Oui, le beau fait vendre davantage

Publié le 28/09/2013 à 00:00, mis à jour le 26/09/2013 à 09:55

Oui, le beau fait vendre davantage

Publié le 28/09/2013 à 00:00, mis à jour le 26/09/2013 à 09:55

Fours Picard fabrique des fours à cuisson pour des boulangeries, pizzerias et rôtisseries depuis plus de 50 ans. En 2010, la PME de Victoriaville décidait de refaire son image jugée vieillissante en changeant l'apparence de ses fours. Du coup, ses ventes ont bondi !

«On présume à tort que des fours commerciaux n'ont pas à être beaux, mais seulement fonctionnels et faciles à nettoyer. Or, ils doivent aussi se démarquer par leur style», souligne le président, Gilles Picard. Il en est aujourd'hui d'autant plus convaincu que le nouveau design de ses fours Revolution et Modulux a eu un effet positif sur ses ventes.

Depuis le lancement de ses nouveaux produits, Fours Picard dit avoir réussi à conserver ses parts de marché, malgré un contexte économique difficile, et prévoit accroître ses revenus au cours des prochaines années. L'effet se fait surtout sentir aux États-Unis, où l'entreprise effectue la moitié de ses ventes.

«Le beau fait vendre. C'est souvent le premier coup d'oeil qui guide les clients», dit M. Picard. Et pour une entreprise qui réalise un fort pourcentage de ses ventes sur Internet, le look s'avère un atout de taille.

Le fabricant de mobilier de bureau Artopex peut aussi en témoigner. Le développement de la gamme Air Line a permis à l'entreprise de Granby d'obtenir en 2011 la plus importante commande depuis sa création, en 1980 : un contrat de 50 millions de dollars sur 10 ans avec Hydro-Québec.

«Dans une industrie très concurrentielle comme la nôtre, le design a un rôle majeur. Ultimement, le produit doit aussi séduire», dit Suzanne Léger, directrice du service de design d'Artopex, qui compte 400 employés.

Au Québec, le design industriel s'est développé dans les années 1960 dans la foulée de la construction du métro de Montréal et de la tenue d'Expo 67. À cette même époque, l'Université de Montréal crée son École de design industriel et l'Université du Québec à Montréal lance un programme de design de l'environnement.

Le Québec compte aujourd'hui plus de 39 000 travailleurs des domaines du design, de l'architecture et de l'urbanisme, comparativement à 12 000 il y a 20 ans. Ils font de plus en plus leur place au sein des entreprises ou des firmes spécialisées.

«Notre expertise est mieux comprise qu'avant. Le design est davantage intégré dans la culture des entreprises et dans le processus de développement de produits», explique Mario Gagnon, président de l'Association des designers industriels du Québec et président fondateur de la montréalaise Alto Design.

L'exemple de l'Allemagne

«Les dirigeants d'entreprise qui croient encore que le design est accessoire vont rapidement être rattrapés par la réalité économique», affirme Alain Dufour, directeur général délégué de Mission Design. L'organisme, lancé en 2010 pour promouvoir cette industrie, est persuadé que design et développement économique du Québec vont de pair.

«La concurrence est forte dans tous les secteurs d'activité. Il faut réagir rapidement, innover, offrir des produits spécialisés. Le design n'est pas le seul élément de succès, mais il s'intègre dans cette démarche», croit M. Dufour.

Il souligne que les pays dont l'économie est vigoureuse, comme l'Allemagne, ont compris que l'innovation technologique et le design sont indissociables de leur stratégie de développement. Le design est d'autant plus important que les entreprises concurrentes ont habituellement accès aux mêmes technologies et procédés de fabrication, dit Denys Lapointe, vice-président exécutif, design et innovation de BRP. «Le design nous permet de nous démarquer d'entreprises qui ont, en règle générale, plus de moyens financiers.»

Le modèle Apple

L'entreprise de Valcourt n'est pas la seule à apporter une attention particulière au design, au point de nommer un vice-président en titre. «Les grandes entreprises ont compris que c'était un rôle stratégique, qui mérite un siège au comité de direction aux côtés d'un v.-p. finance ou d'un v.-p. affaires juridiques», observe M. Dufour.

