À bas la fatalité : il faut réagir à la fermeture de Shell

Publié le 23/01/2010 à 00:00

À bas la fatalité : il faut réagir à la fermeture de Shell

Publié le 23/01/2010 à 00:00

Les ordinateurs dont dispose l'école primaire Saint-Octave, à Montréal-Est, lui ont été fournis par Shell.

Quelque 800 fournisseurs locaux alimentent l'industrie lourde de l'est de l'île en biens et services. Plus du quart de leur chiffre d'affaires est lié à la raffinerie Shell. Impact social, impact économique : depuis 75 ans, les massives installations de Shell ont pris une importance cruciale dans la vie de la collectivité de l'est de l'île. À moins d'un miracle, elles sont condamnées.

Il a été beaucoup question des 500 emplois en jeu, des emplois parmi les mieux payés de toute l'industrie locale. Mais dans les faits, on mesure à peine le choc causé par l'annonce de cette fermeture.

Si le scénario prévu se réalise, il ne restera qu'une trentaine de salariés chargés de veiller à ce qui ne sera plus qu'un terminal, un entrepôt de produits pétroliers. Fini, le va-et-vient des sous-traitants. Même les restaurateurs encaisseront le coup. Sans parler du déclin de l'engagement communautaire de Shell dans toute la pointe de l'île, de Pointe-aux-Trembles à Rivière-des-Prairies.

Les acteurs locaux espèrent ardemment que Shell maintiendra à tout le moins son engagement social. C'est possible.

Reste que la pétrochimie montréalaise demeure sous pression. L'Association industrielle de l'est de Montréal (AIEM) est inquiète. Les bonnes nouvelles ont été rares ces dernières années. Il y a bien eu l'arrivée de l'espagnole Interquisa (aujourd'hui Cepsa Quimica), qui a investi près de 1,5 milliard de dollars en 2003 dans son usine d'acide téréphtalique, un produit qui sert notamment à fabriquer le polyester. Cependant, Suncor a abandonné le projet d'usine de cokéfaction dans ce qui devient maintenant la dernière raffinerie de Montréal, celle de Petro-Canada. Petromont a cessé ses activités en 2009. Basell l'avait précédée. Quatre autres raffineries ont disparu depuis les années 1980.

Jadis, la filière pétrochimique était bien intégrée. Elle ne l'est plus. " Bien sûr, certains produits pétrochimiques de base peuvent venir d'ailleurs, dit André Brunelle, président de l'AIEM et de l'entreprise Parachem. Mais quand on possède le savoir-faire et les moyens, il est préférable de réaliser le travail soi-même. Sans compter qu'on risque de perdre des ressources de pointe, ingénieurs, techniciens et autres, qui pourront difficilement retrouver ici les mêmes conditions de travail. "

Ce qui fait encore plus mal, c'est de constater que certains se réjouissent de ces malheurs. Peu importe les millions de dollars envolés et le drame que vit la collectivité, la qualité de l'air va en profiter, paraît-il.

Oui, il fut un temps où l'air était moins pur dans l'est de Montréal. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une légende urbaine. Les relevés du Réseau de surveillance de la qualité de l'air de Montréal sont éloquents. C'est dans l'est de l'île de Montréal que la qualité de l'air est la meilleure, si on compare aux secteurs ouest, nord et sud ! Et lorsque l'indice de qualité de l'air est mauvais dans l'ensemble de l'île, le poste d'échantillonnage situé dans le secteur des raffineries présente l'un des meilleurs résultats, en fait le troisième sur les neuf postes du territoire montréalais.

Comment est-ce possible ? " Tout simplement parce que la mauvaise qualité de l'air est en bonne partie due aux poêles à bois, qui émettent beaucoup de particules ", répond Pierre Frattolillo, conseiller auprès de l'AIEM. " La fermeture de la raffinerie de Shell n'aurait qu'une incidence marginale sur la qualité de l'air ", ajoute-t-il.

Et s'il fallait prendre la mesure de la menace que présente la fermeture de la raffinerie, Georges Mercier, président de la Chambre de commerce de la Pointe de l'île, rappelle que les prix de l'immobilier ont diminué dans le secteur Pointe-aux-Trembles en 2009, alors qu'ils ont augmenté ailleurs sur l'île. " On ne peut pas baisser les bras en se disant que la vie va continuer. Nous devons réagir. "

Heureusement, le milieu se mobilise. Dès la fin de la semaine dernière, plusieurs organismes de l'est de Montréal ont lancé une contre-offensive, à l'initiative de la Société de développement économique (SODEC) locale. Il faut les applaudir. Le Québec se résigne trop facilement. Il faut cesser de s'incliner en invoquant la fatalité.

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