Manac : mise en portefeuille ?

Publié le 12/10/2013 à 00:00, mis à jour le 10/10/2013 à 09:47

Manac : mise en portefeuille ?

Publié le 12/10/2013 à 00:00, mis à jour le 10/10/2013 à 09:47

C'est avec surprise que l'on avait vu Manac être détachée de Canam et quitter la Bourse en 2004. La voilà cependant de retour. Un retour salué par la Caisse de dépôt, qui y prend une participation de 12 %. Bon pari que celui de la remorque ? Les probabilités semblent bonnes.

La lecture du prospectus de Manac est intéressante. La direction y entrevoit des perspectives assez favorables. Particulièrement aux États-Unis, et éventuellement au Canada qui devrait à un moment emboîter le pas.

Au cours des dernières années, le nombre de remorques envoyées à la casse aux États-Unis a été significativement plus élevé que celui des remorques commandées. C'est ce que les dirigeants qualifient de «demande refoulée», c'est-à-dire poussée vers l'avant. La demande refoulée cumulative a été supérieure à 260 000 remorques, de 2008 à 2011, selon les chiffres d'ACT Research. En 2012, la tendance s'est renversée, mais la demande refoulée totale a seulement diminué de 20 000 remorques. C'est dire que, s'il n'y a pas de récession, le nombre de commandes pourrait augmenter sensiblement dans les prochaines années.

D'autant que le parc de remorques est vieillissant. L'âge moyen de la flotte a dépassé 8 ans, ce qui est au-dessus de la moyenne historique, de 7,32 ans.

Le chiffre de 260 000 remorques qui représente la demande refoulée est à prendre avec une certaine prudence, direz-vous. Il est possible que, dans les années précédant 2008, on ait roulé à un niveau de commandes nettement supérieur aux remorques qui étaient retirées du marché, et qu'on ait créé à ce moment un important surplus dont il faudrait tenir compte.

On a aussi vu cette possibilité, mais on l'a finalement écartée après avoir examiné les cycles de livraison de remorques depuis le début des années 1990.

Quelle sera la vigueur du cycle ?

Manac ne s'avance pas réellement dans le prospectus. Un point de vue intéressant se trouve cependant dans la dernière téléconférence de Wabash, plus important acteur du secteur. Par un calcul différent de celui de l'entreprise beauceronne, le président Dick Giromini estime lui aussi que la demande refoulée est aujourd'hui d'environ 300 000 remorques. Étant donné la cadence de production actuelle, qui est de 240 000 remorques par année, et le rythme normal de mise au rancart (de 200 000 par année), le cycle de remplacement pourrait encore s'étaler sur huit ans. Ce qui en ferait, soit le plus long, soit le plus fort de toute l'histoire de l'industrie.

On ne parle ici que du cycle de remplacement. Si l'industrie devait en plus connaître une croissance interne, la demande pourrait être encore plus vigoureuse. Un certain nombre d'analystes estiment en effet que l'on se dirige actuellement vers un supercycle forestier d'ici trois à quatre ans. Les mises en chantier aux États-Unis sont nettement inférieures à la moyenne historique (950 000 unités par rapport à 1,4-1,5 million) depuis quelques années, et il faudra tantôt plus de bois pour répondre à la demande. Il y a peut-être des remorques forestières immobilisées actuellement, mais si le supercycle se présente, il est probable qu'il stimulera également la croissance interne.

Au-delà du cycle, quel est le plan de Manac dans les prochaines années ?

Grâce à l'appel à l'épargne, la société reçoit plus de 35 M$ en argent frais. Elle utilise 20,4 M$ pour rembourser de la dette, le reste (14,7 M$) est affecté au fonds de roulement et aux besoins généraux. Manac dit avoir repéré plusieurs occasions d'acquisitions, qu'elle espère exécuter à moyen terme.

Grâce aux acquisitions et aux commandes à venir liées à la demande refoulée, elle voit ses revenus augmenter de 50 % et son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) doubler sur cinq ans.

Si ça roule, combien vaut Manac ?

Le titre se négocie actuellement à environ 7 fois le BAIIA. C'est un multiple qui semble raisonnable. Il est plus faible que celui de Wabash (de 8 à 10, selon la source) et les ratios d'endettement de Manac sont nettement plus faibles que ceux du leader de l'industrie.

En conservant le multiple et en doublant le BAIIA, il est possible d'obtenir un aperçu du prix auquel pourrait se négocier le titre dans cinq ans. La difficulté est de savoir quel sera le niveau d'endettement de Manac à ce moment. Le prospectus ne le mentionne pas, mais le président, Charles Dutil, a indiqué que la direction n'entendait pas aller à plus de deux fois le BAIIA.

Si l'endettement devait effectivement être à ce niveau, le titre pourrait alors se négocier autour de 13,60 $. Une progression de 65 à 70 % par rapport à aujourd'hui. Évidemment, si l'endettement est un peu moins élevé, et le multiple un peu plus, la valeur grimpera. À noter aussi que rien n'est attribué à un éventuel supercycle forestier.

À chacun d'évaluer s'il met son portefeuille en remorque de Manac.

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