Il est dangereux de résumer le risque en un seul chiffre

Publié le 16/06/2012 à 00:00, mis à jour le 14/06/2012 à 09:28

Il est dangereux de résumer le risque en un seul chiffre

Publié le 16/06/2012 à 00:00, mis à jour le 14/06/2012 à 09:28

L'industrie financière est obsédée par la tentation de quantifier le risque. Que ce soit par des concepts mathématiques comme le bêta, l'écart-type ou des mesures globales du risque d'un portefeuille, il est dangereux et trompeur de tenter de quantifier le risque.

À mon avis, lorsqu'on traite du risque, il faut approcher le sujet de manière fondamentale, pratiquement intuitive. Parce que le risque est un concept multidimensionnel qui ne peut se résumer à une donnée ou à un seul chiffre.

Par exemple, demandez à un professionnel de la finance d'évaluer deux portefeuilles en leur donnant une cote de un à cinq, cinq étant le plus risqué. Le premier est composé de 100 % d'actions alors que le deuxième est constitué à 100 % d'obligations à long terme (10 ans et plus). Si vous traitez avec un adepte de la théorie moderne de gestion de portefeuille, il vous dira que le premier portefeuille est plus risqué (il aura probablement une cote de risque de 5) que le deuxième (cote de 1 ou 2).

En général, il est peut-être vrai que, dans la plupart des cas, un portefeuille constitué d'obligations a tendance à être moins risqué qu'un portefeuille composé d'actions.

Volatilité et risque

Toutefois, il y a de nombreuses nuances, tellement que la cote perd tout son sens. En effet, de tels portefeuilles aujourd'hui, alors que les taux sont déprimés, ont des niveaux de risque vraiment atypiques, selon moi.

Avant d'aller plus loin, définissons le concept de risque pour un investisseur. À mon avis, le risque n'est pas vraiment lié à la volatilité, comme on l'enseigne à l'université. La meilleure définition que je connaisse vient de Benjamin Graham qui dit que le danger de perte permanente de capital est une mesure sensée du risque.

Autrement dit, pour évaluer son risque, l'investisseur doit se demander : «Quels sont les risques que ce placement me fasse perdre du capital de façon permanente ?»

Par exemple, j'ai des actions de la compagnie ABC, et le titre perd 10 % aujourd'hui. C'est une fluctuation et non une perte permanente de capital. Dans un horizon de placement de 10 ans, la fluctuation quotidienne est un bruit insignifiant.

Par contre, la société ABC fait une importante acquisition, triplant sa dette à long terme. Oups ! son risque augmente, parce que sa situation financière affaiblie augmente le risque de faillite qui provoquerait à son tour une perte permanente de capital.

Si on s'entend sur cette définition, on peut maintenant réfléchir sur ce qui peut provoquer une telle perte permanente. J'ai mentionné plus tôt la dette qui est un exemple du risque financier provenant de l'effet de levier. Plus la dette est importante par rapport aux capacités de rembourser, plus le risque de perte permanente est élevé. C'est vrai pour une entreprise comme pour un individu qui bâtit son portefeuille en utilisant de la dette.

Il y a ce que j'appellerais le risque économique fondamental, comme l'arrivée d'un concurrent agressif. À l'intérieur de ce risque, il faut inclure tous les aspects liés à la qualité fondamentale de la société, comme ses avantages concurrentiels, sa direction, etc.

Peut-on vraiment résumer un tel aspect à l'aide d'un chiffre ?

L'évaluation

Enfin, le troisième volet du risque concerne l'évaluation. Comme l'ont appris les investisseurs qui ont vécu le marché haussier qui a pris fin en 2000, si vous payez cher pour un titre, vous augmentez la possibilité de perdre du capital de façon permanente.

Revenons à nos portefeuilles, notamment celui qui est entièrement constitué d'obligations. Le plus grand risque de l'acheteur d'obligations gouvernementales n'est pas lié au levier financier, ni au risque économique (sauf l'inflation). Son principal risque est lié à l'évaluation très généreuse des obligations.

Par exemple, l'obligation de 10 ans du gouvernement américain, dont le rendement est de 1,7 %, se vend à plus de 50 fois les bénéfices, si on la compare aux actions. Les risques de perte de capital permanente à long terme sont à mon avis très élevés. En d'autres termes, il est stupide de penser qu'acheter des obligations offrant un rendement de moins de 2 % comporte le même niveau de risque que de les acheter lorsqu'elles offrent du 12 %. C'est pourtant le résultat auquel on arrive lorsqu'on analyse le risque par l'intermédiaire des principes de la finance moderne. Résumer le risque à un chiffre est vraiment dangereux.

DE MON BLOGUE

Bourse

Les mauvaises leçons du fiasco de Facebook

Facebook a reculé de plus de 26 % par rapport à son prix d'émission. Le 18 mai, à son arrivée en Bourse, le titre a atteint un sommet de 45 $ US pour ne connaître depuis que des jours de baisse. À la suite de cette entrée tant attendue et loin d'être réjouissante, ils sont nombreux à tirer de mauvaises conclusions. Facebook est un premier appel public qui a mal tourné, un point c'est tout. Encore une fois, peut-être s'agit-il d'une conclusion trop hâtive. Le titre n'a qu'un mois d'historique boursier.

Pour moi, l'introduction en canard boiteux de Facebook ne prouve rien ; elle ne fait que confirmer que la Bourse est imprévisible à court terme. C'est vrai pour un titre en particulier et pour le marché dans son ensemble.

Vos réactions

«Cela montrera une fois de plus que, dans le cadre d'un PAPE, les nouveaux entrants sont des pigeons.»

- InvestisseurHeureux.com

«Que certains investisseurs y aient vu une boîte de Pandore ne m'étonne pas du tout.»

- xylophone

«Facebook est entrée en Bourse avec un ratio de 75 à 100 fois les profits. Comment penser faire de l'argent avec ce titre à court et à moyen terme ?»

- SB

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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