Armez votre c.a. contre la crise

Publié le 06/06/2009 à 00:00

Armez votre c.a. contre la crise

Publié le 06/06/2009 à 00:00

Votre conseil d'administration est-il à la hauteur pour faire face à la crise économique ?

Dans un sondage récent effectué par la firme McKinsey, un administrateur de société sur trois avoue que non. Qui plus est, la moitié des répondants sentent que leurs collègues ne sont pas assez bien armés pour faire face à la tempête que nous traversons.

Le sondage a été effectué en février auprès de 200 administrateurs, dont 60 % sont établis en Amérique du Nord et en Europe. Bien que le Canada - et le Québec - soit moins touché par la crise que d'autres pays, la mobilisation de ses conseils d'administration demeure un enjeu majeur.

" Nous vivons une crise marquée par une grande volatilité des marchés financiers et qui force à réagir très rapidement, sinon on est mort ! " s'exclame Robert Chevrier, administrateur de plusieurs sociétés, dont CGI et la Banque de Montréal.

Dans ce contexte, le leadership du président du conseil est crucial.

" Il peut faire une différence énorme ", croit Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées. L'Institut organise justement un colloque, le 9 juin, sur le sujet de la gouvernance des c.a. durant la récession.

L'étude de McKinsey va plus loin : elle suggère aux présidents du conseil de " provoquer le changement " pour amener les administrateurs à penser autrement et à trouver des solutions innovatrices à la crise.

Tout un défi, car les c.a. sont des monstres de procédure. Les réunions, les ordres du jour et les échéanciers sont souvent fixés un an à l'avance.

Voici trois pistes pour aider votre conseil d'administration à prendre les meilleures décisions possible dans la conjoncture actuelle.

1 Bousculer le rythme

Augmenter la fréquence des réunions. " L'an dernier, les membres du c.a. de la Caisse de dépôt et placement se sont rencontrés 38 fois plutôt que 12 ", observe Michel Nadeau.

L'étude de McKinsey parle de " bousculer le rythme ". Réunions d'urgence, réunions de suivi, réunions pour savoir où en est l'entreprise en termes de financement et d'endettement, réunions pour mettre sur pied des comités, réunions pour revoir les occasions et les différents scénarios : bref, il faut sortir de la routine.

En plus d'être plus fréquente, l'information doit circuler plus rapidement. À cet égard, Internet et les webconférences peuvent aider.

Un conseil efficace demandera à la direction de l'alimenter davantage en scénarios, en évaluations et en données de toutes sortes. C'est le moment aussi de faire travailler les comités sur des problématiques précises, ajoute M. Nadeau.

2 Poser les " vraies " questions

Le président du conseil doit aussi encourager les membres à parler franchement et à soulever les bonnes questions, bref à dire les " vraies choses ", au risque de paraître ridicule.

Certains c.a., note l'étude, font venir des animateurs de l'extérieur pour provoquer ce style d'interaction, et d'autres ont recours à la technique des six chapeaux d'Edward de Bono, qui consiste à organiser la réflexion selon six modes de pensée symbolisés par six chapeaux de couleur différente (par exemple, les faits sont représentés par un chapeau blanc, les émotions et les intuitions par un chapeau rouge, et la prise de recul par un chapeau bleu).

3 Multiplier les initiatives sur le terrain

Selon l'étude de McKinsey, le président du conseil doit inviter ses administrateurs à multiplier les initiatives sur le terrain pour mieux connaître leur marché.

Rendre visite aux clients ou aux distributeurs et interviewer des cadres font partie des nouvelles pratiques à adopter. Michel Nadeau conseille aux administrateurs d'inviter des experts de l'extérieur à leur réunion : " Plus que jamais, on a besoin de canaux de communication dissidents pour stimuler la réflexion et l'innovation. "

suzanne.dansereau@transcontinental.ca

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