Huit signes d'espoir d'un rebond boursier

Publié le 06/12/2008 à 00:00

Huit signes d'espoir d'un rebond boursier

Publié le 06/12/2008 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Nul ne peut dire si la Bourse a touché le fond. À Toronto, le S&P/TSX a chuté de 9,3 % le 1er décembre, et pourrait encore connaître d'autres reculs importants à court terme. Les mauvaises nouvelles concernant l'économie continueront sans doute de tapisser les journaux pendant encore plusieurs mois puisque la pire crise financière en 80 ans s'est muée en récession.

Mais la lumière commence à poindre au bout du tunnel. Faisant abstraction du climat de morosité, nous avons identifié huit signes qui offrent aux investisseurs l'espoir que la crise est en voie de se résorber et que la Bourse se redressera de façon durable.

1 Les prix des maisons sont plus raisonnables

Derrière la chute de 22 % des prix des maisons existantes depuis juin 2006 et le pire déclin en 50 ans du nombre des mises en chantier aux États-Unis se cache une lueur d'espoir.

L'écart entre la valeur marchande des maisons et les revenus des ménages américains rétrécit pour la première fois en sept ans, note Stéfane Marion, économiste à la Financière Banque Nationale. Cet écart se rapproche ainsi de sa moyenne historique.

En octobre, le prix médian d'une maison existante correspondait à trois fois le revenu médian des ménages. C'est encore plus élevé que le ratio moyen affiché entre 1980 et 2001, mais 12 fois moins que le ratio record atteint à la fin de 2005.

" À l'échelle des États-Unis, les prix ne sont plus un frein à l'achat de maison. Il faut que les taux hypothécaires diminuent et que les banques recommencent à prêter pour que les stocks encore élevés de maisons invendues diminuent enfin ", ajoute M. Marion. À cet égard, la baisse de 6,38 à 5,5 % du taux hypothécaire médian de 30 ans le 26 novembre, la plus importante en sept ans, est un autre pas dans la bonne direction.

2 Les initiés achètent des actions comme jamais

Les dirigeants canadiens font fi du climat de pessimisme et achètent des actions de leur entreprise comme jamais depuis 2001.

Le 14 novembre, l'indice de confiance des initiés canadiens de Ink Research a atteint 410, un sommet inégalé depuis sept ans.

En général, de tels niveaux d'achat envoient un signal positif, car les dirigeants sont les mieux placés pour juger des perspectives de leur propre entreprise.

Par exemple, les trois principaux dirigeants de la montréalaise GLV ont acheté en novembre pour 4 millions de dollars d'actions de leur entreprise, spécialisée dans le traitement des eaux. Chez Cascades, trois dirigeants et un administrateur ont aussi fait des achats en novembre. Le président, Alain Lemaire, a notamment acheté 40 000 actions au coût total de 125 000 $.

Daniel Owen, administrateur de la société minière Sherritt International, a acheté 482 000 actions au coût de 1,4 million.

Pour sa part, le réputé investisseur minier Seymour Schulich a dépensé 10 millions pour mettre la main sur 2 millions d'actions de Birchcliff Energy.

Les entreprises sont aussi nombreuses à acheter de leurs actions à la Bourse, car elles jugent que leur cours ne reflète pas leur juste valeur. C'est le cas d'Exfo, d'Astral Media, de Quincaillerie Richelieu, de Brookfield Asset Management et de Thompson Creek Metals.

3 Les analystes sont démoralisés

Les analystes financiers n'ont jamais été aussi pessimistes.

Dans seulement 36 % de leurs recommandations, ils invitent les investisseurs à acheter le titre, alors que cette proportion atteignait 75 % en 1997 et en 2000, deux sommets boursiers importants. Lors du dernier creux boursier, en 2003, 45 % de leurs recommandations soutenaient l'achat.

Les analystes tendent naturellement à être optimistes. Alors quand il y a un grand mouvement de pessimisme parmi eux, c'est que la Bourse approche de son creux, et donc, qu'elle est appelée à rebondir.

