Bois des Caryers : chèque en bois et fisc aux trousses

Publié le 26/01/2013 à 00:00, mis à jour le 24/01/2013 à 09:09

Bois des Caryers : chèque en bois et fisc aux trousses

Publié le 26/01/2013 à 00:00, mis à jour le 24/01/2013 à 09:09

Le projet de copropriétés du Bois des Caryers, à Montréal, connaît une série de rebondissements : chèque sans provision, hypothèques légales, implication de proches de la mafia... Malgré tout, les promoteurs Patricia Navarro et Allan Schachter assurent que la construction des 500 unités avance rondement.

Leur société à numéro, responsable du projet, peine pourtant à payer ses créanciers. En juin dernier, au moment de rembourser un prêt de construction à un partenaire de Tony Accurso, Amit Gupta, l'entreprise a même envoyé un chèque sans provision de 1,32 million de dollars. Elle était à court de liquidités.

Amit Gupta a alors engagé une poursuite pour se faire rembourser. Début janvier, la Cour supérieure lui a donné raison. Le promoteur du Bois des Caryers s'engage donc à le rembourser graduellement et donne des unités du projet en garantie.

Revenu Québec aussi tente de se faire rembourser une dette. Le fisc a enregistré début janvier une hypothèque légale de 884 445 $, garantie par des lots du Bois des Caryers, situé dans l'arrondissement LaSalle, à l'ouest du parc Angrignon. «Ça va être réglé dans les prochains jours, assure Patricia Navarro, dans un message téléphonique à Les Affaires. Eux aussi nous doivent de l'argent : il y a des crédits qu'ils n'ont pas appliqués.»

La liste des créanciers frustrés du Bois des Caryers ne s'arrête pas là. Depuis juin 2011, huit entreprises ont pris des garanties légales sur des parties du projet, totalisant 1,27 M$.

Aux débuts du projet, Ricardo Magi était aux commandes avec Patricia Navarro. Comme elle, il était actionnaire de la société à numéro qui a acheté le terrain et construit les copropriétés.

Les Magi font fuir un prêteur

Ricardo Magi et son frère Tony étaient les associés du fils du parrain Vito Rizzuto, Nick Rizzuto Jr., assassiné en décembre 2009 devant les bureaux de leur entreprise de construction, rue Upper Lachine, à Montréal. Ces dernières années, Tony Magi et sa femme ont tous deux survécu à des tentatives de meurtre. En 2010, Tony Magi a plaidé coupable à l'accusation d'avoir détenu une arme semi-automatique sans dispositif de verrouillage.

«J'ai travaillé avec eux pendant des années, reconnaît Patricia Navarro. Mais je n'ai plus rien à voir avec Ricardo Magi.» Allan Schachter l'a remplacé comme actionnaire et administrateur de l'entreprise qui pilote le projet, selon le Registre des entreprises.

Patricia Navarro dit cependant traiter quelquefois avec Tony Magi. «Je le consulte, parce que c'est un génie dans son domaine, et j'ai eu besoin de ses conseils à quelques reprises.»

Cette relation ne plaît pas à tous. Un des prêteurs du Bois des Caryers, les fonds Centria Capital, financés par un fonds de Fiera Capital, a même cessé de lui accorder des prêts en 2010. «Ça a secoué un peu à l'interne, racontait Jean Gamache, pdg de Centria, à Les Affaires, l'automne dernier. Nous sommes sortis du projet, à cause de la réputation de Tony Magi.»

Centria a pris des garanties totalisant 46 M$ sur les terrains du projet en 2009 et 2010 pour couvrir ses prêts. Maintenant que le fonds s'est retiré, «la trésorerie est un peu plus difficile», concède le directeur des ventes du Bois des Caryers, Gilles Tremblay.

Selon une source dans l'industrie de la construction, ces liens avec le crime organisé sont inquiétants pour l'avenir du projet. «Ça ne change rien au produit final, mais certains acheteurs, à tort ou à raison, éviteront d'acheter les copropriétés, de peur de se faire avoir.»

Qu'à cela ne tienne : la construction du Bois des Caryers avance, assure Patricia Navarro. «Les ventes et la compagnie vont très bien, dit-elle. On devrait commencer nos prochaines phases au début du printemps.»

Après les 130 maisons de ville et 64 unités en duplex, le promoteur doit construire quatre immeubles de cinq ou six étages.

Juste avant Noël, un nouveau prêteur a remplacé Centria : Maurice Benisti, fondateur de la marque de vêtements Point Zéro. Sa société à numéro a pris une garantie de 7,5 M$ sur les terrains du projet.

Ni Tony ni Ricardo Magi n'a rappelé Les Affaires.

hugo.joncas@tc.tc

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