Lettre ouverte à un jeune épargnant

Publié le 21/09/2013 à 00:00, mis à jour le 19/09/2013 à 10:22

Lettre ouverte à un jeune épargnant

Publié le 21/09/2013 à 00:00, mis à jour le 19/09/2013 à 10:22

Cher jeune épargnant,

La plupart de mes chroniques s'adressent d'abord et avant tout aux investisseurs boursiers, vous savez, ceux qui gèrent activement leur portefeuille.

Toutefois, plusieurs des principes et des idées que j'explique s'appliquent à votre situation. Et je crois qu'il est propice de les rappeler dans le contexte actuel.

Pourquoi ? Parce que la crise de 2008-2009 et deux décennies décevantes pour les investisseurs ont créé un terreau très favorable à la culture de préjugés dangereux.

Idée pernicieuse

La plus importante de ces idées pernicieuses est la suivante : investir en Bourse est risqué et dangereux. La prochaine fois que vous entendrez cela, je vous invite à vous demander quelle activité humaine ne comporte aucun risque.

Lorsque vous êtes jeune (40 ans ou moins), votre principal actif, outre votre dynamisme et votre ambition, est le temps. Cet actif représente votre plus grand avantage concurrentiel. Les décennies que vous avez devant vous sont exactement ce dont vous avez besoin pour vous enrichir.

Voici un exemple concret. À 55 ans, lorsque j'investis, c'est selon un horizon temporel d'environ 20 ans. Ce qui signifie que chaque dollar investi à un rendement annuel de 6 % vaudra environ trois dollars lorsque j'aurai 75 ans. Or, si vous avez 20 ans, ce même dollar vaudra plus de 24 $ au même âge !

Ce 6 % n'est pas le fruit du hasard. Lors des 150 dernières années, le rendement annuel moyen du S&P 500, indice représentant la Bourse américaine, a été de 6,6 %, après l'inflation. Je n'ai pas de boule de cristal, mais l'histoire devrait se répéter.

J'entends ici vos récriminations : c'est bien beau, mais je n'ai pas d'argent à investir. Là encore, c'est une des grandes ironies de la vie qui vous donne le temps, mais pas le capital. Il n'y a pas de magie à cet égard, je ne connais pas d'autre recette que celle d'épargner, soit cette habitude tellement impopulaire de vivre juste un peu en dessous de ses moyens.

Mon conseil : dès que vous avez un travail rémunérateur, vous devez mettre systématiquement de l'argent de côté.

Être optimiste

Et si vous me lancez ce si typique «À quoi bon ? La Bourse, c'est de la merde» ou, encore plus typique, «À quoi bon ? Le monde est condamné à la déroute...», je vous comprends, car moi aussi j'ai été tenté de croire cela.

Voyez-vous, à mon adolescence, durant les années 1970, je lisais dans les journaux et je voyais à la télévision que la planète était condamnée. Certains jours, c'était par l'éventuelle guerre nucléaire ; d'autres jours, par une catastrophe écologique inévitable. C'était le discours dominant des éditorialistes, de nombreux scientifiques et d'experts.

Plus tard, à ma sortie de l'université, j'ai constaté que le marché du travail était très difficile pour les jeunes (on était au début des années 1980), et j'ai presque cru ceux qui proclamaient qu'il n'y avait plus d'avenir pour les jeunes.

Si vous vous dites que cela ressemble fortement à la situation actuelle, vous êtes perspicace. Malgré les récessions, les crises, les guerres, le monde est encore là, imaginez-vous, faisant mentir ces «grands penseurs». J'ai très bien gagné ma vie, même s'il a fallu quelques années avant que je décroche un travail permanent à temps plein (au journal Les Affaires en 1986). Personne ne dit que cela doit être facile.

Si j'ai aussi bien performé en Bourse, ce n'est pas parce que je suis brillant, mais surtout parce que j'y ai toujours été présent. Je constate en effet qu'un facteur clé dans mon succès a été mon optimisme, malgré les problèmes. Ayant fait une grosse indigestion de prédictions catastrophiques dans ma jeunesse, je suis devenu pratiquement immunisé contre ce virus inévitable dans notre société.

Investissez le plus tôt possible et le plus possible dans les actions. Vous n'avez pas à gérer vous-même votre portefeuille ; très peu de gens en sont capables. Non, achetez des fonds indiciels, avec disons 50 % de votre capital dans le fonds négocié en Bourse (FNB) qui calque l'indice canadien S&P/TSX, et le reste dans un FNB qui reproduit le S&P 500 de la Bourse américaine. Il n'est pas prudent d'investir tout son pécule au Canada.

Le plus grand risque

Vous devez être aussi systématique pour ce qui est d'investir que vous l'êtes concernant votre épargne, c'est-à-dire en achetant une ou deux fois par année, à des moments prédéterminés.

L'idée n'est pas de viser des rendements annuels faramineux. Il s'agit plutôt de mieux performer que n'importe quel titre à revenu ou produit d'épargne, sans prendre trop de risque. Car, oui, il y a des risques, mais ils ne sont pas là où vous pensez. Le principal risque de la stratégie décrite plus haute est de paniquer parce que la Bourse baisse ou de liquider parce qu'on vous a dit qu'il y aurait une correction. Sur 20 ans et plus, il n'y a pas vraiment de plus grand risque.

Bon succès !

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