Le travail d'un bon président

Publié le 02/06/2012 à 00:00, mis à jour le 31/05/2012 à 09:21

Le travail d'un bon président

Publié le 02/06/2012 à 00:00, mis à jour le 31/05/2012 à 09:21

Une des facettes les plus difficiles du placement est d'évaluer les dirigeants d'une entreprise. Et c'est essentiel, car une grande partie de la réussite d'une société repose sur son équipe de direction et s'explique par elle.

Or, pour bien évaluer un président, il est préférable d'avoir une assez bonne idée de son travail, de ses responsabilités et de ses limites aussi.

La première tâche d'un bon président est de bâtir la meilleure équipe possible. Vous pouvez avoir les meilleures stratégies du monde, elles ne donneront rien si vous n'avez pas les individus capables de les réaliser.

C'est ce que faisait remarquer avec justesse Jack Welch, ancien président de General Electric dans son excellent livre Straight from the Gut. Jim Collins, expert en management, revient également sur cette idée.

Ensuite, le président doit établir une vision à long terme pour son entreprise et une stratégie claire afin de réaliser celle-ci. Mais je ne parle pas vraiment de grandes visions de conquête du monde. Plus la vision et la stratégie sont simples, plus les chances de réussite sont élevées.

En fait, pour l'investisseur, cette vision exprimée par le président peut servir d'indice concret pour évaluer ce dernier. Par exemple, une vision trop ambitieuse peut vous informer que le dirigeant souffre d'un problème répandu chez les pdg, l'excès de confiance et ce que j'appelle la fierté arrogante.

Lorsqu'un individu trop fier pour avouer ses erreurs et ses faiblesses se retrouve à la tête d'une entreprise, c'est un grave risque à long terme. Car la confiance est loin d'être une preuve de compétence.

Exécution et contrôle des coûts

La prochaine étape est l'exécution du plan d'entreprise. Tous les grands dirigeants que je connais sont des maniaques de l'exécution. C'est là que la création de richesse se réalise vraiment. Il est réconfortant d'apprendre que son président passe une grande partie de son temps sur le terrain.

Par exemple, le président d'une chaîne de commerces au détail visitera constamment ses établissements. C'est ce que faisaient des grands comme Jim Sinegal, de Costco, et Sam Walton, de Wal-Mart.

À l'intérieur de l'exécution, une des tâches cruciales du président est de voir au contrôle scrupuleux des dépenses. À cet égard, les meilleurs dirigeants prêchent par l'exemple : ils occupent des bureaux modestes et voyageant en classe économique. Le contrôle des coûts est une obsession chez les grands pdg.

Les sociétés qui annoncent, avec fanfare, des plans pour réduire leurs dépenses sont suspectes. On ne se lève pas un matin en lançant au monde qu'on va faire attention aux coûts, subitement. On le fait chaque jour, parce que cela fait partie de la culture instaurée par le président.

Ce contrôle des dépenses m'amène naturellement à parler d'une des tâches les plus décisives du président : la sage gestion du capital. Le bon pdg sait que chaque dollar est précieux et doit être géré avec sagesse et intelligence. Il ne fera donc pas d'acquisition flamboyante, à prix élevé, dans le principal but d'épater les membres de son club privé. Avant de décider d'investir chaque nouveau dollar généré par ses activités, il passera en revue les possibilités, en commençant par ses activités. En effet, c'est souvent là que l'argent investi procurera le meilleur rendement à long terme, compte tenu des risques et des autres options.

Il comparera ensuite le rendement potentiel de l'argent investi dans n'importe quelle acquisition au rendement offert en réinvestissant dans sa propre entreprise, au moyen d'un rachat d'actions. Souvent, il conclura qu'il est beaucoup moins risqué et plus rentable de simplement racheter de ses actions.

Finalement, la dernière option est le versement des profits, en partie ou en totalité en dividendes.

Comment l'évaluer

Comment faire pour évaluer tout ce travail de la direction ? Il y a deux importants repères. D'abord, le rendement de l'avoir des actionnaires, soit les bénéfices divisés par l'avoir moyen investi par les actionnaires. Celui-ci nous renseigne sur l'efficacité du président à bien utiliser le capital qui lui a été confié. Un rendement moyen d'au moins 15 % nous indique que la direction est efficace.

L'autre outil, moins connu, se retrouve le plus souvent dans la circulaire d'information (document officiel invitant les actionnaires à l'assemblée annuelle et décrivant le conseil d'administration, la rémunération des dirigeants, etc.). C'est le graphique du rendement comparé du titre qui montre le rendement obtenu si vous aviez placé 100 $ dans le titre il y a cinq ans, et compare ce rendement avec un indice, comme le S&P 500 aux États-Unis.

En général, si la performance du titre de la société depuis cinq ans est nettement inférieure à celle du marché dans son ensemble et de son secteur, c'est que les investisseurs donnent une mauvaise note à la direction. Vous devriez vous poser des questions concernant le travail des dirigeants.

DE MON BLOGUE

Bourse

Les débuts décevants de Facebook

Les débuts boursiers décevants de Facebook ne reflètent pas la qualité de la société. C'est davantage le signe que le marché des premiers appels publics à l'épargne (PAPE) est de plus en plus efficace. Investir dans les PAPE est difficile parce que les dés sont pipés envers les investisseurs. Pourtant, si vous regardez l'histoire, vous verrez de très grands succès. Par exemple, Microsoft est venue en Bourse en 1986 à 0,07 $ US l'action ; le titre est aujourd'hui à plus de 29 $ US, de 400 fois plus élevé.

De nos jours, les PAPE sont vendus à des prix laissant moins de potentiel aux investisseurs.

Pour offrir le même rendement que Microsoft, Facebook devra avoir une valeur boursière de 25 725 milliards de dollars américains en 2038. S'il y a des lecteurs qui croient cela possible, j'accepte les paris...

Vos réactions

«À 75 fois les bénéfices dans des temps volatils, c'était très risqué d'embarquer dans ce titre. Pour une fois que le marché est raisonnable.»

- xylophone

«Malgré ses 11 fois les profits, je suis persuadé qu'Apple n'atteindra pas les 700 $ d'ici un an ! Je prends aussi le pari.»

- arie

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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