Ce que les entreprises doivent faire de leur encaisse

Publié le 16/02/2013 à 00:00, mis à jour le 14/02/2013 à 09:38

Ce que les entreprises doivent faire de leur encaisse

Publié le 16/02/2013 à 00:00, mis à jour le 14/02/2013 à 09:38

L'été dernier, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a critiqué les entreprises canadiennes parce qu'elles accumulaient des liquidités aux dépens de la croissance économique.

Le 29 janvier, à la suite de la publication d'une étude, le Congrès du travail du Canada (CTC) accusait les sociétés d'accumuler lde l'encaisse au lieu d'investir dans la création de bons emplois au Canada. Le CTC représente plus de trois millions de syndiqués.

Il est curieux que le grand patron de la banque centrale du pays tienne le même discours que la plus importante organisation syndicale pancanadienne. Peu importe, à mon avis, c'est un faux problème.

Il est vrai que les entreprises canadiennes accumulent de l'argent depuis des années. C'est d'ailleurs un phénomène mondial.

Selon l'étude du CTC, de 2001 à 2011, le total des réserves de liquidités des sociétés privées non financières du Canada est passé de 187 à 575 milliards de dollars.

Une étude faite par RBC Global Asset Management arrive au même résultat et estime l'encaisse canadienne à 600 G$ US. Une somme qui représente 32 % du PIB du Canada.

Aux États-Unis, où on observe le même phénomène, l'encaisse des entreprises ne représente que 9 % du PIB américain.

Il est vrai que, si tout cet argent était investi dans des projets, toute l'économie canadienne en profiterait, du moins à court terme.

La bonne nouvelle

Même si c'est vrai, cela ne veut pas dire pour autant que les entreprises conservent une plus grande encaisse qu'elles ne le devraient.

Cette réalité est la conséquence positive d'une tendance à la réduction de l'endettement des entreprises. Selon les données de la Banque du Canada, le ratio d'endettement des sociétés (dette totale par rapport à l'avoir des actionnaires) est passé de 1,5 au milieu des années 1990 à moins de 0,9 actuellement.

Il faut replacer la situation actuelle dans le contexte des deux dernières décennies. Durant les années 1990, les économies du Canada et des États-Unis ont profité d'une orgie de dépenses en immobilisations et en capital, laissant plusieurs secteurs industriels avec d'importants surplus de capacité de production.

Il y a eu ensuite l'éclatement de la bulle Internet, la récession de 2002 et la reprise économique qui a mené à la crise financière de 2008-2009.

Bien des dirigeants ont été traumatisés par ces événements. Après avoir été enthousiastes, voire euphoriques, ils font maintenant preuve d'une grande prudence.

Cette prévoyance est compréhensible. Il est plus difficile de dire si elle est exagérée.

J'ai un peu de mal à accepter qu'on critique les entreprises en raison de ce qui me semble une vertu. Il serait beaucoup plus inquiétant de voir les dirigeants dépenser sans compter, ce qui ferait exploser leur endettement.

Regarder d'où viennent les critiques

C'est là qu'il faut tenir compte des intérêts de ceux qui critiquent.

Pour un organisme syndical comme le CTC, ce qui importe, c'est le nombre de travailleurs. Plus ils sont nombreux, plus le nombre de syndiqués augmente. Il est facile de comprendre le préjugé positif à l'égard des projets d'investissement.

Dans le cas du futur ancien patron de la Banque du Canada, il est critiqué en raison de la faiblesse de l'économie du pays, malgré sa politique de bas taux d'intérêt. Comme tout être humain, sa réaction est de montrer du doigt un coupable très visible.

M. Carney est probablement frustré du fait que les entreprises conservent leurs liquidités même si les bas taux d'intérêt punissent en théorie cette décision.

Ficher la paix aux entreprises

Le but d'une entreprise n'est pas de créer des emplois ou d'aider la croissance économique, mais de faire fructifier le capital de ses actionnaires de façon optimale. La croissance et l'emploi sont des résultats du travail des sociétés.

Cela dit, les entreprises ne conservent pas de l'encaisse pour le plaisir. Je peux vous assurer que, si les dirigeants voyaient la possibilité de réaliser des rendements intéressants, ils le feraient rapidement. Ce n'est pas le cas.

L'argent qui dort, pour reprendre l'expression de Mark Carney, ne dort pas vraiment. Il ne fait que se reposer en attendant que les dirigeants lui trouvent une destination intelligente, selon leur évaluation et le contexte.

Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne soit investi. Qu'on fiche la paix aux entreprises !

DE MON BLOGUE

Bourse

Les leçons du désastre Dell

La privatisation de Dell est peut-être une bonne nouvelle pour les chanceux qui ont acheté le titre sous les 10 $ US récemment, mais c'est un désastre pour l'ensemble des actionnaires.

Le titre de Dell a atteint un sommet au plus fort de la bulle techno, se négociant à plus de 50 $ US en 2000. Le marché lui donnait une valeur de plus de 100 G $ US à ce moment.

Évaluant à 62 fois les profits en 1999, les investisseurs ont ensuite réduit année après année le prix qu'ils acceptaient de payer les bénéfices de Dell, et pour de bonnes raisons.

En effet, depuis 2007, Dell est en déclin, ses revenus étant en baisse de 10 % depuis ce temps, malgré la reprise économique. De plus, ses marges bénéficiaires chutent, étant passées de 6,8 %, en 2005, à 4,4 %, lors des quatre derniers trimestres.

Vos réactions

«C'est le même Michael Dell qui avait déclaré en 1997 : "Apple should shut down the company and sell the stock back to shareholders".»

- monsieur gentil

«Au prix actuel du titre, je ne suis pas certain que les actionnaires vont déposer leurs actions.»

- ww

bernard.mooney@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/bernard-mooney

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