20 sociétés canadiennes à risque

Publié le 08/11/2008 à 00:00

20 sociétés canadiennes à risque

Publié le 08/11/2008 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Vous êtes alléché par un titre qui s'échange à un cours d'aubaine à la Bourse de Toronto ? Pas si vite !

Avant de l'acheter, assurez-vous que le niveau d'endettement et les engagements financiers de cette entreprise ne la rendent pas vulnérable, en ayant à l'esprit que la crise rend le crédit plus coûteux et plus difficile à obtenir.

Voici 20 sociétés canadiennes exposées à un risque élevé qui ont été identifiées à l'aide du logiciel d'analyse StockPointer.

Il s'agit d'entreprises dont le ratio de la dette à long terme par rapport aux fonds propres dépasse de 33 % la moyenne des titres de de l'indice S&P/TSX, et celles dont le rendement du capital est inférieur à 8 %.

Sans dire que ces titres doivent être vendus - après tout, leurs cours ont déjà plongé de 46 % en moyenne en 2008 -, plusieurs de ces entreprises pourraient grandement pâtir si la conjoncture se détériore.

Feux rouges

Nous avons attribué un feu rouge à 15 sociétés canadiennes dont l'endettement élevé, le faible rendement du capital et les flux de trésorerie insuffisants les placent dans la situation financière la plus précaire.

TimberWest Forest et Norbord

Dans l'industrie forestière, TimberWest Forest et Norbord sont les plus fragiles.

La vente de bois d'oeuvre n'est pas rentable au prix actuel, si bien que le producteur TimberWest laisse ses arbres pousser, vend des terres à des promoteurs immobiliers et emprunte pour payer ses distributions. Il pourrait annoncer une restructuration de son capital le 13 novembre. Sa distribution de 1,08 $ est menacée.

Pour sa part, Norbord, deuxième fabricant de panneaux au monde, pourrait suspendre son dividende en 2009 afin de respecter ses conditions de financement, puisque ses flux de trésorerie pourraient être négatifs au cours des cinq prochains trimestres, selon Scotia Capitaux.

Déficitaire depuis 2007, Norbord devra emprunter d'autres fonds à son principal actionnaire, Brookfield Asset Management, prévoit Stephen Atkinson, de BMO Marchés des capitaux.

Fort Chicago et Algonquin Power

Parmi les fiducies spécialisées dans les infrastructures d'énergie, Fort Chicago et Algonquin Power sont plus endettées, ont des échéances à plus court terme et ont puisé davantage dans leur crédit bancaire disponible que leurs semblables, note la Financière Banque Nationale.

Ainsi, la dette nette de Fort Chicago, copropriétaire du pipeline de gaz naturel Alliance, représente 61 % de son capital total.

Pour sa part, le producteur indépendant d'électricité et d'énergie renouvelable Algonquin Power vient de réduire sa distribution de 74 %, car il compte réaliser des acquisitions.

" L'incertitude entourant le changement radical de sa stratégie augmentera la volatilité du titre et son coût en capital ", prévoit Michael McGowan, de BMO Marchés des capitaux.

Opti Canada et Compton Petroleum

Opti Canada, partenaire de Nexen dans le projet de sables bitumineux de Long Lake en Alberta, a peu de marge de manoeuvre financière.

Elle pourrait contrevenir aux conditions de son crédit bancaire dès juin 2009 si son usine de traitement connaît des difficultés de démarrage et si sa production de pétrole est plus basse que prévu au premier semestre de 2009, note Gordon Gee, de RBC Marchés des Capitaux.Au-delà de la mi-2009, la société aura de la difficulté à réduire son endettement si le prix du baril de pétrole ne dépasse par 70 $ US, affirme M. Gee.

Quant à Compton Petroleum, ses perspectives sont assombries par le départ prochain de son président, Ernie Sapieha, et l'échec de sa mise aux enchères. Le producteur de gaz naturel albertain est deux fois plus endetté que ses semblables, souligne Jason Bouvier, de RBC Marchés des Capitaux.

Déjà, l'entreprise limite ses dépenses afin de préserver ses flux de trésorerie, ce qui l'obligera à diminuer sa production l'an prochain.

Nortel Networks

Après huit ans de restructuration, Nortel Networks est encore bien mal en point. Elle ne dégage pas de flux de trésorerie positifs depuis près de 11 trimestres, note Mark Sue, de RBC Marchés des Capitaux.

