La pression augmente sur les banquiers

Publié le 16/01/2010 à 00:00

La pression augmente sur les banquiers

Publié le 16/01/2010 à 00:00

Par Jean-Paul Gagné

Envahie par des ex-banquiers de Wall Street, l'administration de Barack Obama semble paralysée et ne pas vouloir prendre les mesures adéquates pour réfréner la cupidité des grandes banques américaines.

Pourtant, elle a toutes les raisons du monde d'intervenir, puisque la prise de mesures énergiques fait consensus.

John Reed, ancien chef de la direction de Citigroup, disait récemment que les banquiers américains " n'ont rien appris de la crise " et qu'ils " vivent dans un autre monde ". Ce même John Reed avait présenté il y a quelques mois ses excuses aux employés mis à pied à la suite de la fusion de Citicorp et de Travelers. Selon lui, Citigroup est ingouvernable parce que trop complexe. De plus, à l'instar de Bank of America, JPMorgan Chase, Goldman Sachs et Morgan Stanley, Citigroup est too big to fail (trop grande pour faire faillite).

AIG était aussi too big to fail, d'où les quelque 180 milliards de dollars américains (G$ US) avancés par le gouvernement américain et la Réserve fédérale pour la sauver. Les circonstances de ce sauvetage demeurent nébuleuses, car Henry Paulson, alors secrétaire au Trésor et ex-premier dirigeant de Goldman Sachs, s'est assuré que AIG rembourserait la totalité de ce qu'elle devait à... Goldman Sachs. Au même moment, M. Paulson laissait tomber Lehman Brothers.

Pour sa part, John Thain, président déchu de Merrill Lynch après sa vente forcée à Bank of America, vient de suggérer au gouvernement américain d'imposer une charge aux banques qui sont too big to fail. Cette charge varierait en fonction de leur taille.

M. Thain s'oppose au démembrement des grandes banques, ce que proposent Paul Volcker, ex-président de la Réserve fédérale et conseiller de Barack Obama, John Stiglitz, prix Nobel et ancien économiste en chef de la Banque mondiale, et le sénateur républicain John McCain. M. Volcker propose de sortir des grandes banques les activités financières réalisées pour elles-mêmes (les investissements dans les fonds de couverture et spéculatifs, les denrées, les produits dérivés, les produits structurés, etc.), qui sont souvent effectuées dans des entités dont les résultats ne paraissent pas au bilan, et dont elles sont garantes, ce qui décuple leur risque. Ces activités seraient placées dans une autre institution. La banque principale conserverait les activités d'intermédiation (cueillette de l'épargne, prêts, courtage).

M. Volcker déplore que le président Obama et Tim Geithner, secrétaire du Trésor, n'adhèrent pas à ses arguments. En réalité, ils dépendent trop de Wall Street, comme leurs prédécesseurs.

Néanmoins, il vente fort à Washington (l'influente Arianna Huffington invite les Américains à sortir leur argent des grandes banques) et l'administration Obama devra agir. La mesure la plus rapide serait l'imposition aux grandes banques d'une taxe qui rapporterait 120 G$ US, soit la différence entre les 700 G$ US avancés aux banques et les 580 G$ US qu'elles auraient déjà remboursés. La loi autorisant ce sauvetage prévoyait que l'État serait remboursé pour toute perte éventuelle.

Cette taxe calmerait les contribuables et de nombreux membres du Congrès, qui dénoncent aussi la rémunération abusive des banquiers. Or, ces derniers s'apprêtent à recevoir leurs primes annuelles, qui s'annoncent fort généreuses, puisque les grandes banques auraient affiché en 2009 des bénéfices supérieurs aux résultats records de 2007.

La rémunération des employés des quatre principales banques américaines pour 2009 est estimée à 90 G$ US, dont près de la moitié sera versée en primes. Pour Goldman Sachs et JPMorgan, ces primes atteindraient en moyenne 595 000 $ US et 463 000 $ US respectivement et seraient versées en actions. Les contribuables en ont contre ces primes qui ont été gagnées en partie grâce à leur argent, tandis que 7,2 millions d'entre eux ont perdu leur emploi, que des milliers d'Américains ont vu leurs maisons saisies et sont pris à la gorge par les frais de crédit.

La situation est tout autre au Canada, mais les Canadiens pourraient devenir eux aussi moins tolérants face aux excès. Les banquiers canadiens doivent sans tarder se mettre au diapason du sentiment populaire s'ils veulent éviter de subir plus de pression de la part de leurs actionnaires.

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