Au pays du fer et de l'effervescence soucieuse

Publié le 30/03/2013 à 00:00, mis à jour le 28/03/2013 à 09:24

Au pays du fer et de l'effervescence soucieuse

Publié le 30/03/2013 à 00:00, mis à jour le 28/03/2013 à 09:24

On termine la construction d'une nouvelle école primaire à Sept-Îles. L'événement n'est pas banal. Au Québec, les petites écoles sont régulièrement reconverties en centres communautaires pour clubs de l'âge d'or. La population vieillit. Mais à Sept-Îles, ces dernières années, les jeunes ménages ont afflué, attirés par les promesses renouvelées du Nord. L'effervescence est perceptible.

Mais ces jours-ci, cette effervescence prend un tour soucieux. Les nouvelles sont moins bonnes. Fermetures et reports d'investissements importants font les manchettes. La dernière en date concerne Gaz Métro, qui vient de décider de suspendre son projet de gazoduc devant relier la Côte-Nord au reste du Québec, en passant par le Saguenay. Le marché semble moins prometteur. Les ententes à long terme qu'on entrevoyait avec de gros clients industriels sont devenues plus aléatoires... faute de gros clients.

C'est un cercle vicieux : les nouveaux services pourraient appuyer de nouveaux projets industriels, mais ces projets dépendent en bonne partie de la présence des services en question. Il faudrait que quelqu'un bouge en premier.

Par exemple, l'organisme Développement économique Sept-Îles rêve d'une aciérie. Un projet pas si fou compte tenu de l'abondance d'électricité et de fer. Cependant, l'approvisionnement éventuel en gaz naturel constituait un autre avantage significatif. Il vient pour l'instant de s'évanouir.

Pour sa part, le CN vient de suspendre son projet de voie ferrée pour servir les nouvelles mines du Nord, un investissement évalué à 5 milliards de dollars -avant les extras.

Découragés, les gens de Sept-Îles ? Non. Peut-être préoccupés, mais ils en ont vu d'autres. La sévère crise des années 1980, pendant laquelle la population a diminué de moitié, leur a permis de relativiser les mouvements actuels. De toute façon, le rythme effréné des dernières années devenait insoutenable. Il était devenu impossible de se loger et les prix des résidences explosaient. Un ralentissement modéré serait plutôt bienvenu, pourvu qu'il ne s'éternise pas.

Et de gros acteurs sont toujours en place. L'Aluminerie Alouette, déjà la plus imposante des Amériques, envisage une nouvelle expansion pour 2015. Un peu plus bas sur la côte, l'énorme chantier hydroélectrique de La Romaine occupera 2 000 travailleurs jusqu'en 2016. On se croise les doigts pour que le marché mondial des métaux, actuellement déprimé, finisse par se redresser pour que se concrétisent les gros investissements évoqués plus tôt dans le cadre du développement nordique, alias le Plan Nord.

Sept-Îles est consciente de ses atouts et elle ne quémande pas l'aide des gouvernements. Mais il ne faudrait quand même pas que les gouvernements, celui de Québec en tête, lui donnent une jambette. Voilà pourquoi il serait dangereux de prolonger la valse-hésitation actuelle sur les redevances et autres politiques minières. Sinon, on pourrait se rendre compte que, sur la Côte-Nord, il n'y a pas que les rivières qui grondent...

(La semaine prochaine dans ces pages, un retour sur la récente Mission Grand Nord organisée par Les Affaires.)

Au crédit du Fonds de solidarité

Le Fonds de solidarité FTQ est apparu il y a 30 ans, au moment où le Québec peinait à se relever d'une grave récession. Le capital de risque se faisait rare, et on découvrait que les Québécois épargnaient peu pour leur retraite. Le Fonds FTQ a donc été conçu pour répondre en partie à ces deux enjeux.

Il fallait alors encourager les gens à contribuer à cet outil de placement qui s'aventurait hors des sentiers battus, et dont le rendement était forcément incertain. Depuis, le paysage financier a grandement changé, et Ottawa vient de signaler au Fonds qu'il n'y avait plus lieu d'attribuer à ses déposants le crédit d'impôt de 15 % qui servait d'alléchant incitatif.

À tort ou à raison ? Au-delà de ce débat, voici un autre facteur qui mérite considération. Dans les années 1970 et 1980, le Québec a été secoué par une série de conflits de travail très durs. Les manifestations étudiantes du printemps dernier n'étaient que de la petite bière à côté de la crise liée à l'emprisonnement des chefs syndicaux, en 1972-1973.

En entrant dans le capital des entreprises, en insistant sur l'éducation économique des travailleurs, le Fonds FTQ a servi à construire des passerelles qui ont aidé à assainir le climat de travail au Québec. C'est là un bénéfice collatéral de ses activités qu'il ne faudrait pas oublier.

DE MON BLOGUE

Crise chypriote

Berlin contre Moscou avec Chypre au milieu

Quand on parle de plan de sauvetage, l'Allemagne, en meilleure santé, se retrouve inévitablement au front. Mais les dirigeants allemands savent qu'il est impensable de dire à leurs citoyens que le pays va encore une fois puiser dans le trésor public, cette fois pour dépanner des millionnaires russes. Même si cela a toujours été nié, Chypre est réputée pour être un haut lieu du blanchiment d'argent.

Vos réactions

«Bon, si les gouvernements commencent à taxer nos épargnes, bientôt, ils auront certainement l'excellente idée de taxer l'air qu'on respire !»

- dencour

«Plan de sauvetage rejeté ! La mafia a peut-être déjà parlé. L'autre option, c'était "pas de sauvetage" et donc, la chute des banques chypriotes. On risque de finir par un plan C qui serait un sauvetage sino-indo-russo-américain avec des dizaines de milliards sortis de nulle part. La réouverture des banques risque d'être intéressante. Je commande le gros format de popcorn.»

- berixyz

Sept-Îles ne quémande pas l'aide des gouvernements. Mais il ne faudrait pas que les gouvernements lui donnent une jambette.

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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