Le fabricant d'équipements de télécommunications dispose d'une encaisse de 3 milliards de dollars (G$), mais sa dette de 4,5 G$ l'oblige à vendre sa division de produits Metro Ethernet. Nortel ne bénéficie d'aucun avantage concurrentiel dans les gammes de produits qu'il lui reste.

Les Aliments Maple Leaf

Les effets de la contamination de ses viandes par la Listéria l'été dernier ont miné la tentative de redressement des Aliments Maple Leaf.

En conséquence, le premier transformateur alimentaire au pays doit reporter certains investissements et couper encore dans ses coûts en 2009, afin de diminuer son endettement. La société respecte toutefois les conditions de son financement bancaire.

À partir de l'an prochain, la société devrait bénéficier de sa restructuration et de la baisse des prix de plusieurs denrées qu'elle achète, à condition que les consommateurs ne boudent pas ses produits, estiment Irene Nattel, de RBC, et Michael Van Elst, de TD Newcrest.

Feux jaunes

Nous avons attribué des feux jaunes à cinq entreprises qui, malgré leur endettement élevé, sont moins fragiles, car leur taille ou la nature de leurs activités atténuent leur profil de risque et facilitent l'accès au capital.

Quebecor

Quebecor est le deuxième groupe médiatique le plus endetté du pays, mais sa dette élevée soulève peu d'inquiétude pour le moment.

La croissance des revenus et les flux de trésorerie excédentaires que lui procurent Vidéotron, qui représente 75 % de la valeur du titre de Quebecor, rassurent les financiers.

De plus, Quebecor n'a aucune dette majeure qui vient à échéance au cours des deux prochaines années. " Avec des flux excédentaires et son accès à 1,3 G$ de financement, Vidéotron a les moyens de financer son expansion dans le sans-fil sans enfreindre les conditions de ses ententes bancaires ", dit Jeffrey Fan, d'UBS.

Quebecor prévoit dépenser jusqu'à 1 G$ d'ici quatre ans pour installer et offrir son propre service de téléphonie sans fil au Québec.

Fortis et Enbridge

L'industrie de l'électricité et de l'énergie est plus risquée depuis quelques années.

Tous les fournisseurs ont profité d'années prospères pour améliorer leurs infrastructures et réaliser des acquisitions par endettement afin de soutenir leur rendement élevé de l'avoir des actionnaires, explique Pierre Bernard, gestionnaire chez IA Clarington.

Toutefois, la nature récurrente des revenus du fournisseur d'électricité Fortis et du principal transporteur de gaz naturel par pipeline aux États-Unis, Enbridge, leur permet de supporter un endettement plus élevé que la moyenne.

" Ces entreprises ne sont pas à l'abri de banquiers plus exigeants ou d'une chute des prix de l'énergie. Néanmoins, il faudrait des hypothèses assez catastrophiques pour imaginer que Fortis ou Enbridge puissent connaître de graves difficultés financières ", estime M. Bernard.

Leurs dettes accrues financent des éléments d'actif qui ont une longue durée de vie et qui procurent des revenus assez stables. Ces deux facteurs leur procurent un statut un peu privilégié auprès des banquiers, estime Laurie Conheady, de BMO Marchés des capitaux.

Cascades

Le ralentissement mondial n'aidera en rien Cascades à retrouver le chemin de la rentabilité en 2009. Si la demande pour ses produits faiblit, le fabricant de cartons-caisses et de papier-tissu aura plus de difficulté à augmenter ses prix.

Au cours des prochains trimestres, Cascades devrait toutefois profiter de la chute des prix de matières premières qu'elle achète, dont le papier recyclé, les vieux cartons, la pâte et le gaz naturel, ainsi que celle du huard, dit Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins.

Bien qu'elle doive rembourser une dette de 925 millions en dollars américains en 2013, Cascades a su se protéger en partie de la fluctuation des changes grâce à l'achat de contrats à terme l'an dernier, précise M. Lacroix.

George Weston

George Weston, propriétaire du boulanger du même nom et de l'épicier Loblaw, a une dette à long terme deux fois plus élevée que la moyenne des entreprises du S&P/TSX.

Son rendement du capital de 6,7 % est aussi inférieur à la moyenne de 9,4 %, mais il reflète surtout une rentabilité affaiblie depuis deux ans par la hausse sans précédent des coûts de transport et des ingrédients des produits de boulangerie, et par la réorganisation de Loblaw.

La baisse récente du huard, et celle des prix du blé et du carburant devrait donner un coup de pouce à Weston en 2009, croit Ryan Balgopal, de Scotia Capitaux.

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour il y a 54 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour il y a 10 minutes | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.