Il est trop tôt pour craindre une hausse des taux

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:02

Il est trop tôt pour craindre une hausse des taux

Publié le 13/04/2013 à 00:00, mis à jour le 11/04/2013 à 09:02

Inévitablement, les taux d'intérêt devront remonter. C'est une certitude. La seule chose qu'on ne sait pas, c'est à quel moment. Et lorsque cela arrivera, les risques que les marchés boursiers dégringolent sont grands.

Cet investisseur qui me décrit ainsi ce scénario noir n'est pas le seul dans son camp. Plusieurs craignent l'impact d'une éventuelle hausse des taux d'intérêt sur la Bourse.

Je comprends cette réaction. En effet, habituellement, qui dit hausse des taux dit baisse du ratio cours/bénéfice et, par conséquent, baisse des cours en Bourse.

Les banques centrales dans le monde entier ont inondé les économies de liquidités depuis 2009. Le retrait de ces liquidités, qui est à venir, suscite bien des questions.

Mais cette hausse des taux n'est pas pour demain. La croissance économique demeure faible et la création d'emplois est anémique.

Aux États-Unis, la banque centrale s'est donné le mandat clair de maintenir sa politique d'accommodation monétaire jusqu'à ce que le taux de chômage retouche 6,5 %. Avec un taux à 7,6 % en mars, une hausse des taux semble nulle au cours des prochains mois.

L'inflation : pas une menace

De plus, facteur important et sous-estimé, l'inflation n'est pas une menace, non seulement aux États-Unis où l'indice des prix à la consommation a progressé de 2,0 % pour la période de 12 mois terminée en février, mais partout dans le monde industrialisé.

En fait, depuis au moins 2008, l'ennemi à abattre est la déflation et non l'inflation, ce qui explique les taux d'intérêt déprimés.

Un jour, ce contexte changera, mais contrairement à ce que bien des gens pensent, cela ne signifiera pas la fin du marché haussier.

Pour comprendre cela, il faut prendre conscience des nuances dans la relation entre les taux et la Bourse. S'il est vrai que des taux à 10 % sont une mauvaise nouvelle pour les actions, tout resserrement des conditions de crédit n'est pas nécessairement mortel.

Jim Paulsen, économiste et stratège chez Wells Capital Management, a étudié la relation entre le taux des obligations américaines de 10 ans et l'évaluation du marché boursier depuis 1950 : il a trouvé que le lien n'était pas si révélateur. Par exemple, lorsque le rendement des obligations est d'environ 6 %, la Bourse s'est négociée à des ratios cours/bénéfice variant de 15 à 30. La fourchette est tellement grande qu'elle perd de son sens. De plus, la Bourse s'est négociée à moins de 10 fois les bénéfices, lorsque les taux d'intérêt étaient à la fois très bas (de 2 à 3 %) et très élevés (de 7 % à 16 %).

La nuance fondamentale se situe dans le fait que, lorsque les taux des obligations dépassent les 6 %, les ratios cours/bénéfice ont tendance à baisser significativement. Autrement dit, lorsque les taux dépassent 6 % et augmentent, cela tend à détruire l'évaluation boursière. De plus, lorsque les taux sont sous les 6 %, le ratio cours/bénéfice a tendance à évoluer dans le même sens que les taux.

Selon les observations de M. Paulsen, l'évaluation boursière est à son sommet le plus souvent lorsque les taux sont entre 4 % et 6 %. C'est facile à comprendre lorsqu'on fait le lien avec le contexte économique.

En effet, lorsque les taux dépassent 6 %, c'est très souvent en raison d'une surchauffe économique. Les investisseurs craignant l'inflation et des taux encore plus élevés paieront les actions à un plus faible prix en général.

Par ailleurs, lorsque les taux sont sous les 4 % et baissent, c'est souvent en raison de la détérioration des perspectives économiques. Dans ce contexte aussi les investisseurs voudront payer les titres boursiers moins cher, par crainte d'une récession.

Contexte idéal

Entre ces deux extrêmes, vous avez la situation idéale, soit des taux ni trop bas ni trop hauts pendant une période de prospérité économique. Cela pousse les investisseurs à payer jusqu'à 30 fois les bénéfices pour des actions.

En raison de taux historiquement déprimés, nous sommes encore dans une période exceptionnelle. En fait, les autorités monétaires craignent toujours une rechute économique en raison du traumatisme provoqué par la crise de 2008-2009. Cette attitude se reflète dans l'évaluation des actions. En effet, les investisseurs, qui appréhendent encore une récession, n'accordent qu'un ratio cours/bénéfice de 12 ou 13 au marché dans son ensemble.

La disparition de ces craintes et la normalisation du contexte devraient aider l'évaluation de la Bourse au moins jusqu'à ce que les taux des obligations de 10 ans atteignent les 6 %. Cela représente le triple du rendement actuel. D'ici là, il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter d'une hausse des taux.

bernard.mooney@tc.tc

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