" Il faut vendre le côté humain du génie pour attirer les filles "

Publié le 05/06/2010 à 00:00

" Il faut vendre le côté humain du génie pour attirer les filles "

Publié le 05/06/2010 à 00:00

Par Diane Bérard

La proportion de filles qui choisissent d'étudier en génie plafonne, malgré toutes les campagnes qui visent à les attirer. Qu'est-ce qui ne va pas ?

Les campagnes destinées à attirer les filles en sciences ne servent pas nécessairement le génie. On associe la science à la médecine, à la biologie et à la chimie, mais pas au génie. Pour la plupart des gens, le génie projette une vieille image; les ingénieurs construisent des ponts et des routes. C'est vrai, mais nos membres font beaucoup d'autres choses. Les campagnes de promotion sont nécessaires, mais ne suffiront pas à elles seules à augmenter le ratio de femmes en génie. Il faut diversifier notre offensive.

Quel est votre nouveau message aux filles, et comment l'avez-vous élaboré ?

Nous leur présentons le génie comme une science humaine. Une étude récente d'Ingénieurs Canada ainsi qu'une série de groupes de discussion menés par l'Ordre des ingénieurs du Québec nous ont appris que la plupart des adolescentes choisissent leur future profession en fonction de deux critères : elles veulent avoir une influence sur la société et travailler avec les gens. Or, selon elles, les ingénieurs ne contribuent pas au progrès social. Ce qui est faux. Prenez n'importe quel grand enjeu de société auquel le Québec fait face : la santé, le vieillissement de la population, l'environnement. Dans chaque cas, les ingénieurs contribuent à la solution. Nous aurons besoin de médicaments (génie chimique, génie biotechnique), de prothèses (génie biomédical), il faudra intégrer le développement durable à nos projets (génie des eaux). Voilà ce que nous expliquons désormais aux adolescentes que nous rencontrons dans les écoles. Même si les femmes ne compteront jamais pour la moitié des membres de notre profession, je suis convaincue que cette nouvelle façon de présenter le génie aux filles haussera leur présence au sein de la profession qui, pour l'instant, n'est que de 12 % au Québec.

Ce dossier est-il devenu prioritaire parce qu'une femme est à la tête de l'Ordre ?

Pas du tout. En devenant présidente, je n'ai jamais eu l'intention de jouer la carte du genre pour faire avancer la cause des femmes. Pour moi, augmenter le nombre d'ingénieures n'est pas un dossier idéologique, mais stratégique: alors que notre profession affronte un problème de relève grave, la moitié de la population ne la considère pas comme choix de carrière.

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