Franc succès aujourd'hui, le projet 5S avait pourtant mal débuté à Trois-Rivières.

" Au démarrage, en 2005, il n'y avait pas de comité de pilotage, se souvient le vice-président du Syndicat des employés manuels de Trois-Rivières, Michel Sauvageau. Et lorsque la direction a accepté d'en créer un, elle a nommé elle-même les représentants syndicaux ". Erreur !

" Le syndicat nous a rappelés à l'ordre, admet Ghislain Lachance, directeur des travaux publics. Par la suite, ils ont choisi eux-mêmes leurs représentants, des leaders crédibles. " Malgré cela, deux personnes ont quitté le comité de pilotage après quelques mois, dont " un cadre qui n'arrivait pas à accepter qu'il ne pouvait plus donner d'ordres aux employés ", affirme le coordonnateur du comité de pilotage, Yvan Roux. La preuve que la culture est difficile à changer : on chasse le naturel et il revient vite au galop.

Ghislain Lachance se souvient aussi qu'il a dû intervenir à quelques reprises pour faire appliquer les décisions du comité de pilotage : " Certains ont mis du temps à réaliser que le comité avait un pouvoir décisionnel. "

Pour le consultant Denis Carpentier, si on suit bien ses règles, la méthode des 5S fonctionne souvent là où d'autres moyens échouent. À condition de la mettre en place pour les bonnes raisons. " On m'a offert un mandat dernièrement dans le milieu hospitalier où il était question de couper des postes. J'ai refusé. Ce n'est pas le but. "

Son mandat à Trois-Rivières, où aucun poste syndiqué n'a été supprimé, a duré trois ans. Mais selon lui, il aurait pu se faire en 18 ou 24 mois si la direction avait accepté le comité de pilotage dès le début. Aujourd'hui, les équipes poursuivent elles-mêmes le processus d'amélioration continue.