissement à long terme dans des entreprises de qualité achetées de façon opportuniste.

Sa performance parle d'elle-même. Pour la période de 10 ans terminée le 31 mars dernier, son rendement annuel a été de 9,36 % par rapport à 8,5 % pour l'indice S&P 500.

Pour plusieurs, le fait que ces rendements ont été réalisés au moment où le fonds conservait une encaisse relativement élevée sera un autre élément positif. Mais c'est une erreur.

De 2009 au 31 mars, le Sequoia Fund a conservé de 15 % à 21 % de son actif total en encaisse. Au 31 mars, 15,75 % de son encaisse n'était pas investie.

À lire les commentaires des dirigeants pendant cette période, on devine qu'ils sont déchirés entre l'aspect négatif de cette situation et l'aspect positif. Dans le premier cas, si le fonds avait été entièrement investi dans ses meilleures idées, sans considération de ce qui peut se passer en Bourse, ses rendements seraient nettement supérieurs. En 2010, Sequoia a réalisé un rendement de 19,5 %, de 13,2 % en 2011 et de 15,7 % l'an dernier. En 2010 et en 2011, il a terminé l'année avec 21 % en encaisse, du capital qui aurait magnifié ses rendements.

L'aspect positif, c'est que cette encaisse permet de profiter des occasions advenant une baisse sensible des cours boursiers.

Et c'est là l'erreur des dirigeants de Sequoia. En effet, la raison d'être de ce fonds est d'être investi en actions. Les investisseurs qui leur confient leur argent présument que leur capital sera investi en Bourse, à 100 % ou presque.

Lorsque les gestionnaires conservent plus de 10 % de leur actif en encaisse pendant plusieurs années, ils se trouvent à miser sur une tendance du marché, à faire de la synchronisation des Bourses, leur forte proportion en encaisse signifiant qu'ils s'attendent à une baisse significative en Bourse.

Non seulement ce n'est pas leur mission, mais c'est aussi loin de leur compétence. En effet, les gestionnaires du Sequoia Fund sont parmi les meilleurs, à mon avis, quand vient le moment de cibler des sociétés exceptionnelles. Ils sont meilleurs à cela qu'à prédire la prochaine baisse boursière.

Ce fonds n'est pas le seul à souffrir de ce problème ; plusieurs gestionnaires font un orgueil de conserver des proportions importantes en encaisse alors que leur mission est d'être investis en Bourse. Par exemple, dans son rapport du premier trimestre, Mason Hawkins, président et chef de la direction de Southeastern Asset Management, se targue du fait que son fonds Partners Fund avait 17 % de son actif en encaisse.

Pour l'épargnant

Warren Buffett a mentionné que le gestionnaire qui était cash en 2008-2009 méritait de perdre son job. C'est dire l'importance qu'accorde l'oracle d'Omaha au fait d'être pleinement investi en tout temps.

Comment un investisseur devrait appliquer ce principe ? Pour bien des épargnants, ce concept s'applique exactement de la même façon. En effet, si vous êtes au milieu de votre vie active, vous devriez être investi à 100 % en actions, sans prendre une seule minute à vous préoccuper de ce que fera la Bourse la semaine prochaine ou dans un an.

C'est le meilleur moyen de vous enrichir à long terme, surtout si vous épargnez et réinvestissez de façon systématique. Cela en tenant pour acquis que vous conservez des liquidités pour répondre aux urgences.

La situation peut être différente pour l'investisseur approchant la retraite ou qui est rendu à l'automne de la vie. En effet, pour bien des gens, il est préférable d'augmenter à partir de la retraite (et même un peu avant) la proportion accordée aux titres à revenu fixe et en encaisse. C'est vrai en théorie. Dans le contexte actuel, toutefois, le problème est que ces titres ne vous récompensent pas du tout pour les risques assumés.

Personnellement, étant dans cette situation, je n'ai pas un sou en obligations ou titres du genre. Je préfère conserver l'équivalent de deux ou trois ans de dépenses en encaisse pour avoir l'esprit en paix.

Peu importe l'approche que vous choisissez, n'oubliez pas qu'avoir beaucoup d'encaisse n'est pas nécessairement une vertu.

DE MON BLOGUE

Bourse

Le Québec se démarque

Les sociétés québécoises se sont distinguées de belle façon en mai. Plusieurs d'entre elles y ont réalisé des acquisitions stratégiques et importantes. Comme Valeant qui a annoncé l'achat de Bausch & Lomb et Groupe MTY qui a fait sa première incursion américaine.

C'est à cela que je pensais lorsque j'ai étudié l'édition 2013 d'Investor 500, publié par Canadian Business. Plusieurs titres québécois sont aux premières loges de ce classement.

Qui domine la liste parmi les titres à plus grande capitalisation ? Couche-Tard avec un rendement total de 71,8 % en un an, tandis que Valeant arrive quatrième. Dans le classement des titres à capitalisation moyenne, on compte parmi les meilleures sociétés Stella-Jones (rendement de 88,5 %), Gildan (50,2 %), Dorel (49,9 %) et Dollarama (33,3 %). Pour les investisseurs québécois, c'est une erreur d'oublier le Québec et de négliger nos sociétés.

Vos réactions

«Ce serait bien qu'un FNB regroupant les compagnies québécoises cotées en Bourse existe. Je serais acheteur.»

- mario.lalonde

«Il y a énormément de belles entreprises au Québec. Celles-ci sont maintenant internationales, ce qui donne une diversification géographique.»

- seb_666

Si vous êtes au milieu de votre vie active, vous devriez être investi à 100 % en actions.

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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