Ubisoft prête à se lancer dans les séries télé

Publié le 19/10/2011 à 14:18, mis à jour le 19/10/2011 à 15:49

Ubisoft prête à se lancer dans les séries télé

Publié le 19/10/2011 à 14:18, mis à jour le 19/10/2011 à 15:49

Une scène d'Assassin's Creed: Embers

Le « transmédia », c'est très à la mode présentement dans les productions artistiques et peu d'entreprises ont autant souligné leur intérêt pour la chose qu'Ubisoft. 

L'entreprise française de jeux vidéo, que l'on sait tous très bien implantée à Montréal, se concentre depuis quelques années déjà à se rapprocher de l'univers du cinéma. Elle s'est par exemple portée acquéreuse en 2008 de Hybride Technologies, une compagnie québécoise spécialisée dans les effets spéciaux. Elle a aussi créé une nouvelle division, Ubisoft Motion Pictures, dédiée entièrement à produire des films et des émissions basés sur ses jeux.

Mardi soir à Montréal, Ubisoft a présenté en première le court métrage Assassin's Creed: Embers. La franchise Assassin's Creed est la plus importante du portefeuille de propriétés intellectuelles de l'entreprise.

D'une durée d'une vingtaine de minutes, le scénario d'Embers se déroule après l'épisode Revelations, qui sortira sous la forme d'un jeu vidéo le 15 novembre prochain et qui constitue le troisième d'une trilogie. Embers sert en quelque sorte à conclure une histoire qui, pour diverses raisons, ne pouvait se conclure à l'intérieur d'un jeu vidéo.

Ce n'est pas la première fois qu'Ubisoft lance un court métrage pour accompagner la sortie d'un épisode d'Assassin's Creed. On se souviendra qu'en 2009, la minisérie Lineage avait fait appel au réputé réalisateur québécois Yves Simoneau et juxtaposait le travail de vrais comédiens québécois à des images de synthèse.

La stratégie, par contre, a beaucoup changé. Lineage, on s'en doute, a coûté très cher à produire. Le résultat était diffusé gratuitement sur Internet, via YouTube. Il n'y avait pas vraiment de modèle d'affaires, autre que d'assurer la promotion du jeu lancé au même moment (Assassin's Creed 2).

Ce fut différent dès l'année suivante, pour la sortie d'un autre jeu, Assassin's Creed Brotherhood. Le court métrage y étant associé, baptisé Ascendance, a été vendu. « Encore aujourd'hui, il est dans le top 20 des courts métrages les plus vendus sur iTunes », affirme son producteur, Louis-Pierre Pharand, qui est aussi producteur du petit dernier.

Ce sera donc aussi le cas pour Embers, que vous trouverez en vente sur Xbox Live, le Playstation Network ou iTunes. L'objectif est que ces « produits dérivés » ne soient plus seulement des outils de marketing pour le jeu, mais des produits rentables en eux-mêmes.

Pour y arriver, il a aussi fallu trouver une façon de réduire drastiquement les coûts de production. Embers a été conçu à l'aide d'une technologie entièrement développée par Ubisoft, baptisée Passenger, afin de pouvoir récupérer simplement les actifs dans lesquels l'entreprise a déjà investi pour la création du jeu lui-même: personnages, villes, textures, animations, etc.

Exemple concret: dans le film, on peut à un certain moment voir une place publique de la ville de Florence, peuplée de citoyens qui vaquent à diverses occupations. Normalement, il aurait fallu dessiner et animer chacun de ces personnages à la main et créer les bâtiments qui entourent la place. Or, ce travail a déjà été fait pour le jeu. Passenger permet de récupérer ce « matériel », peu importe le logiciel avec lequel il a été conçu, et de l'exporter vers une production plus cinématographique, peu importe le logiciel employé encore une fois.

« La technologie fonctionne de tous les outils vers tous les outils », résume Pierre Blaizeau, directeur technique et informatique chez Ubisoft Montréal.

Le résultat est facilement perceptible. Selon le producteur Louis-Pierre Pharand, il a fallu employer l'équivalent d'une quinzaine de personnes à temps plein pendant six mois pour boucler Embers. « En partant de zéro, il en aurait fallu facilement trois ou quatre fois plus. Dans certains corps de métier, ça aurait pu être 5, 6 ou même 7 fois plus. »

Quelle est la prochaine étape? « On est prêts pour des séries télé », estime M. Pharand, qui est aussi à la tête d'Ubi Workshop, dont c'est la mission de décliner les franchises d'Ubisoft sur d'autres plateformes.

« Une série télé comme Star Wars: Clone Wars (produite par LucasArts) coûtait environ 2 M$ par épisode de 22 minutes à produire, estime M. Pharand. Je ne vous dévoilerai pas de secret sur nos coûts, mais c'est beaucoup, beaucoup moins. »

Passenger semble par conséquent être un produit au potentiel commercial intéressant en soi, mais il n'est semble-t-il pas question de l'offrir à des concurrents pour l'instant. « Ce serait possible, mais ce n'est pas dans les plans », affirme M. Blaizeau.

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