4 Les Banques reprennent confiance

Pour que la roue du crédit tourne de nouveau, les banques doivent recommencer à se faire confiance. En se prêtant de l'argent entre elles à un coût plus raisonnable, elles pourront consentir davantage de prêts aux entreprises et aux consommateurs qui, à leur tour, épargneront et dépenseront davantage.

Or, un indicateur de la confiance des banques montre des signes encourageants. Le taux interbancaire offert à Londres (LIBOR), soit le taux auquel les banques se prêtent entre elles en dollars américains pour une durée de trois mois, est passé d'un sommet de 4,85 à 2,18 %, entre le 10 octobre et le 26 novembre.

Ce coût d'emprunt est encore loin des taux en vigueur en période économique stable, mais son recul indique que les banques sont un peu moins méfiantes les unes envers les autres, et devraient lentement dénouer les cordons de leur bourse.

" Restaurer la confiance dans le marché financier prendra du temps, mais le processus de guérison est enfin enclenché ", écrivent les analystes de BCA Research, de Montréal.

5 Les manchettes sont négatives

La manchette du BusinessWeek du 13 août 1979 (" The Death of Equities ", ou La mort des actions) est régulièrement citée par les meilleurs investisseurs lorsqu'ils soutiennent qu'il faut faire l'inverse de ce que proposent les grands titres des médias.

La Bourse approchait de son creux en août 1979, et ceux qui ont acheté des actions à ce moment ont bénéficié du plus important marché haussier de l'histoire.

Ces temps-ci, les médias regorgent de titres comme " Panique sur les places boursières ", " Les marchés perdent la tête ", " Personne ne veut des titres déprimés ".

Les médias ne font que rapporter les événements. De ce fait, ils reflètent le sentiment général à l'égard de la Bourse.

L'histoire nous montre que, quand les médias témoignent d'un profond climat de morosité chez les investisseurs, c'est signe que la Bourse s'apprête à rebondir et que c'est le bon moment d'investir.

6 Les gourous sautent sur les occasions en Bourse

De plus en plus d'as du placement affirment que c'est le bon moment d'acheter des actions.

Prem Watsa, président du conseil et chef de la direction de Fairfax Financial Holdings, vient d'annoncer qu'il liquidait ses options de vente sur le S&P 500 et le S&P/TSX 60, qu'il avait prises parce qu'il jugeait les marchés surévalués.

" Même si nous croyons que la récession risque d'être longue et sévère, nous croyons également que les cours boursiers tiennent déjà compte en grande partie de ce déclin économique. En tant que chasseurs d'aubaines, nous trouvons un nombre incroyable d'occasions de placement dans le monde ", dit M. Watsa.

Il s'agit d'une volte-face spectaculaire pour un des meilleurs investisseurs au Canada, lequel, depuis cinq ans, était pessimiste à l'égard des perspectives boursières. Année après année, dans son rapport annuel, il a averti que l'économie américaine - l'immobilier en particulier - était sur le point de s'écrouler.

Depuis le début d'octobre, Fairfax a dévoilé des achats importants dans les fiducies Jazz Air et le Groupe Brick, ainsi que dans International Forest Products, CanWest Global et Ridley. M. Watsa vient gonfler les rangs d'autres grands investisseurs qui ont repris espoir récemment. Le plus célèbre est Warren Buffett, président de Berkshire Hathaway. Dans un commentaire publié le 17 octobre dans le New York Times, il affirmait que c'était le bon moment d'acheter des actions.

Jeremy Grantham, gestionnaire et président de Grantham, Mayo, Van Otterloo (GMO), est un autre investisseur moins connu du public, mais fort estimé dans le milieu financier, qui a repris confiance.

Dans son commentaire trimestriel publié le 31 octobre dernier, il affirme que les actions américaines de qualité réaliseront des rendements annuels de 12 % au cours des sept prochaines années.

