Le mythe de la fin de la croissance

Publié le 24/11/2012 à 00:00, mis à jour le 22/11/2012 à 09:59

Le mythe de la fin de la croissance

Publié le 24/11/2012 à 00:00, mis à jour le 22/11/2012 à 09:59

«Est-ce que la croissance de l'économie américaine est finie ?»

C'est en ces termes que Robert J. Gordon, économiste et professeur à la Northwestern University, a amorcé le texte de sa plus récente recherche publiée par le National Bureau of Economic Research en août dernier («Is U.S. Economic Growth Over? Faltering Innovation Confronts the Six Headwinds»).

M. Gordon prédit que l'économie américaine entre dans une ère de très faible croissance. Ce qui signifie que l'économie croîtra au mieux de 0,2 % par an, selon l'économiste.

Pourquoi ? D'une part, selon lui, parce que la forte croissance des 250 dernières années a été une anomalie historique impossible à répéter et, d'autre part, parce que l'économie américaine affronte six puissants vents contraires.

Ces forces négatives sont la démographie, l'éducation, l'inégalité, la mondialisation, l'énergie et l'environnement, ainsi que l'endettement.

Vieille crainte

La publication de cette recherche a fait boule de neige, la plupart des médias relançant le débat sur la croissance à long terme. C'est loin d'être une nouvelle idée. J'ai écrit la première fois au sujet de telles craintes en 1990, après la grave crise qui a ébranlé le système financier américain. Et à chaque crise et récession, on ressort cet épouvantail.

Ce fut vrai également durant les années 1930 et 1940, quand d'éminents économistes, comme John Maynard Keynes et Joseph Schumpeter, ont prédit la fin de la croissance. Tout juste avant que le rythme de croissance n'explose à des niveaux dépassant toutes les attentes. Et durant les années 1960 et 1970, plusieurs écologistes, dont Paul Ehrlich, ont prédit le déclin et pire encore. Eux aussi se sont trompés de façon spectaculaire.

L'idée centrale appuyant la thèse de Robert Gordon, c'est que la prodigieuse vague d'innovation, de production et de croissance qui a transformé la planète depuis plus de 250 ans est terminée. Elle a commencé par la naissance du moteur à vapeur au 18e siècle et se serait terminée avec le lancement de l'iPhone !

Les plus beaux jours des pays industrialisés, particulièrement les États-Unis, seraient derrière eux.

Que l'on ait des doutes concernant la croissance future est normal et probablement sain. Car il est vrai que le rythme de croissance depuis la récente récession a déçu. Il est toutefois fort spéculatif d'en conclure que l'économie cessera de croître dans les prochaines décennies.

Le point de départ de la recherche de M. Gordon, les années 1700, est intéressant. Ce fut le lancement d'une ère de grande prospérité où le niveau de vie de la population s'est amélioré comme jamais dans l'histoire de l'humanité. Ce que je trouve curieux et décevant, par contre, c'est que peu de personnes, malgré leur savoir, se posent la question concernant la ou les causes expliquant ce déferlement d'innovation et de productivité.

Car, si vous me dites que l'innovation humaine est finie, je vous demanderai simplement : pourquoi ? Et pour répondre à cette question, vous devez déterminer les causes premières de cette innovation.

Force extraordinairement puissante

Les réponses définitives sont rares, mais selon moi, la plus grande force de changement a été la liberté individuelle.

Cette liberté a fait en sorte que les êtres humains ont pu développer pleinement leur potentiel, en se rendant compte qu'ils pouvaient, souvent pour la première fois, en profiter personnellement pour améliorer leur sort. Ils pouvaient s'enrichir comme jamais dans l'histoire, de façon absolue et relative.

Cette idée, qu'on ne peut mettre en équation macroéconomique, est simple, mais puissante. Alors, demandez-vous si c'est encore vrai, qu'avec des milliards d'êtres humains en Asie et en Afrique découvrant cette liberté et son potentiel, nous en avons fini de la croissance et de l'innovation.

Il ne faut pas oublier que, lorsque des milliards d'individus commencent à contribuer à l'innovation humaine, les retombées sont fantastiques. Plus il y a de gens qui contribuent, plus il y a d'entrepreneurs lançant les Apple de demain, plus nous avons de chances d'avoir de nouveaux Einstein, de nouveaux Edison et de nouveaux Mozart.

Quand j'envisage le problème de cette façon, je ne peux que conclure que la croissance humaine ne fait que commencer.

Tous ceux qui ont prédit la fin de la croissance se sont trompés royalement. À mon avis, ils continueront de se tromper tant que les êtres humains conserveront un minimum de liberté pour profiter des fruits de leur génie et de leur travail.

Il devient donc prioritaire de préserver cette liberté partout sur la planète. C'est la clé ultime pour poursuivre notre développement et continuer d'améliorer le niveau de vie de plus en plus d'êtres humains.

DE MON BLOGUE

Bourse

Le triste spectacle de RONA

Les événements chez RONA confirment que les actionnaires pourraient regretter longtemps la position de leur conseil d'administration.

En effet, à la suite de la proposition de Lowe's au début de juillet visant l'achat de RONA à 14,50 $ l'action, le conseil a annoncé le 31 juillet que l'offre de Lowe's «n'était pas dans le meilleur intérêt de RONA et de ses parties intéressées».

Or, le 7 novembre, la société québécoise a publié des résultats décevants, et deux jours plus tard, elle a annoncé le départ de Robert Dutton à titre de président et chef de la direction et également à titre d'administrateur.

Voilà un renversement aussi dramatique que pitoyable. Encore une fois, les perdants de cette triste histoire sont les actionnaires minoritaires.

Vos réactions

«Le gouvernement a mis de la pression sur la Caisse de dépôt pour empêcher la vente de RONA en achetant pour des millions de dollars d'actions. Ensuite, ce même gouvernement dira que la Caisse est mal gérée et qu'elle perd notre argent en raison de ses mauvaises décisions !»

- mdaigneault

«Ordonner à la Caisse de dépôt d'acheter RONA à 14 $ l'action, c'était du délire.»

- xylophone

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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