Emploi : les boomers restent, les jeunes attendent

Publié le 16/04/2011 à 00:00

Emploi : les boomers restent, les jeunes attendent

Publié le 16/04/2011 à 00:00

À bien des égards, le Québec peut se vanter d'avoir traversé la récession sans trop d'écorchures. En tout cas, il s'en est mieux tiré que ses voisins ontariens et américains.

Mais il y a au moins un groupe qui peine à se relever : les jeunes de 15 à 24 ans, dont le taux de chômage demeure obstinément élevé, même au moment où l'on célèbre la relance de l'économie. La tendance est la même pour l'ensemble du pays.

Le plus récent bilan de l'emploi que vient de dévoiler Statistique Canada confirme de nouveau cette réalité. Au mois de mars au Québec, le taux global était de 7,7 %, mais il s'élevait à 13,1 % chez les jeunes. Pratiquement du deux contre un ; et cet écart dure depuis l'automne 2008, quand l'économie a commencé à dérailler.

Dire que l'on fait régulièrement état d'une pénurie de travailleurs, du départ massif à la retraite des baby-boomers et des portes du marché de l'emploi qui vont s'ouvrir toutes grandes pour les jeunes... Pas si vite, répond l'écho. Les chiffres le démontrent, le choc des générations, présumé imminent, tarde à se manifester. Et les jeunes restent en plan.

Pourquoi ? Vincent Ferrao, analyste chez Statistique Canada, avance deux explications. Les jeunes sont traditionnellement les premiers à être mis à pied lorsque surviennent des ralentissements, tout comme ils sont les derniers à être rappelés. Les employeurs misent plutôt sur les travailleurs expérimentés. D'autre part, il croit que les gens plus âgés ont maintenant tendance à demeurer plus longtemps au travail. Ils ne quittent pas leur emploi aussi tôt qu'on l'imaginait, comme le montre la hausse du taux d'emploi chez les personnes âgées de 55 ans et plus.

Dans cette récente livraison de L'enquête sur la population active, on notait une baisse sensible du nombre d'emplois à temps partiel, compensée par une augmentation pratiquement aussi importante de l'emploi à temps plein. Or, ce sont souvent des jeunes qui occupent des emplois à temps partiel, souligne M. Ferrao, ce qui leur a compliqué davantage la tâche en mars. À son avis cependant, ce n'est qu'une question de temps avant que le poids démographique fasse pencher la balance de leur côté. Le changement s'effectue seulement plus lentement que prévu.

Joëlle Noreau, économiste principale du Mouvement Desjardins, croit elle aussi que l'évolution récente du chômage chez les jeunes n'est pas dramatique, même si les chiffres très détaillés qu'elle nous a fournis montrent que le rétablissement prend du temps. En août 2008, les taux de chômage de l'ensemble de la population québécoise et du groupe des 15-24 ans étaient respectivement de 7,4 % et de 10,9 %. En mars, rappelons-le, il était presque revenu à ce seuil au Québec, mais restait élevé chez les jeunes.

" Il faudra se montrer patient, dit-elle, parce que la reprise n'est pas aussi convaincante qu'on le souhaiterait, ce qui favoriserait l'embauche des jeunes. " Comme Vincent Ferrao, elle remarque que les travailleurs plus âgés ne sont pas chauds à l'idée de prendre leur retraite prématurément : soit qu'ils aient besoin d'argent, ou de la reconnaissance que procure un emploi, soit qu'il leur faille tout simplement s'occuper... Le "tasse-toi mon oncle" n'est pas pour tout de suite.

Danger à l'horizon

Aux yeux de Mme Noreau, quatre problèmes importants guettent l'ensemble du marché du travail, de véritables épées de Damoclès.

Premièrement, la hausse du prix de l'énergie risque d'hypothéquer la reprise encore fragile; deuxièmement, l'augmentation des taux d'intérêt pourrait refroidir les consommateurs et les entrepreneurs; troisièmement, l'industrie de la construction finira par retrouver une cadence plus normale, ce qui freinera l'activité quasi frénétique qu'a connue le secteur; quatrièmement, la conclusion des programmes de relance liés aux dépenses en infrastructures enlèvera du zeste à l'économie.

Il faut donc s'attendre à ce que le marché de l'emploi demeure mou pour les jeunes au cours des prochains mois. Par la suite, tout dépendra du secteur privé et du rythme des départs à la retraite. Il me semble qu'une économie fière devrait d'abord compter sur sa propre vigueur pour créer des emplois et non se contenter de regarder le calendrier en espérant que les travailleurs aux tempes grises finissent par en avoir assez.

DE MON BLOGUE

Marché de l'emploi

À quand la fin du carême des emplois au Québec ?

D'accord, la récession est terminée au Québec et les plus récents chiffres sur la création totale d'emplois, en 2010, en font foi. Vrai ? Non. Plutôt faux. De nouveaux emplois, nous en avons eu en quantité. Mais la qualité n'est pas au rendez-vous. De ces 67 000 nouveaux emplois, moins de la moitié, 29 000, sont à temps plein. Les autres sont ou à temps partiel, ou limités dans le temps (suite sur le blogue).

Vos réactions

" À quand la fin du carême des emplois au Québec ? Jamais sans un changement profond dans le système économique. La dette est impossible à rembourser; pourquoi continuer à faire croire aux gens que c'est possible ? "

- ConspiracyNuts

" À mon avis ces chiffres indiquent que l'économie québécoise n'améliore pas sa productivité et qu'elle carbure toujours à la surconsommation et à l'endettement des ménages. "

- pbrasseur

" Il faut que nos futurs meilleurs éléments retrouvent le chemin des secteurs créateurs de richesse réelle. Si les innovations sont là, les emplois parallèles (techniciens, habiletés professionnelles, etc.) suivront, mais l'inverse ne peut se réaliser. Pour ce faire, il faut toutefois que le cancer métastatique que sont devenus nos gouvernements modernes, qui ne cessent de prendre de l'expansion, subisse une cure. "

- ABC

rene.vezina@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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