Incendo mise sur les séries dramatiques pour croître

Publié le 12/09/2009 à 00:00

Incendo mise sur les séries dramatiques pour croître

Publié le 12/09/2009 à 00:00

Leur monde est celui des actrices d'Hollywood, des grands réseaux de télévision américains, des festivals, des galas : on s'attendrait à rencontrer deux exaltés.

Jean Bureau et Stephen Greenberg, fondateurs de la maison de production de films montréalaise Incendo, nous parlent plutôt d'avantages concurrentiels, de rendement et de santé de l'industrie. Reste que la flamme s'allume dès qu'ils discutent tendances, innovations et, surtout, séries dramatiques.

Il faut dire qu'ils ont de qui tenir ! Si le nom de leur entreprise n'est peut-être pas encore connu du grand public, impossible de ne pas remarquer le nom de famille des deux fondateurs. Le père de Stephen Greenberg, Harold, a fondé Astral Media ; celui de Jean Bureau, André, a présidé le CRTC avant de devenir président du conseil chez Astral.

Mais le succès qu'ils obtiennent est bel et bien le leur. Incendo tourne présentement son quatrième téléfilm de l'année, à Montréal comme toujours. Depuis ses débuts en 2001, l'entreprise produit en moyenne cinq téléfilms par an. Tous des suspenses mettant en vedette des héroïnes, une approche qui lui a permis de se tailler une place dans les marchés nord-américains et européens, soutient M. Greenberg.

" Nos téléfilms touchent un vaste auditoire. Les femmes s'identifient aux héroïnes, tandis que les hommes continuent d'apprécier le suspense ", explique-t-il.

Outre ses activités de production, Incendo distribue des films en salle, au Québec, et des séries, documentaires et autres produits télévisuels partout au Canada, entre autres en partenariat avec Twentieth Century Fox.

Reprise de la demande

Durement touchés par la récession, les réseaux américains ont diminué leurs achats de programmation et réduit les prix payés. Les dirigeants d'Incendo disent cependant avoir réussi à maintenir leurs revenus à 50 millions de dollars par année.

M. Greenberg s'attend à une reprise de la demande en 2010. " Les réseaux ont épuisé beaucoup de productions en stock et ils cherchent des nouveautés pour augmenter leur auditoire et répondre aux exigences accrues des annonceurs. "

Les séries dramatiques, créneau de croissance

Les fondateurs d'Incendo prévoient une production stable de téléfilms, entre cinq et sept par année, et misent plutôt sur les séries dramatiques pour accélérer la croissance de l'entreprise.

Déjà, l'an dernier, Incendo a coproduit avec des partenaires anglais et sud-africains la série Crusoe, inspirée du célèbre roman de Daniel Defoe. NBC a été le premier réseau américain à acheter une série canadienne pour ses heures de grande écoute. D'autres réseaux américains ont emboîté le pas.

Jean Bureau s'enthousiasme lorsqu'il parle de ce nouveau créneau. Il parle de séries comme celles diffusées sur la chaîne HBO (The Sopranos, Six Feet Under, Entourage), vendues à des réseaux de télévision payante et câblée un peu partout dans le monde.

Incendo compte produire une nouvelle série par année. Elle magazine présentement un scénario pour la prochaine série, qui doit être tournée en 2010.

" Il faut penser à long terme et développer une série qui durera plusieurs saisons et qui intéressera différents marchés, dont l'Europe. " Et le budget ? Deux à trois millions de dollars par épisode, précise M. Bureau.

Pragmatique, M. Greenberg explique que, dans la conjoncture actuelle, les réseaux américains accueillent plus favorablement les producteurs étrangers offrant des produits clé en main à moindre coût.

Des assises à Los Angeles

Question d'avoir les bonnes cartes en main, Incendo a embauché une professionnelle du développement de contenu et de la production, Libby Beers, auparavant vice-présidente principale du réseau américain Lifetime Original Movies. De Los Angeles, elle dénichera des scénarios pour les séries et les téléfilms, et fera jouer ses contacts pour établir des partenariats.

L'entreprise a également recruté un spécialiste américain de la distribution internationale, Gavin Reardon, pour distribuer elle-même ses produits, plutôt que de passer par un intermédiaire. " Nous perdions de 15 à 20 % des revenus; c'est une embauche très rentable ", dit M. Bureau.

Résister aux tentations

L'appel des sirènes est incessant dans le milieu de la télévision. Jean Bureau soupire en parlant des " projets avec des réalisateurs et acteurs de rêve " qu'il a dû décliner, faute de rendement.

Le milieu privilégie également les beaux bureaux, où s'active une armée d'employés. Une tentation à laquelle Stephen Greenberg se targue de résister. " Ici, tout le monde compte. Chaque employé permanent a un rôle précis à jouer, et nous procédons à des embauches temporaires pour les tournages. "

Le volume de production permet à la boîte de fournir du travail toute l'année. Cela attire de bons techniciens, limite le roulement et accroît l'efficacité. Seule l'équipe de création change, ou plutôt alterne, afin de diversifier le produit.

Les réalisateurs proviennent presque tous du Québec, même si les tournages se font toujours en anglais. Quant au financement, Incendo veille à signer des contrats de diffusion avec des réseaux avant de lancer le tournage.

Les recettes annuelles de 50 millions de dollars proviennent à parts égales des activités de production et de distribution.

La marge bénéficiaire ? " Elle est importante ", répond M. Greenberg. " Environ 10 % ", précise M. Bureau, sous l'oeil étonné de son associé, visiblement plus discret.

Seuls actionnaires d'Incendo, les deux copains n'ont de comptes à rendre à personne. " Sauf peut-être à la famille de temps à autre ", admet Stephen Greenberg !

( PROFIL )

Nom : Incendo

Siège social: Montréal

Activités : Production télévisuelle et distribution

Chiffre d'affaires: 50 millions de dollars

Effectif: 36 employés permanents

Marchés: Amérique du Nord, Europe

Actionnaires : Jean Bureau et Stephen Greenberg

Année de fondation: 2001

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