Des emplois en quantité, oui, mais de qualité ?

Publié le 07/09/2013 à 00:00, mis à jour le 05/09/2013 à 09:39

Des emplois en quantité, oui, mais de qualité ?

Publié le 07/09/2013 à 00:00, mis à jour le 05/09/2013 à 09:39

Le marché du travail poursuit son redressement après avoir été durement touché par la crise. C'est du moins ce que nous disent les chiffres. Mais dans ce cas-ci, ils ne disent pas tout. Et pour avoir une idée plus claire de la réalité, il faut creuser au-delà des apparences.

Prenez ce qui est arrivé à la fin août aux États-Unis, quand des milliers d'employés de chaînes de restauration rapide ont débrayé en réclamant de substantielles améliorations de leurs conditions de travail. Le mouvement a pris de l'ampleur depuis novembre dernier. Pourtant, d'après les statistiques, la situation de l'emploi est en net progrès chez nos voisins. Côté quantité, peut-être, mais pas côté qualité.

Dans les faits, on note une profonde mutation des économies occidentales. Les emplois dits de qualité, bien payés, avec de bons avantages sociaux, disparaissent progressivement. Ils étaient la plupart du temps associés au milieu de la transformation, un secteur qui rapetisse comme une peau de chagrin.

En revanche, les industries de services, elles, sont en pleine expansion. Ce sont habituellement elles qui rebondissent le plus vite après une récession. Mais les composantes liées au commerce, à l'hôtellerie ou à la restauration n'offrent trop souvent que de modestes salaires. Et comme les demandeurs d'emploi sont encore très nombreux, les employeurs ne sentent pas le besoin d'offrir davantage pour recruter le personnel nécessaire.

Il y a une vingtaine d'années, chez McDonald's, l'effectif était composé en bonne partie d'étudiants ou de mères de famille qui trouvaient là un revenu d'appoint. Pareil chez Walmart. À côté, GM et les autres grands manufacturiers brassaient de bonnes affaires et engageaient des millions de travailleurs bien rémunérés. GM a fondu. Kodak aussi. Comme plein d'autres. Oui, de nouveaux secteurs sont apparus, en électronique et en haute technologie, mais on n'a jamais retrouvé les niveaux d'emploi du 20e siècle.

C'est en bonne partie ce qui explique le désarroi de ces travailleurs exaspérés qui viennent de débrayer chez McDo et ailleurs. Contrairement à autrefois, ce sont bien souvent des soutiens de famille, qu'ils n'arrivent pas à faire vivre convenablement avec ce qu'ils rapportent à la maison.

Oui, ils ont certainement le droit de demander d'être mieux traités, mais le problème ne vient pas seulement des employeurs : il relève aussi, en grande partie, du déclin global des économies traditionnelles.

Au Québec, une amélioration

C'est dans ce contexte qu'il faut se réjouir du caractère positif de la toute récente publication de l'Institut de la statistique du Québec (l'ISQ) sur l'état du marché de l'emploi.

Intitulée «Marché du travail et qualité de l'emploi : un regard inédit sur la situation dans les régions du Québec», l'étude montre que la qualité de l'emploi s'est améliorée au cours de la période 1997-2011 dans plusieurs régions du Québec. Les régions ressources, en particulier, ont vu leur sort bonifié.

Non seulement la participation au marché du travail a augmenté, mais la proportion d'emplois de qualité élevée est également en hausse. On entend ici des emplois stables, payés au moins 17,75 $ l'heure, à temps plein ou à temps partiel volontairement consenti. Et ce sont majoritairement les femmes qui en ont profité, elles qui sont traditionnellement reléguées plus bas dans l'échelle.

Au total, le Québec a gagné 434 000 emplois salariés durant cette période, et plus de la moitié d'entre eux (260 000) sont considérés comme de qualité élevée.

On peut s'en féliciter, parce que pour une fois, les gains touchent tant la quantité que la qualité. Mais c'est un résultat global : dans bien des sous-secteurs, notamment manufacturiers, les reculs ont été cuisants. L'industrie papetière, par exemple, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Il semblerait cependant que d'autres filières se soient imposées, comme l'aéronautique ou les technologies de l'information. Et si l'industrie minière réussit véritablement à décoller, le bilan s'enjolivera davantage.

C'est la clé de la prospérité future du Québec : il faut continuer à créer des emplois de qualité, satisfaisants, qui ne s'évanouiront pas au petit matin et qui misent sur des gens toujours mieux formés. Mais toute la planète les convoite... De là, la nécessité d'attirer ici plus d'investissements privés, surtout dans des secteurs de pointe. Les gouvernements ne peuvent à eux seuls soutenir les économies. Le Québec a donc du pain sur la planche s'il veut voir se poursuivre cette embellie sur le front de l'emploi.

DE MON BLOGUE

Téléphonie mobile

Verizon oublie le Canada... pour l'instant

On a dû entendre deux sortes de soupirs quand Verizon et Vodafone ont confirmé cette transaction de 130 milliards de dollars américains. Soupirs de déception à Ottawa, puisque cette transaction compromettra l'arrivée de Verizon sur le marché canadien de la téléphonie mobile. Soupirs de soulagement, du côté des sociétés de télécoms.

Vos réactions

«Si vraiment une entreprise étrangère avait voulu percer le marché canadien, ça aurait été fait depuis longtemps... Il y a tellement de barrières à l'entrée... Je n'ai jamais vraiment cru que Verizon investirait des milliards pour venir chercher quelques grenailles de revenus en plus... À mon avis, il doit y avoir de bien meilleures occasions ailleurs dans le monde...»

- mario.lalonde

«Je crois que le fait que Vidéotron semblait moins mal à l'aise avec l'arrivée de Verizon au Canada que les autres télécoms donnait à penser qu'elle pensait pouvoir créer une collaboration avec ce nouveau venu, ce qui serait souhaitable afin d'étendre son réseau en Amérique du Nord.»

- grousseau222

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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