Le grand retour des fractionnements d'actions

Publié le 26/10/2013 à 00:00, mis à jour le 24/10/2013 à 15:05

Le grand retour des fractionnements d'actions

Publié le 26/10/2013 à 00:00, mis à jour le 24/10/2013 à 15:05

Un lecteur m'a récemment demandé ce que je pensais des fractionnements d'actions. Il voulait savoir pourquoi ils étaient plus rares. Il a poursuivi son message en disant que le fractionnement était à son avis une technique avantageuse à plusieurs égards.

«Il améliore la liquidité du titre. Il attire une nouvelle faune d'investisseurs et donne un signal fort de la part de la direction que le sommet atteint par le titre n'est pas un feu de paille. Il en résulte une meilleure appréciation de l'action par le marché.»

Aucun avantage

Le 1er octobre, Stella-Jones a annoncé que son conseil d'administration avait approuvé le fractionnement de ses actions sur la base de quatre actions contre une. Concrètement, cela signifw que l'actionnaire détenteur de 100 actions se retrouve avec 400 actions à partir du 25 octobre.

Le fractionnement est habituellement un signe que les dirigeants sont optimistes. C'est donc davantage un indicateur de marché haussier qu'autre chose. De ce point de vue, après la crise financière de 2008-2009 qui a grandement ébranlé la confiance des investisseurs, il n'est pas surprenant que les fractionnements se soient faits rares. Après trois bonnes années, ils reviennent.

Par contre, je ne suis pas d'accord avec ce lecteur qui voit plusieurs avantages dans les fractionnements. Je n'en vois aucun. En fait, ce sont des illusions.

Les dirigeants vous diront qu'un fractionnement améliore la liquidité du titre. Prenons le cas de Stella-Jones. Le 11 octobre, 10 239 actions ont changé de mains. Si le titre avait été fractionné, ce nombre aurait été de 40 956. Est-ce la preuve d'une liquidité supérieure ?

Pas vraiment, car ce qui importe, c'est la valeur des titres négociés qui, elle, ne changera pas. En cette journée, le titre s'est vendu entre 105,97 $ et 107,49 $. En supposant un prix moyen de 106 $, il s'est échangé pour 1 085 334 $ d'actions de Stella-Jones le 11 octobre. Après fractionnement, tous les autres facteurs étant égaux, le titre se serait vendu à 26,50 $ (106 $ divisés par quatre) et il y aurait eu quatre fois plus d'actions échangée. Toutefois, la valeur de ces actions aurait été la même. Il n'y aurait pas eu d'augmentation réelle de la liquidité du titre.

En fait, après fractionnement, il vous faudra plus d'actions pour investir dans Stella-Jones un capital donné. Si vous voulez investir 100 000 $ aujourd'hui, vous devez acheter 943 actions ; ce nombre passera à 3 773 à partir du 25 octobre.

Dans le passé, tous les courtiers étaient rémunérés en fonction du nombre d'actions échangées, ce qui est moins vrai aujourd'hui. Vous comprenez pourquoi tout le monde financier prêche pour les fractionnements !

En fait, il n'y a que deux façons d'augmenter la liquidité d'un titre. La première consiste à émettre de nouvelles actions. Mais pour les actionnaires, cela a un coût qu'on appelle «dilution». Continuons avec l'exemple de Stella-Jones : la société a 17,3 millions d'actions en circulation, avant le fractionnement. Si elle émet quatre millions d'actions, il y aura 23 % plus d'actions en circulation, ce qui augmentera d'autant la liquidité du titre.

Attirer les bons partenaires

Par contre, les bénéfices de 73 millions de dollars réalisés en 2012 procurent maintenant un bénéfice par action de 3,43 $ au lieu de 4,53 $ avant l'émission. C'est la dilution.

L'autre moyen d'augmenter la liquidité n'a pas cette conséquence négative. C'est tout simplement dû au fait que les actionnaires de contrôle vendent une partie de leurs actions. Dans le cas de Stella-Jones, sur les 17,3 millions d'actions en circulation, les actionnaires de contrôle en détiennent 9 millions. Il ne reste donc que 8,3 millions d'actions qui peuvent se négocier librement sur le marché (ce qu'on appelle le «float»). Or, si ces actionnaires vendent des actions, celles-ci se retrouveront sur le marché et augmenteront la liquidité sans provoquer de dilution.

Quant à l'idée d'attirer une «nouvelle faune d'investisseurs», il s'agit encore là d'une idée attrayante en apparence, mais qui n'a pas de sens. En tant que dirigeant d'une société ouverte, en quoi est-il rationnel de vouloir attirer des investisseurs motivés par le fait que le titre se vend moins cher ? Si j'étais président, je ne voudrais pas de ce genre de partenaires. Je viserais plutôt des investisseurs sérieux, qui s'intéressent uniquement aux qualités intrinsèques de l'entreprise et à sa performance économique à long terme. Pas au fait anodin que le titre se vende à 25 $ et non à 100 $.

Je ne voudrais surtout pas de ces personnes qui ne pensent qu'à acheter et à vendre pour réaliser rapidement un gain sans autre considération. Ce sont ces dernières qu'on attire par les fractionnements.

Enfin, je ferai remarquer au conseil de Stella-Jones que le fait d'avoir un titre à plus de 50 $ n'a pas empêché son rendement exceptionnel. L'action est passée de 12 $, au creux de 2009, à plus de 100 $ aujourd'hui parce que la direction a fait un superbe travail de création de richesse. Aucun fractionnement ne peut remplacer cela !

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