Il cite en exemple des géants comme Porsche, Philips, Samsung et, bien sûr, Apple. Le rôle de Jonathan Ive, ce designer entré à l'emploi d'Apple au début des années 1990, a été primordial dans la renaissance de l'entreprise et l'engouement des consommateurs pour les ordinateurs Macintosh et pour les nouveaux produits iPod, iPhone et iPad.

Convaincre les PME

Il reste maintenant à convaincre davantage de PME du bien-fondé de la démarche. «Un grand nombre d'entreprises pense encore uniquement en fonction des coûts», déplore Mario Gagnon.

Deux tiers des entreprises ayant eu recours aux services d'un designer industriel estiment profiter d'un rendement des investissements en moins de trois ans, indique une étude réalisée en 2007 par l'ancien ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation.

«Il y a encore du travail à faire dans les plus petites entreprises. Mais celles qui veulent vendre à l'international, et qui voient des concurrentes développer des produits plus attrayants, prennent davantage conscience de l'importance du design pour ajouter de la valeur à leurs produits», dit M. Dufour.

Pour Fours Picard, il ne fait aucun doute qu'il s'agit de la marche à suivre. «Nos nouveaux produits coûtent plus cher à produire. Mais au bout du compte, ça nous a permis de les vendre plus cher et d'en vendre plus», note Gilles Picard.

La pratique d'une culture du design chez Artopex a «permis d'augmenter la valeur ajoutée de notre collection», dit Mme Léger. Son équipe est composée de deux designers industriels, d'un technicien dessinateur et d'un designer graphique.

Plus qu'un look

À l'origine, la pratique du design industriel visait l'aspect esthétique d'un produit. Aujourd'hui, les designers sont appelés à considérer un ensemble de facteurs liés à toutes les étapes du développement d'un produit.

«On a la fausse impression que le design est seulement ce qu'on voit. Mais le travail du designer est important dans toutes les étapes de conception, de production et même de commercialisation d'un produit», indique Fabienne Munch, directrice de l'École de design industriel de l'Université de Montréal.

«Le travail du designer peut contribuer à réduire les coûts d'emballage, le poids des matériaux et même l'ergonomie d'un produit», ajoute Alain Dufour.

La firme de design mandatée par Fours Picard pour concevoir ses nouveaux produits a travaillé non seulement sur leur apparence, mais aussi sur la réduction du poids et l'efficacité énergétique.

Chez Artopex, on s'est préoccupé des caractéristiques à la fois esthétiques et fonctionnelles en concevant la collection Air Line.

Même son de cloche chez BRP. «Les trois piliers de notre stratégie de design sont l'innovation, la fonctionnalité et le facteur wow. Si on néglige un de ces éléments, ça peut mener à l'échec commercial», affirme Denys Lapointe.

Un travail d'équipe

Voilà pourquoi les équipes de design sont de plus en plus appelées à collaborer avec les autres services de l'entreprise, dès la conception d'un produit. Les nouveaux fours de Picard sont le fruit du travail entre les designers industriels d'une firme externe et les ingénieurs de l'entreprise.

Le service de design industriel d'Artopex a notamment collaboré avec les responsables de la fabrication et les équipes de vente. «La collaboration est essentielle dès le départ, pour s'assurer d'être sur le bon chemin et éviter de faire marche arrière en cours de route», précise Mme Léger.

La distance entre designers et ingénieurs s'est aussi rétrécie. «Il y a longtemps eu une bataille entre ingénieurs et designers, mais la situation s'est grandement améliorée», constate Fabienne Munch.

Mario Gagnon se souvient de son arrivée au Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ) à la fin des années 1970, après ses études universitaires. Le CRIQ, qui soutient l'innovation en entreprise, comptait une équipe de 120 ingénieurs et de 5 designers.

«Le designer était méconnu et considéré comme accessoire par les ingénieurs et les entreprises. Mais aujourd'hui, son rôle est mieux perçu et vu comme complémentaire», souligne-t-il.

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