CSeries : l'étape ultime

Publié le 21/09/2013 à 00:00, mis à jour le 19/09/2013 à 10:10

CSeries : l'étape ultime

Publié le 21/09/2013 à 00:00, mis à jour le 19/09/2013 à 10:10

Il régnait une belle atmosphère, lundi, aux installations de Bombardier à Mirabel. Sans avertissement, le CSeries a soudainement mis les gaz et s'est silencieusement envolé. Les acclamations ont fusé. C'est un grand jour pour l'avionneur québécois et ses employés. Qu'en est-il pour l'investisseur ?

C'est assurément positif, mais quelques questions demeurent dans les esprits.

Le marché sera-t-il aussi important que prévu ?

Bombardier entrevoit un marché de 6 900 appareils dans les 20 prochaines années pour le créneau de 100 à 149 passagers. Et l'avionneur espère que le CSeries s'accaparera 50 % de ce marché.

Il est toujours difficile d'évaluer un marché, mais le pronostic semble avoir pris de la force dans les derniers mois, puisqu'il n'y a pas si longtemps encore, l'entreprise parlait plutôt d'un marché de 6 500 appareils.

Bombardier peut-elle prendre 50 % du marché ?

C'est la grande question.

Il faudra d'abord qu'elle fasse la démonstration que son appareil est plus économique que tout ce qui se trouve sur le marché. En théorie, le CSeries devrait être 15 % moins cher à exploiter que les porteurs actuels.

Les futurs appareils améliorés d'Airbus et de Boeing (le Neo A319 et le 737 Max 7) offriront aussi de meilleurs résultats que leurs ancêtres, mais il est pratiquement impossible que le CSeries ne leur soit pas supérieur. Des améliorations à de vieux appareils, conçus pour une plus grande quantité de passagers (160 passagers et plus), peuvent difficilement espérer rivaliser.

- Oui, mais si Airbus et Boeing réduisent les prix comme le fait actuellement Embraer avec les jets régionaux, dites-vous. Ils pourront maintenir leurs parts de marché, et celle de Bombardier sera sous les 50 %. L'avionneur québécois pourrait aussi réduire les prix et toujours aller chercher cette part de 50 %. Il se trouve cependant ici un risque pour l'actionnaire que la rentabilité et les retombées ne soient plus les mêmes.

Sur le tarmac, c'est du risque de guerre de prix dont on a surtout discuté avec le grand patron, Pierre Beaudoin.

M. Beaudoin a dit ne pas connaître les prix auxquels Airbus et Boeing offraient actuellement leurs appareils. Mais il a indiqué que les prix du CSeries étaient toujours conformes au plan d'affaires. Il a précisé que ceux-ci avaient été établis en fonction d'une concurrence assez féroce.

Donnée intéressante, Pierre Beaudoin a aussi indiqué que, si l'objectif était d'accaparer 50 % du marché, «un plan d'affaires utilisait toujours des hypothèses plus conservatrices que l'objectif».

Ces commentaires donnent à penser qu'une éventuelle guerre de prix est déjà attendue et intégrée au plan d'affaires. La difficulté ? Il est impossible d'évaluer son ampleur.

Quel est le potentiel de création de valeur ?

La direction de Bombardier prévoit que le CSeries pourrait générer de 5 G$ à 8 G$ US de revenus supplémentaires d'ici cinq ans (ou un peu plus). À titre de comparaison, la division aéronautique a généré des revenus de 8,6 G$ US en 2012 et la division transport, de 8,1 G$ US.

C'est une augmentation potentielle de revenus de 30 % à 50 % si la cible est atteinte.

On remarquera qu'il s'agit ici des revenus, et non du bénéfice. La société ne livre aucune prévision quant au bénéfice que pourrait générer le CSeries.

Il y a quelque temps, Bombardier avait cependant indirectement donné un aperçu, en incluant l'apport des futurs projets de la division transport et celui des nouveaux Learjet 85 et Global 7000 et 8000.

«Nous planifions, dans un horizon de cinq ans et plus, augmenter nos revenus de 10 à 16 G$ US et notre marge bénéficiaire (avant intérêts et impôts) de 3 à 4 points de pourcentage, par rapport à 2012», avait notamment dit Pierre Beaudoin.

En postulant que le niveau de dette reste relativement le même qu'aujourd'hui, et qu'une éventuelle guerre de prix est de l'ordre de celle que prévoit le plan d'affaires, on s'est amusé à déterminer ce que pourrait valoir le titre de Bombardier dans cinq ans.

Voici deux hypothèses :

> Si l'on ajoute 10 G$ US aux revenus actuels, et que la marge bénéficiaire avant intérêts et impôts grimpe de 3 %, le titre devrait se négocier autour de 12 $. C'est 2,4 fois sa valeur actuelle (5 $).

> Si l'on ajoute 16 G $ US aux revenus actuels, et que l'on grimpe la marge de 4 %, le titre du géant montréalais devrait alors se négocier autour de 17,25 $. C'est presque 3,5 fois le cours actuel.

Tout cela n'est encore que sur papier et il revient à chacun de juger de la valeur des hypothèses de l'entreprise.

Quoiqu'il en soit, Bombardier peut certainement affirmer qu'avec l'envol du CSeries, elle a réussi son décollage vers ces destinations espérées.

francois.pouliot@tc.tc

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