C'est le même homme qui, l'année dernière, disait au magazine Fortune qu'il s'attendait à ce qu'au moins une grande banque américaine fasse faillite au cours du prochain marché baissier et que la moitié des fonds de couverture disparaissent. L'histoire lui a donné raison.

7 Une avalanche de capitaux

Alors que la récession gronde et que la déflation guette, une vague de capitaux déferle sur le système bancaire. Les plans de sauvetage et de stabilisation des banques centrales et des gouvernements se succèdent à un rythme si rapide que les observateurs peinent à suivre le décompte.

William O'Donnell, stratège d'UBS, s'est amusé à coller tous les acronymes des plans annoncés aux États-Unis au cours des derniers mois pour sauver le système bancaire et raviver le crédit. Il aboutit à cet acronyme géant : TAFTSLFPDCFTARPCPFFMMIFFTLGPTALF.

Le gouvernement américain s'est engagé jusqu'à maintenant à investir, prêter et garantir des sommes totalisant 8 500 milliards de dollars (G$ US), selon un décompte de Bloomberg, soit l'équivalent de 26 000 $ US par Américain.

Ces sommes excluent les baisses de taux décrétées par une vingtaine de pays depuis quelques mois et leurs plans de relance.

La Chine a annoncé un plan de 585 G$ US sur deux ans pour stimuler son économie; l'Union européenne propose des mesures totalisant 258 G$ US.

" Même si nul ne peut savoir quand toutes ces mesures commenceront à porter fruit, ce serait une erreur de croire qu'elles n'auront aucun effet à long terme ", fait valoir Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières BLC.

8 La confiance des consommateurs est à son plus bas

L'indice de confiance des consommateurs du Conference Board des États-Unis a touché un creux en octobre, à 38,8.

Il n'était jamais descendu si bas en 41 ans, pas même lors de l'invasion de l'Irak en 2003 (60) et de la déprime des années 1990 (50 en 1992).

Cet indice dépeint la perception des consommateurs. L'investisseur peut y voir un bon indicateur de l'évolution de la Bourse, mais en le prenant à l'inverse : si la confiance est à son plus bas, elle ne peut que remonter; donc, les dépenses de consommation sont appelées à augmenter, redonnant vie à l'économie.

De plus, en observant l'évolution de l'indice sur une longue période, on peut constater que les creux importants ont été des moments opportuns d'investir en Bourse.

Par exemple, l'indice a atteint un niveau très bas en 1974, à près de 40. Ce fut une des meilleures occasions de l'histoire pour les investisseurs. Ce fut la même chose en 1992.

La confiance des consommateurs culmine lorsque la Bourse atteint des sommets. Par exemple, l'indice a atteint des niveaux records en 2000 et en 1968, en même temps que le marché boursier. Pour l'investisseur, il est alors trop tard pour faire des gains intéressants.

LE CONTEXTE

MOROSITÉ À LA BOURSE DE TORONTO

38 % Proportion des titres du S&P/TSX qui s'échangent sous leur valeur comptable, la plus élevée depuis la récession de 1991.

TAFTSLFPDCFTARPCPFFMMIFFTLGPTALF

Non, nous n'avons pas appuyé sur le clavier par mégarde... Il s'agit de l'acronyme de tous les plans de sauvetage annoncés aux États-Unis au cours des derniers mois !

LE DÉCLIN DE L'EMPIRE AMÉRICAIN

12 Nombre de mois depuis le début de la récession aux États-Unis. En moyenne, les récessions durent 11 mois.

LE CONTRAIRE DE CE QUE FONT LES AUTRES

" Si j'achète des actions, c'est que je suis cette règle : être craintif lorsque les autres sont fonceurs, et être fonceur lorsque les autres sont craintifs. "

- Warren Buffett, dans son commentaire publié le 17 octobre dans le New York Times

dominique.beauchamp@transcontinental.ca; bernard.mooney@transcontinental.ca

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