Dirigeants, Warren Buffett a un message pour vous

Publié le 16/03/2013 à 00:00, mis à jour le 14/03/2013 à 09:30

Dirigeants, Warren Buffett a un message pour vous

Publié le 16/03/2013 à 00:00, mis à jour le 14/03/2013 à 09:30

Berkshire Hathaway, la société dirigée par Warren Buffett et son partenaire Charles Munger, a publié son rapport annuel le 1er mars, qui contient la traditionnelle lettre de M. Buffett à ses actionnaires.

Il y a maintenant 48 ans que le réputé investisseur écrit cette lettre, et elle est toujours aussi intéressante. À mon avis, Warren Buffett s'est surpassé cette année en parlant avec son doigté habituel de plusieurs thèmes vraiment fascinants.

Je lis religieusement le texte de l'oracle d'Omaha et je trouve que la plupart des investisseurs et des gens d'affaires devraient en faire autant. Pourquoi ? Parce que le message du président de Berkshire va bien au-delà du contenu habituel des lettres des dirigeants de sociétés à capital ouvert.

Évidemment, le coeur de son message consiste à décrire en détail le rendement et les activités de ses principales divisions et filiales. Il parle ainsi d'assurances, de services publics, de fabrication, de ventes au détail, de services financiers et de placement, pour ne mentionner que les plus évidents.

En plus, cette année, il aborde des thèmes comme l'avenir des journaux, comment décider s'il est opportun de verser un dividende et l'amortissement de charges liées à des actifs immatériels.

Il y aura toujours des incertitudes

Toutefois, la partie la plus percutante de sa lettre de 2012 est celle qu'il destine à ses collègues pdg. Un message qui peut très bien s'appliquer aux investisseurs.

Warren Buffett fait écho en quelque sorte à ma chronique du 16 février sur l'encaisse des sociétés. Je mentionnais que les sociétés canadiennes sont assises sur près de 600 milliards de dollars de liquidités, en partie parce que leurs dirigeants sont incertains quant aux perspectives économiques.

Le message de M. Buffett à ce sujet est on ne peut plus limpide : les perspectives n'ont jamais été et ne seront jamais claires.

«Évidemment, l'avenir immédiat est incertain ; l'Amérique a affronté l'inconnu depuis 1776. La différence, c'est que parfois les gens se concentrent sur la multitude d'incertitudes qui sont là en permanence, alors qu'en d'autres temps ils les ignorent.»

Il ajoute que les entreprises américaines afficheront un bon rendement à long terme. Et la Bourse aussi, car son sort repose sur la performance économique des entreprises.

«Il y aura des reculs périodiques, certes, mais tant les investisseurs que les dirigeants évoluent dans un jeu où les probabilités sont fortement en leur faveur», explique M. Buffett. D'ailleurs, il croit que c'est une grave erreur d'essayer de tenter de jouer au plus fin à partir de prédictions «d'experts» ou des hauts et des bas de l'activité économique.

«Les risques de ne pas être actifs et présents sont immenses si on les compare aux risques de participer.»

Autrement dit, tenter de déterminer le moment parfait pour investir (en Bourse ou dans un projet d'expansion) est un jeu dangereux, un jeu de perdants, en fait.

«Si vous êtes un pdg et que vous avez un gros projet profitable qui dort sur les tablettes en raison de craintes à long terme, appelez Berkshire. Laissez-nous vous libérer d'un fardeau», lance-t-il.

Se concentrer sur ce qui compte

M. Buffett investit massivement, parce qu'il croit dans les perspectives économiques à long terme. Ses entreprises ont dépensé plus de 9,8 G$ US en immobilisations en 2012, dont 88 % aux États-Unis. C'est 19 % de plus qu'en 2011, et ce sommet sera dépassé également en 2013.

De plus, même si Warren Buffett n'a pas réalisé d'importantes acquisitions en 2012, il s'est activé sur ce front au cours des dernières semaines. En outre, il a annoncé récemment qu'il investirait 12 G$ US dans la transaction qui mènera à la fermeture du capital de Heinz.

«Charlie [Munger] et moi, nous aimons investir des sommes importantes dans des projets valables, peu importe ce que les experts disent.»

Il y a une leçon d'une grande sagesse dans ces mots. Les dirigeants et les investisseurs devraient cesser de tenter de deviner la température économique et se concentrer plutôt sur l'étude rationnelle des caractéristiques fondamentales des occasions qui s'offrent à eux.

Il ne s'agit pas d'investir dans n'importe quoi, mais de réaliser des rendements attrayants à long terme en fonction d'hypothèses modérées. C'est Warren Buffett qui vous le dit !

DE MON BLOGUE

Bourse

«Je ne sais pas»

Il n'y a pas de domaine plus prétentieux que la finance en général et la Bourse en particulier. Demandez à un stratège ce qu'il pense de la Bourse et il vous expliquera sa théorie en long et en large. Demandez-lui ce qu'il pense de Bombardier, il vous répondra avec autant de conviction.

Tout cela parce qu'il est si difficile, si peu commun d'accepter de dire «je ne sais pas».

La clé du succès n'est pas d'avoir une opinion sur tout et sur rien à l'égard de la Bourse, de l'économie, des marchés, etc. Ce qui compte, c'est la connaissance et la compréhension approfondies de certains secteurs et sociétés qui se trouvent dans votre cercle de compétences bien défini.

Alors, la prochaine fois qu'on vous demandera ce que vous pensez d'une société qui est hors de votre cercle de compétences, ne soyez pas gêné de répondre «je ne sais pas».

Vos réactions

«Je crois sincèrement que pour investir il faut se connaître et il faut s'exercer, faire des erreurs...»

- Martin Dupont

«Investir, c'est faire des choix. Pour choisir, il faut analyser, et pour analyser, il faut détenir de l'information pertinente et savoir comment l'interpréter.»

- jpthoma1

Tenter de déterminer le moment parfait pour investir est un jeu dangereux, un jeu de perdants, en fait.

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

bernard.mooney@tc.tc

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