L'antileçon de la crise de 2008

Publié le 28/09/2013 à 00:00, mis à jour le 26/09/2013 à 09:37

L'antileçon de la crise de 2008

Publié le 28/09/2013 à 00:00, mis à jour le 26/09/2013 à 09:37

Il y a maintenant cinq ans, nous étions en pleine crise financière. L'onde de choc a pris toute son ampleur lorsque la banque d'investissement Lehman Brothers s'est effondrée en septembre 2008, paralysant les marchés financiers et menaçant de faire s'écrouler le système économique.

Pour avoir vécu cette crise, je peux vous dire qu'elle était très grave. Seulement aux États-Unis, on évalue à 19 200 milliards de dollars américains la perte de richesse des foyers (une grande partie provenait de la fonte des prix immobiliers et l'autre, de la Bourse). L'économie américaine aurait aussi perdu 8,8 millions d'emplois et tout autant dans le reste du monde.

Au-delà des statistiques, l'ambiance était noire comme jamais je ne l'avais observée dans ma carrière. Ce n'était pas qu'un sentiment négatif ; nous étions plutôt pratiquement embaumés d'un parfum de catastrophe.

Je ne veux pas revenir sur les détails de cette crise. Nous avons vraiment frôlé la catastrophe économique.

Cinq ans plus tard, l'économie va mieux (malgré ses problèmes) et les marchés boursiers ont repris tout le terrain perdu et plus encore. Ce qui est pour plusieurs une performance surprenante.

Panique et prudence

Comme pour bien d'autres, mon intention première était d'utiliser cet événement historique pour dégager des leçons utiles aux investisseurs. Mais, après des lectures sur le sujet, des doutes m'ont assailli. Est-ce vraiment utile de faire la leçon ?

Évidemment, je pourrais vous démontrer que la crise et la reprise boursière qui a suivi démontrent les vertus de rester toujours investi peu importe le contexte. Je pourrais vous dire qu'on a eu la preuve qu'il ne fallait pas paniquer. Ce dernier point, lu un peu partout, est plutôt loufoque, ne trouvez-vous pas ?

En effet, pouvez-vous me citer un seul exemple de situation dans laquelle paniquer est rationnel (si on oublie la situation rarissime où vous vous retrouvez en face d'un ours ou d'un guépard...) ?

C'est un peu comme ces experts qui, en entrevue, conseillent la prudence aux investisseurs. «Je crois qu'il faut être prudent face à la Bourse...» Hum, est-ce que cela signifie que ces experts viendront, dans 10 ou 14 mois, vous conseiller l'imprudence ?

Je crois qu'il est préférable de se demander si on a appris quelque chose de la crise. Et poser la question tout en regardant autour de nous mène à des réponses peu convaincantes.

Je ne crois pas que le niveau de sagesse boursière ait progressé beaucoup, malgré le plongeon de 2008-2009. Une partie des gens qui ont été écorchés vifs par la Bourse ont juré de ne plus jamais y revenir, et une partie de ceux-là commencent à y revenir, encore une fois de la mauvaise façon.

C'est pourquoi je suis convaincu de ne pas vous rendre service en déblatérant des leçons théoriques supposément apprises de la crise. Il est préférable d'être réaliste et de m'en tenir à une seule constatation, qui pourra vous sauver la vie dans quelques années, constatation que j'appelle l'antileçon.

Car, si ce que je viens de dire est vrai, il est certain que la mère des crises n'est pas morte. Il y aura encore des crises, je vous le garantis.

Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment elle arrivera et comment elle frappera, ni quels seront ses dégâts. Mais je sais que la prochaine crise s'en vient.

Comment puis-je affirmer cela ? Malgré les meilleures intentions du monde de la part des organismes de réglementation, des politiciens et des gouvernements, l'origine des crises n'est pas dans la Bourse ou l'économie.

Elle est dans la nature humaine. Et vous pouvez réaliser toutes les réformes que vous voulez, vous ne changerez pas l'être humain.

Je me rappelle qu'au lendemain du krach de 1987 toutes les parties du système financier ont juré d'intervenir pour apporter des changements qui préviendraient à tout jamais la répétition d'un tel krach.

Prêt pour la prochaine crise

Et plusieurs vous diront qu'ils ont réussi, car on n'a pas revu de tel effondrement en une seule journée. Mais cela n'a pas empêché le marché de frôler la catastrophe à plusieurs reprises par la suite, notamment en 1990.

Comprenez-moi bien. Je ne prédis pas une crise imminente. Loin de là, car, selon moi, le contexte demeure très favorable pour les actions au cours des prochaines années.

Je dis seulement que si vous regardez loin en avant, il y aura d'autres paniques et d'autres crises, c'est inévitable.

Mais je vous invite à aller un tout petit peu plus loin en vous posant cette simple question : «Suis-je prêt ?»

S'il y avait une crise la semaine prochaine, seriez-vous prêt ? Psychologiquement, émotivement et financièrement ?

Concrètement, cela signifie d'éviter en tout temps le piège de l'endettement, de ne jamais spéculer et d'acheter exclusivement des entreprises solides capables de survivre, voire de prospérer dans tous les contextes économiques. Si vous maintenez cette discipline, vous pourrez dormir en paix et même clamer, «amenez-les, vos crises !»

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