La différence entre le Groupe CGI et Bombardier

Publié le 08/06/2013 à 00:00, mis à jour le 06/06/2013 à 09:26

La différence entre le Groupe CGI et Bombardier

Publié le 08/06/2013 à 00:00, mis à jour le 06/06/2013 à 09:26

Le titre du Groupe CGI a récemment atteint un sommet pas vu depuis 13 ans, à plus de 30 $.

J'ai blogué sur ce sujet pour illustrer l'importance de l'évaluation d'une société en Bourse. En effet, lorsque le titre se vendait 30 $ en 2000, les investisseurs payaient 111 fois son bénéfice par action de 0,27 $.

Toutefois, l'évaluation ne raconte pas toute l'histoire. C'est ce que j'ai constaté lorsque j'ai comparé l'évolution de Bombardier à celle de CGI depuis 2000.

Ces deux titres avaient le même point de départ. En 2000, Bombardier et CGI étaient deux titres chouchous surévalués.

Bombardier a atteint un sommet à plus de 26 $ à la fin de 2000 par rapport à des bénéfices par action réalisés de 0,51 $ lors de son exercice 2000 (clos le 31 janvier). On parle donc d'un titre à plus de 50 fois les profits. En fonction des résultats de son exercice 2001, le titre se vendait à 37 fois les bénéfices.

Bombardier, loin de son sommet

Les deux titres ont été amochés dans le marché baissier qui a suivi. CGI a perdu plus de 80 % de sa valeur, sous 5 $ en septembre 2002. Bombardier a été encore plus durement frappée, croulant sous les 2 $ en décembre 2004, une dégringolade de 92 %.

Mais là s'arrêtent les similitudes. En effet, CGI a atteint un nouveau sommet récemment, tandis que Bombardier n'est pratiquement jamais revenue à son niveau de 2000.

Malgré la dégringolade de CGI en Bourse, ses activités commerciales ont continué de progresser. Ainsi, en 2001, CGI a réalisé un bénéfice net de 62,8 millions de dollars (0,21 $ par action), grâce à des revenus de 1,6 milliard de dollars. En 2012, ses revenus ont atteint 4,2 G$ (en excluant Logica) et son bénéfice net, 401 M$ (1,50 $ par action).

Bien que les actionnaires ne se soient pas enrichis depuis 2000, cela aurait pu être bien pire. En effet, dans le cas de Bombardier, le titre a plus que doublé depuis son creux de 2004, mais il reste loin de son sommet de 2000.

Bombardier a changé depuis cette période. La récession qui a suivi l'éclatement de la bulle techno lui a fait très mal.

Lors de son exercice 2004, par exemple, Bombardier a émis des actions pour 1,2 G$, ce qui a provoqué une dilution importante. En décembre 2003, elle a vendu sa division de produits récréatifs pour 960 M$. La direction a de plus réduit Bombardier Capital à sa plus simple expression.

La stratégie était de renflouer le bilan en vendant des actifs pour se concentrer sur les trains et les avions, car, il ne faut se le cacher, Bombardier luttait pour sa survie.

La prospérité des années 1990 a fait oublier à la direction que ses activités aéronautiques étaient cycliques. En 2000, ce secteur représentait 80 % de son bénéfice d'exploitation (avant impôts et amortissement de l'écart d'acquisition).

Lors de son exercice 2001, l'aéronautique a réalisé des bénéfices d'exploitation de 1,2 G$ par rapport à des revenus de 10,6 G$. Lors de son exercice 2005, ce secteur affichait un bénéfice avant impôts et intérêts de 190 M$ ! Même si ces données ne sont pas tout à fait comparables en raison de changements dans certaines normes comptables, elles donnent tout de même une bonne idée du dommage provoqué par la récession sur ce segment important des activités de Bombardier.

L'avionneur montréalais a réalisé un bénéfice par action de 0,32 $ US en 2012 par rapport à 0,70 $ en 2001. La plus grande différence, c'est que les investisseurs n'oublieront pas de sitôt le fait que ses activités sont cycliques. Par conséquent, le ratio cours/bénéfice qu'on attribue à ses bénéfices en souffrira. Le titre se négocie ainsi à environ 12 fois ses bénéfices prévus de 0,39 $ US pour 2013.

Plus intéressant à long terme

La performance des 13 dernières années révèle ainsi deux grandes différences entre CGI et Bombardier. D'abord, les activités de Bombardier sont plus sensibles à l'économie. Ensuite, Bombardier doit réinvestir une bonne partie de son bénéfice dans les immobilisations et la R-D.

Depuis deux ans, elle a investi 3,6 G$ US en immobilisations (notamment dans son programme d'avions CSeries), tandis que ses activités ont généré un total de 1,5 G$ US.

De son côté, les activités de CGI ont généré un total de 1,1 G$ en deux ans par rapport à des investissements totaux en immobilisations de 129 M$ ! Il n'est donc pas surprenant qu'elle ait racheté pour 400 M$ de ses actions ! Ce qui me pousse à croire que la différence majeure entre le Groupe CGI et Bombardier, c'est que les activités de la première sont plus intéressantes pour l'investisseur à long terme.

DE MON BLOGUE

Bourse

Le pouvoir des acquisitions

Les acquisitions sont risquées, mais elles peuvent créer de la richesse. Un lecteur m'a demandé pourquoi le titre d'une société s'appréciait lorsque celle-ci annonce une acquisition.

Il faisait référence à Valeant, dont le titre a gagné près de 15 $ en deux jours à la suite de l'annonce de l'acquisition de Bausch & Lomb. Il aurait pu parler du titre du Groupe MTY, qui s'est apprécié de 2 $ le 28 mai à la suite de l'annonce de sa première acquisition aux États-Unis.

Dans le cas de Valeant, les investisseurs ont aimé le fait que la direction réduirait les coûts de la société acquise de 800 M$ US d'ici la fin de 2014.

Pour ce qui est du Groupe MTY, il ajoute un important segment de croissance, soit le marché américain. Cela montre que, lorsque les acquisitions sont faites de façon intelligente et rationnelle, elles peuvent créer beaucoup de richesse.

Vos réactions

«À l'inverse, prenez les acquisitions de HP au cours des dernières années, et vous avez un exemple à ne pas suivre...»

- mario.lalonde

«C'est intéressant de voir que nos entreprises d'ici, comme Couche-Tard, Groupe MTY, CGI, Quincaillerie Richelieu, Valeant, et j'en passe sûrement, ont toutes fait des acquisitions stratégiques à l'étranger....»

- martin dupont

CGI a atteint un nouveau sommet récemment, tandis que Bombardier n'est pratiquement jamais revenue.

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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