Pour une réelle révolte des actionnaires

Publié le 13/12/2008 à 00:00

Pour une réelle révolte des actionnaires

Publié le 13/12/2008 à 00:00

Actionnaires de tous les pays, unissez-vous !

Il y a maintenant 10 ans que les actionnaires des sociétés ouvertes en Amérique du Nord ne font pas vraiment d'argent en Bourse. Et pourtant, pendant ces années, leur capital a servi à enrichir de nombreux intervenants gravitant autour de leurs entreprises. Il est temps que ça cesse !

Et là, je ne parle pas seulement des dirigeants, dont la rémunération est trop souvent démesurée par rapport à leur performance.

L'entreprise dont vous êtes actionnaire fabrique des produits ou offre des services. Est-ce que vous aimeriez qu'elle les donne à ses clients ? Ne serait-il pas honteux qu'elle prenne votre capital pour produire des biens et services qu'elle donnerait par la suite à ses clients ?

En tant qu'actionnaire, vous vous attendez à ce que votre société vende ses produits à un prix adéquat et équitable, le plus élevé possible bien entendu, pour assurer sa rentabilité à long terme.

Maintenant, considérez les relations de cette entreprise avec ses fournisseurs. Aimeriez-vous qu'elle accepte de payer des prix exorbitants pour engraisser ses fournisseurs ? Encore là, vous voulez que ses dirigeants agissent de manière responsable, qu'ils paient un prix concurrentiel pour leurs biens et services, en tenant compte d'aspects intangibles comme la qualité et le service.

Les employés empochent

Continuons et considérons les salaires maintenant. Trop d'entreprises accordent des rémunérations indécentes à leur personnel, extorquant leurs actionnaires.

Et ce n'est pas un phénomène nouveau. Durant les années 1960, les dirigeants des trois grands manufacturiers automobiles américains ont signé des conventions collectives tellement généreuses qu'ils ont, en réalité, transféré une grande partie de la richesse des actionnaires aux employés pour des décennies à venir.

L'effondrement de ces constructeurs s'explique en grande partie par des conventions conclues il y a 40 ans !

De nos jours, ce sont rarement les conventions collectives qui posent problème. Les moyens ont changé. Le plus souvent, c'est par l'émission d'options d'achat d'actions que les directions prennent le capital des actionnaires pour le verser aux employés.

Même si aujourd'hui les options sont considérées, à juste titre, comme des dépenses, leur octroi reste trop souvent abusif. C'est le cas pour un grand nombre de dirigeants et souvent aussi pour leurs employés. C'est particulièrement vrai dans les secteurs de la technologie où des grands comme Cisco Systems et eBay continuent d'émettre d'énormes quantités d'options.

Dans le contexte boursier, ces options sont indécentes. Cette pratique devrait être bannie, parce que les dirigeants ne sont pas capables de les verser avec discernement.

Consultants, professionnels et activistes

Dans la mire des actionnaires en colère, il devrait y avoir tous les intervenants rôdant autour des entreprises. En commençant par les consultants (entre autres en rémunération) et les professionnels (comptables, avocats, fiscalistes, etc.) qui, avec la multiplication des réglementations, gagnent toujours plus d'argent avec les sociétés ouvertes, de l'argent qui provient de la poche des actionnaires.

Il ne faut pas oublier les institutions qui, évidemment, veulent une partie du bénéfice réalisé par les entreprises. Par exemple, il y a les impôts que perçoivent les différents gouvernements.

En général, les entreprises québécoises et canadiennes sont moins imposées que les américaines. Il s'agit tout de même d'une saignée, qui signifie autant d'argent qui ne se retrouve pas dans les poches des actionnaires.

Enfin, que dire de tous ceux qui veulent piger dans les coffres des sociétés pour tenter de régler tous les problèmes du monde ? De plus en plus, ils réussissent à s'approprier une partie des profits des entreprises, aux dépens des actionnaires qui se voient privés de rendements intéressants sur leur investissement par le fait même.

Si vous assistez à des assemblées annuelles, vous constatez qu'il y a de plus en plus d'actionnaires militants qui prennent la parole. Les causes diffèrent, mais c'est toujours la même demande : ils veulent que les dirigeants interviennent pour rectifier un tort quelconque.

La plupart du temps, ceux-ci ont bien du mal à protéger leur entreprise contre ces activistes. La pression est parfois forte. Plusieurs dirigeants ne peuvent se retenir d'encourager les bonnes oeuvres, surtout qu'ils en récolteront un capital de sympathie. Pourquoi ne pas faire un chèque pour sauver quelques arbres en Amazonie quand l'argent provient des poches des actionnaires, qui n'y verront rien ?

Les actionnaires fournissent le capital et devraient être les premiers à s'enrichir, pas les derniers comme c'est trop souvent le cas de nos jours.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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