À Candiac, Catania fait équipe avec des investisseurs de Chine

Publié le 09/02/2013 à 00:00, mis à jour le 07/02/2013 à 09:54

À Candiac, Catania fait équipe avec des investisseurs de Chine

Publié le 09/02/2013 à 00:00, mis à jour le 07/02/2013 à 09:54

C'est un des meilleurs secteurs de la nouvelle autoroute 30. Juste à l'est de la jonction avec la 15, au sud de Candiac, un groupe d'investisseurs chinois a racheté 1,5 million de pieds carrés à Catania en 2010, pour 9,58 M $. Mais l'entrepreneur, largement mis en cause dans le réseau de corruption dévoilé à la commission Charbonneau, s'est assuré de participer aux profits. Une entente lui garantit une bonne partie des revenus de revente des terrains.

Impossible de discuter avec les propriétaires des lots. Mais l'acte de vente stipule que Catania gardera 25 % de toute somme touchée lors de la revente des terrains, au-delà de 20 $ le pi2.

Ces terrains, vastes comme une vingtaine de terrains de soccer, sont situés juste à l'est de la gare de train de banlieue de Candiac, au coeur d'un projet-pilote de transit oriented development (TOD) de la Communauté métropolitaine de Montréal. Ce type de quartier rassemble des immeubles à haute densité et favorise l'usage du transport en commun.

Selon le consultant en projets résidentiels Gilles Ouellet, ces lots pourraient se revendre 35 à 40 $ le pi2 aux petits constructeurs.

Selon ses recherches, la nouvelle autoroute 30 a fait exploser le prix des terrains dans le secteur. «Il y a cinq ans, ils se vendaient 12 ou 13 $ le pi2, explique-t-il. Aujourd'hui, c'est plus de 25 $.»

Acheteurs chinois

La nouvelle propriétaire des terrains est une compagnie à numéro ayant ses bureaux dans un immeuble qu'a construit Catania, place de Java à Brossard. Selon le Registre des entreprises, les premier et troisième actionnaires ont leur adresse en Chine.

Les Affaires a tenté de joindre les responsables de l'entreprise, sans succès. Un «secrétaire» a décroché le téléphone, mais il a refusé de répondre à nos questions et a demandé de rappeler plus tard pour parler à «la patronne», Min Yin Wu. Nous n'avons cependant plus obtenu de réponse lors des tentatives suivantes.

Un certain Fernand Wang se charge des relations entre ces investisseurs et la municipalité. Joint par Les Affaires, il assure qu'il n'est «ni associé, ni partenaire financier» des propriétaires. «Je surveille les chantiers quand Mme Wu a besoin de moi», dit-il. Il refuse de donner tout autre information, ou même de nous mettre en contact avec elle.

Le 18 janvier dernier, Catania a revendu d'autres lots situés sur le territoire du futur TOD, pour 2,45 M$. L'acheteur des terrains, qui totalisent un demi-million de pieds carrés, est une autre entreprise présidée par Min Yin Wu, le Groupe Investissement Broad Canada, installée dans les mêmes bureaux, place de Java. Elle est contrôlée par d'autres investisseurs chinois et d'origine chinoise, selon le Registre des entreprises.

Catania responsable des infrastructures

L'acte de vente des lots acquis en 2010 contient aussi une «entente sur les infrastructures». En vertu de cette clause, Catania reste responsable de la construction des services municipaux des terrains : égouts, aqueduc, rues, éclairage urbain et «toutes les structures requises».

«L'entreprise s'est départie de l'ensemble de ses employés et des équipements liés aux opérations de construction», mentionne cependant Mylène Forget, relationniste externe responsable du compte de Catania. L'entrepreneur assumera néanmoins «la responsabilité financière des charges associées aux travaux d'infrastructures», dit-elle.

Le directeur général de la Ville de Candiac ignorait l'existence de la clause selon laquelle la réalisation des travaux municipaux était confiée à Catania sur ses anciens terrains dans la zone TOD. «Nous n'excluons pas de nous charger nous-mêmes de la construction des équipements», dit David Johnstone. Il ajoute que la municipalité compte de toute façon «investir dans la surveillance des travaux».

En octobre, Québec et la Communauté métropolitaine de Montréal octroyaient à Candiac une subvention de 100 000 $ pour concevoir son projet de TOD. Le pdg de Catania, André Fortin, affirme par courriel que l'entrepreneur n'y jouera «aucun rôle».

Dans l'affaire du Faubourg Contrecoeur, dans l'est de Montréal, l'Unité permanente anticorruption a arrêté en mai dernier les trois principaux dirigeants de Catania : Paolo Catania, André Fortin et Martin D'Aoust.

hugo.joncas@tc.tc

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