En ces temps difficiles, les entrepreneurs québécois ont besoin d'exemples d'entreprises qui réussissent. Averna en est un. L'entreprise montréalaise met au point des systèmes qui simulent le fonctionnement d'équipements électroniques et de télécommunications et mesurent leurs comportements en réponse à cette simulation; ce processus est nécessaire pour améliorer la fabrication de ces équipements. L'entreprise n'en finit plus de grossir. Depuis 2003, son chiffre d'affaires a été multiplié par 25. En 2008, ses revenus ont grimpé de 23 à 50 millions de dollars. Son effectif atteint désormais les 230 personnes.

Entrevue avec son pdg, Pascal Pilon, nommé Personnalité du mois en technologies de l'information.

Journal Les Affaires - Quel est la clef du succès d'Averna tandis que beaucoup d'entreprises en arrachent en ce moment ?

Pascal Pilon - Même durant un ralentissement, il y a des créneaux qui fonctionnent bien. Le sans-fil en est un qui croît merveilleusement. Nos ventes ont augmenté auprès de plusieurs clients importants, comme Research in Motion, à qui nous fournissons des plateformes de test et de mesure qui servent à ses sous-traitants pour la fabrication des appareils BlackBerry. Nous avons aussi consenti beaucoup d'efforts pour mettre en place nos réseaux de distribution et de vente. Nous avons eu beaucoup de succès avec nos distributeurs au Japon et en Allemagne. Enfin, nous sommes particulièrement combatifs en marketing. Nous surpondérons depuis plusieurs années nos investissements dans ce domaine par rapport à nos concurrents. Nous récoltons aujourd'hui les fruits de cette politique.

JLA - Bref, investir en temps de vaches grasses pour récolter en temps de vaches maigres. Prévoyez-vous encore doubler vos revenus cette année ?

P.P. - Il y a quand même un ralentissement, mais nous tablons sur une croissance annuelle de 45 % jusqu'à la fin de la récession.

JLA - Cette croissance sera-t-elle interne ou se fera- t-elle par acquisitions ?

P.P. - Les deux. Nous sommes d'ailleurs en train de finaliser l'achat d'une société américaine qui nous apportera une dizaine de millions de dollars de revenus supplémentaires.

JLA - Quels sont les conseils que vous donneriez à vos homologues québécois en ces temps difficiles ?

P.P. - Osez prendre des décisions. Dépensez en prévoyant que vos revenus seront faibles. Protégez vos profits, pas vos revenus. Évitez de prendre des risques dont les répercussions vous échappent. Enfin, prenez des parts de marchés : investissez en R-D si vous en avez les moyens et redoublez d'ardeur aux ventes. C'est le bon moment pour établir des relations d'affaires.

jerome.plantevin@transcontinental.ca