Le congédiement pour le moins particulier de sa PDG Carol Bartz met en relief les difficultés que connaît depuis maintenant quelques années Yahoo à se démarquer.
Qui sont les concurrents de Yahoo? Techniquement, tous les sites Internet du monde. En réalité, les grands noms du Web que l'on connaît tous: Google, Facebook, Microsoft, etc. Limitons-nous à ces trois noms pour le bien de l'exercice.
Il n'y a pas que du soleil chez ces trois entreprises, mais elles ont toutes quelque chose qui manque à Yahoo: un fil conducteur clair, une locomotive.
Google touche de près ou de loin à peu près à tous les domaines des technologies de l'information maintenant. Mais si quelqu'un parle de Google, vous allez instinctivement penser à son moteur de recherche.
C'est le grand fil conducteur autour duquel s'articule tout le reste: Gmail, Google Plus, la vente de publicité, Google Maps, Android, etc.
Ce sont tous de beaux wagons bien intéressants, mais s'ils avancent à toute vapeur, c'est qu'il y a une locomotive devant.
Quelle est la locomotive de Facebook? Le site lui-même. Le train Facebook compte peu de wagons en comparaison de ses concurrents, mais la locomotive est puissante et malgré les efforts de ses rivaux, on ne la sent pas sur le point de s'essoufler.
Le portrait s'obscurcit un peu chez Microsoft, un train si long qu'on en perd l'extrémité à l'horizon. Les locomotives de Microsoft sont faciles à identifier: Windows, Office, Internet Explorer. Sur le Web, j'y ajouterais Hotmail. Il y a d'autres gros wagons attachés au lot, mais ils suivent plus qu'ils ne tirent.
AOL est probablement l'entreprise qui se rapproche le plus de Yahoo! à l'heure actuelle et justement, on sent qu'elle se cherche un peu elle aussi. Le train AOL a plusieurs nouveaux wagons dont les attaches ne sont pas encore parfaitement fixées. Lequel se transformera en locomotive? Pas facile de parier là-dessus.
Mais revenons à Yahoo. Les vieux routiers d'Internet (dans la mesure où on peut être un « vieux routier » d'Internet) vont rire, mais si vous demandez à un utilisateur disons plus occasionnel du Web de votre entourage, je suis loin d'être certain qu'il sache que Yahoo fut un temps un moteur de recherche dominant. Clairement, ce n'est plus la force de l'entreprise.
Mais quelle est donc cette force?
Étrangement, d'après mon expérience personnelle, elle se trouve dans deux choses: les outils et le contenu spécialisé.
Je ne visite pas Yahoo très souvent, mais quand j'y vais, c'est à 90% du temps pour consulter un blogue sur le hockey que je considère être le meilleur de tous sur le sujet. Je sais que Yahoo en a d'autres du genre pour d'autres sports.
Yahoo a aussi quelques bons outils en ligne. Je semble obsédé par le sport (un peu), mais ses sites destinés à la gestion de « pools » sportifs sont bien conçus et très utilisés.
Il y a d'autres exemples anodins. Pour une raison mystérieuse, je suis toujours resté attaché au calculateur de devises de Yahoo, qui m'a toujours bien servi. Ses sites de nouvelles ont aussi souvent l'avantage d'être ergonomiques, à défaut de présenter de l'information originale.
Bref, Yahoo fait de bonnes choses. Elle a de bons wagons. Mais le premier mandat du nouveau PDG devrait être clair: identifier la locomotive. Ou en trouver une.
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À propos du blogue "Réseau sans filtre" :
Jean-François Codère suit les entreprises et les produits technologiques depuis maintenant 12 ans, pour le compte de diverses publications Web, imprimées et télévisées. Il s'intéresse particulièrement aux stratégies des entreprises et à l'innovation, la vraie, celle qui est accessible à tous, qui fait écarquiller les yeux et qui, petit à petit, change le monde.
