Ces as de l'enrichissement

Publié le 06/04/2013 à 00:00, mis à jour le 04/04/2013 à 09:18

Ces as de l'enrichissement

Publié le 06/04/2013 à 00:00, mis à jour le 04/04/2013 à 09:18

Qu'ont en commun ces dirigeants qui vous enrichissent au-delà de toutes vos attentes ? Si cette question vous intéresse, je vous recommande la lecture du livre The Outsiders (Harvard Business Review Press), écrit par William N. Thorndike, Jr.

Il y a longtemps que je n'ai pas dévoré un livre financier aussi rapidement !

On me demande souvent comment on peut reconnaître un bon dirigeant. M. Thorndike répond de façon non équivoque à cette question. «Le baromètre ultime pour évaluer la qualité d'un dirigeant est l'augmentation de la valeur par action de la société et non la croissance de ses ventes totales ou de ses bénéfices», écrit-il. Ce n'est pas la hausse en valeur absolue qui compte, mais la progression en fonction du marché boursier dans son ensemble et celle de ses pairs.

Seulement trois données permettent d'évaluer le travail d'un pdg, explique l'auteur. Le rendement annuel composé du titre pendant son règne, celui du marché pendant la même période et celui des sociétés comparables.

Par exemple, Jack Welch, président et chef de la direction de General Electric de 1981 à 2001, est considéré comme l'un des grands dirigeants. Sous son règne, le rendement annuel du titre a été de 20,9 %. Cela signifie que, si vous aviez investi 1 $ dans le titre à son arrivée, il valait 48 $ à son départ.

De plus, M. Welch était devenu une vedette du monde des affaires, faisant souvent la Une des grandes publications. Son style était flamboyant. En fait, c'est souvent le style qu'on cite lorsqu'on veut désigner le bon pdg.

La performance de M. Welch a été excellente, son titre enrichissant ses actionnaires 3,3 fois plus que le S&P 500 durant la même période.

Mais c'est de la petite bière si on la compare à celle des huit pdg décrits dans The Outsiders. Dans l'ensemble, ces dirigeants ont surperformé le S&P 500 par plus de 20 fois et leurs pairs, par 7 fois.

Ces dirigeants sont Tom Murphy (Capital Cities Broadcasting), Henry Singleton (Teledyne), Bill Anders (General Dynamics), John Malone (TCI), Katharine Graham (Washington Post Company), Bill Stiritz (Ralston Purina), Dick Smith (General Cinema) et Warren Buffett (Berkshire Hathaway).

Si le seul nom que vous connaissez bien est le dernier, ne vous en faites pas. En effet, le premier point commun des dirigeants vraiment exceptionnels, c'est qu'ils fuient les médias, la renommée et les projecteurs. Ils préfèrent travailler dans l'ombre.

L'exemple de Singleton

Comme l'explique William Thorndike, ces pdg vivent dans un univers parallèle, défini par l'adoption de principes communs, une sorte de vision du monde faisant en sorte qu'ils font partie d'un village intellectuel minuscule qu'il appelle «Singletonville», en hommage à Henry Singleton (Teledyne).

Ce dernier est un bon exemple de performance exceptionnelle en plein anonymat. M. Singleton a ainsi fondé Teledyne au début des années 1960 pour devenir un des plus grands dirigeants de l'histoire.

Bien avant que ce ne soit populaire, il a racheté 90 % de ses actions, a évité le paiement de dividendes, s'est concentré sur les fonds générés par les activités plutôt que les bénéfices publiés, a insisté pour avoir une organisation décentralisée, n'a jamais fractionné son titre. M. Singleton n'a jamais fait la Une du magazine Fortune.

Résultat : pendant presque 30 ans à la tête de Teledyne, son rendement annuel composé a atteint 20,4 %, ce qui signifie que 1 $ investi dans son titre en 1963 valait 180 $ à sa retraite en 1990. Il a enrichi ses actionnaires 12 fois plus que le S&P 500 !

Son succès s'explique par le principe de la rationalité radicale, écrit M. Thorndike. Par exemple, le plus important travail de ces pdg est de bien investir leur capital. C'est pour cela qu'ils décentralisent leurs activités, de façon à avoir plus de temps pour réfléchir à la meilleure façon d'enrichir leurs actionnaires.

Leur premier but n'est pas la croissance, c'est l'optimisation de la valeur par action de la société, rien d'autre !

20 fois mieux que le S&P !

Sur la plan personnel, leurs principales qualités communes sont leur indépendance d'esprit, leur capacité d'analyse et leur frugalité. De plus, ils évitent de s'entourer d'un troupeau de conseillers comme des banquiers de Wall Street. Par exemple, John Malone, de TCI, rencontrait des vendeurs potentiels avec seulement des feuilles jaunes et un stylo. Pas d'avocats ; pas de banquiers.

Tous ces dirigeants pouvaient passer de longues périodes sans activité, suivies de périodes de grande activité, selon les contextes et selon les occasions.

Tous, sauf Warren Buffett, ont racheté des quantités élevées de leurs actions lorsque les prix étaient déprimés.

Les mots me manquent pour rendre justice à ce livre qui parle de ces dirigeants qui ont enrichi les actionnaires au-delà de toutes leurs attentes.

DE MON BLOGUE

Bourse

Les meilleurs dirigeants de la planète

Si je vous demandais de me nommer les 30 meilleurs dirigeants du monde, je pense que vous auriez bien des problèmes, notamment parce que c'est en soi une tâche difficile qui repose en partie sur une évaluation subjective.

L'hebdomadaire financier Barron's a fait cet exercice qu'il a publié en manchette dans une récente édition. Le résultat est très intéressant. (...)

Je me suis d'ailleurs demandé à quoi ressemblerait un classement semblable au Canada et au Québec. J'ai identifié rapidement quelques dirigeants supérieurs au Québec, mais j'ai eu beaucoup plus de difficulté à en nommer une vingtaine au Canada. Quels seraient vos choix si vous aviez à dresser le classement des 20 meilleurs dirigeants de sociétés ouvertes, peu importe leur taille ?

Vos réactions

«Mon top 4 : 1- Stanley Ma (Groupe MTY) ; 2- Brian McMannus (Stella-Jones) ; 3- Alain Bouchard (Alimentation Couche-Tard) ; 4- Larry Rossy (Dollarama). Stanley Ma travaille uniquement dans le but d'enrichir les actionnaires. Brian McMannus est un génie du combo croissance par acquisitions/croissance interne. Alain Bouchard fait des miracles dans un environnement de marges microscopiques. Avec Larry Rossy, je me sens en confiance pour l'avenir comme avec un Warren Buffett.»

- alexouellet

Les pdg d'exception décentralisent leurs activités, de façon à avoir plus de temps pour réfléchir à la meilleure façon d'enrichir leurs actionnaires.

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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