Innovez, innovez ; un jour, on finira par vous rembourser...

Publié le 15/06/2013 à 00:00, mis à jour le 13/06/2013 à 09:41

Innovez, innovez ; un jour, on finira par vous rembourser...

Publié le 15/06/2013 à 00:00, mis à jour le 13/06/2013 à 09:41

Revenu Québec prend les grands moyens pour contrer l'évasion fiscale et récupérer les fonds qui lui sont dus. Tant mieux. C'est approprié. Mais en contrepartie, l'agence pourrait-elle montrer autant d'empressement à verser les sommes qu'elle doit ?

Entendons-nous, le gouvernement a grandement amélioré ses pratiques de remboursement d'impôt aux particuliers. Il n'y a pas si longtemps, il fallait presque attendre à l'été pour toucher ces fameux chèques. À moins qu'il y ait des complications, c'est désormais une affaire de semaines, plutôt que de mois.

Mais le fisc est nettement moins rapide à régler ce qu'il doit aux entreprises. Voyez ce qui se passe, par exemple, avec le remboursement des crédits d'impôt en recherche et développement.

Des propriétaires de PME signalent devoir maintenant attendre jusqu'à huit mois après le dépôt de leur demande, pièces à l'appui, pour recevoir ces montants auxquels ils ont légitimement droit. Voilà quelques années, l'affaire se réglait en moitié moins de temps. Déjà que c'était long...

«C'est l'équivalent de mon fonds de roulement, et j'attends toujours», me dit l'un d'eux, manifestement soucieux. Évidemment, pour les Bombardier ou Pratt & Whitney de ce monde, de pareils délais sont embêtants, mais pas déstabilisants. C'est différent pour une PME typique qui passe son temps à courir après les comptes clients pour équilibrer ses fins de mois.

Chez Revenu Québec, on indique que l'objectif général est de traiter 85 % de l'ensemble des déclarations à l'intérieur d'un délai de 180 jours. En date du 31 mai, on avait même dépassé ce seuil, puisqu'on en était rendu à 88 %. Du même souffle, on précise qu'on doit rester vigilant dans l'analyse des dossiers : environ deux milliards de dollars sont en jeu au chapitre des remboursements de crédits d'impôt.

Peut-être, mais pour des PME qui ont investi en amont pour affiner des méthodes et des produits, il est décourageant d'attendre aussi longtemps les quelques dizaines de milliers de dollars prévus.

Le gouvernement incite les entreprises, grandes et petites, à innover en leur promettant un soutien en argent sonnant. Il ne cesse de prêcher pour qu'elles s'organisent afin d'être plus compétitives. Le feraient-elles de toute façon ? Si elles en ont les moyens, peut-être. Mais il est certain que ce coup de pouce fiscal aide à faire pencher la balance.

Les cas qu'on m'a rapportés sont peut-être isolés. Espérons-le. Québec est fier de dire que la R-D est bien vivante ici. Il lui faut cependant remplir sa part du contrat.

Temps plein ailleurs, temps partiel ici

Le Canada avait raison de se réjouir de la santé du marché national du travail en mai dernier : avec l'ajout de quelque 95 000 emplois, le ciel vient à nouveau de s'éclaircir. Même la cohorte des 15 à 24 ans, nettement plus éprouvée depuis la crise, a pu cette fois enregistrer des gains importants. Dans ce groupe, le taux de chômage est passé de 14,5 à 13,6 %. Pour la première fois depuis longtemps, il n'équivaut plus au double de la moyenne nationale (7,1 %).

Cependant, il y a emplois et emplois.

L'Ontario a affiché un gain de 51 000 emplois. En réalité, la province en a perdu 37 000 à temps partiel, un recul largement compensé par un ajout de 87 000 postes à temps plein. De ce fait, sa progression est encore plus digne de mention.

Le Québec, apparemment, sauve la face en ajoutant 20 000 emplois, ce qui lui permet de revenir au niveau de décembre dernier. Les premiers mois de 2013 avaient été difficiles. Sauf qu'on constate, en grattant un peu, qu'il n'y a pas matière à pavoiser : le volume d'emplois solides à temps plein, signe d'une économie vigoureuse, n'a presque pas bougé en mai, tandis que les employeurs embauchaient, sans trop se compromettre, quelque 19 000 travailleurs à temps partiel.

Vous voyez le tableau ? Le marché du travail vivote au Québec. Les récents investissements privés annoncés par le Groupe Jean Coutu, Ericsson et Green Mountain, quoique réconfortants, créent peu ou pas d'emplois. L'embauche réelle est faible.

Et pendant ce temps, on pérore, par exemple, sur le bien-fondé de la mise en valeur des ressources qui abondent au Québec. Pourtant, le temps presse.

Rappel : un concept équilibré de développement durable inclut le bien-être durable des personnes.

DE MON BLOGUE

Hydrocarbures

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Quelle quantité de pétrole y a-t-il à l'île d'Anticosti ? Personne ne le sait vraiment. Les évaluations les plus optimistes parlent de 40 milliards de barils. Ce serait l'équivalent de 4 000 jours de production en Arabie saoudite [...] Encore faudrait-il que ce nombre soit conforme à la réalité. Il sert maintenant à alimenter le genre de querelles qu'on aime au Québec.

Vos réactions

«Avec le vide juridique en matière d'exploitation des ressources naturelles, il faut vraiment être un investisseur «étourdi» pour investir une seule cenne dans le développement pétrolier ou gazier au Québec.»

- jpthoma1

«Il y a assez de cas aux États-Unis sans que nous ayons à saccager notre territoire, en plus des 19 puits sur 31 qui fuient dans la vallée du Saint-Laurent. D'ailleurs, le Texas éprouve d'énormes difficultés en ce moment à cause de la fracturation pour exploiter le pétrole de schiste.»

- mhp

Pour des PME qui ont investi en amont, il devient décourageant d'attendre aussi longtemps les quelques dizaines de milliers de dollars prévus.

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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