Air Canada : jusqu'où la poussée peut-elle aller ?

Publié le 02/11/2013 à 00:00, mis à jour le 30/10/2013 à 15:05

Air Canada : jusqu'où la poussée peut-elle aller ?

Publié le 02/11/2013 à 00:00, mis à jour le 30/10/2013 à 15:05

C'est une poussée qu'on n'avait pas réellement vu venir. Le titre d'Air Canada (Tor., AC.B, 5,29 $) a doublé en trois mois. L'envolée peut-elle se poursuivre ?

L'élan est surprenant. Dans les derniers trimestres, le transporteur canadien avait raté les attentes des analystes. Voilà cependant qu'au début août, les résultats ont surpassé les anticipations. Le consensus visait un bénéfice avant intérêts, impôts, amortissement et location d'appareils (BAIIALA) d'environ 330 M$. Il a été de 385 M$. Une performance notamment attribuable à des recettes supérieures sur le marché transatlantique.

Dans la foulée de cette nouvelle, le titre a bondi de près de 25 %. Comment expliquer cependant la suite de l'élan (les 75 % restants) ?

Par l'environnement de prix sur le marché intérieur ?

Pas vraiment. Raymond James indiquait la semaine dernière que, pour la première fois depuis 2009, les sièges-milles offerts (le nombre de sièges de la flotte multiplié par les milles parcourus) au Canada étaient en voie d'être plus importants que la croissance de la demande. Une donnée indicatrice de chutes de prix à venir. WestJet annonçait d'ailleurs il y a quelques jours une vaste vente de sièges, équivalant à un escompte de 15 % sur les résultats du dernier sondage de la firme.

Il serait donc étonnant que le marché ait continué de pousser le titre sur les données fondamentales du marché canadien.

Par l'environnement de prix sur le marché extérieur ?

Il pourrait y avoir de ça. On l'a vu plus haut, les vols transatlantiques ont connu une progression intéressante de 8 %. Les revenus aux États-Unis sont cependant demeurés stables et ont même légèrement reculé au cours du dernier trimestre (- 0,3 %).

Une prévision d'amélioration du contexte économique sur les marchés étrangers forme une partie de l'explication ; il y a quand même des limites à anticiper si fortement.

Par le plan d'expansion ?

Hum. Air Canada a récemment lancé son transporteur au rabais Rouge, qui se concentrera sur des destinations vacances. Quatre appareils y sont actuellement affectés, mais l'objectif est de porter la flotte à 33 à la fin de 2014, et à 42 à la fin de 2015. Ce sont de vieux appareils d'Air Canada qui voleront sur Rouge. On n'est personnellement pas très sûr de ce que sera la rentabilité du marché des voyages si la société ajoute autant d'appareils. Des acteurs comme Transat ne se laisseront pas «descendre» facilement.

Il serait étonnant que le plan d'expansion soit à la source de tant d'enthousiasme.

Par la réorganisation en cours, alors ?

Bingo ! C'est ici que semble se jouer le gros de l'affaire. Le transfert des vieux Airbus 319 et Boeing 767 à Rouge, dont la main-d'oeuvre travaillera à des conditions inférieures, fera significativement baisser les coûts d'exploitation de ces appareils. Une opération identique se fera avec des avions Embraer qui seront transférés au transporteur régional Sky.

Pendant ce temps, une demi-douzaine de nouveaux B787 arriveront en remplacement. Ces gros porteurs offriront apparemment des économies de près de 30 % sur les B767.

Toujours pendant ce temps, la compagnie ajoutera aussi cinq B777 à haute densité sur ses routes achalandées. Entrent également dans la réorganisation quelques initiatives au chapitre des coûts d'entretien.

Selon la direction, cela pourrait vouloir dire une réduction de coût par siège-mille disponible de 15 % sur un horizon pas tout à fait précisé, mais qui ne semble pas supérieur à deux ans. Traduction de Paradigm Capital : une réduction totale de coûts de 1 G $.

À des fins de perspectives, le bénéfice (BAIIALA) d'Air Canada a été l'an dernier de 1,3 G$. Wow ! Vous doublez le bénéfice et ajoutez du multiple parce que les risques associés aux activités s'estompent ; c'est un titre qui mérite de plus que doubler.

L'élan, peut-il se poursuivre ?

Le danger avec ce genre de calculs, c'est qu'on ne voit guère ce qui arrivera aux revenus. On l'a dit plus haut : Air Canada Rouge peut bien diminuer ses coûts sur une quarantaine d'appareils, si ceux-ci sont à moitié vides, ou volent à des prix dérisoires, ils risquent de devenir moins rentables qu'ils ne l'étaient auparavant. Évidemment, il n'est pas obligatoire de mettre en service ces appareils. Ils peuvent aussi être retirés, étant vieux et payés. Et Air Canada bénéficierait toujours des économies des nouveaux appareils. La société serait cependant alors bien loin des économies de 1 G$ puisque nombre d'appareils censés les générer ne voleraient plus...

Certains feront valoir que les multiples d'Air Canada sont toujours plus faibles que ceux de tous les concurrents étrangers (4 fois le BAIIALA 2014, par rapport à une moyenne de 5,5 fois aux États-Unis, selon Raymond James).

L'écart semble procurer un coussin de sécurité. Des analystes le voient à 7 $. Mais le chemin reste spéculatif et n'est pas fait pour les natures prudentes.

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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