Trop tôt pour l'iPad

Publié le 13/12/2011 à 17:45, mis à jour le 14/12/2011 à 10:11

Trop tôt pour l'iPad

Publié le 13/12/2011 à 17:45, mis à jour le 14/12/2011 à 10:11

Photo : Bloomberg

BLOGUE. Le CEFRIO a dévoilé mardi des chiffres qui vont très fortement intéresser tous ceux qui développent ou songent à développer des logiciels pour les tablettes numériques, en particulier l'iPad.

Ces chiffres illustrent à merveille les difficultés pour un gestionnaire de se fier à son expérience personnelle pour juger de celle de ses futurs clients.

Ainsi, même s'il semble que tous les gestionnaires du Québec: 1- possèdent et/ou 2- connaissent plusieurs gens qui possèdent un iPad, il n'y aurait en réalité que 5,2% des adultes québécois qui posséderaient une tablette numérique, selon les données du CEFRIO (PDF).

Cela veut donc dire à peine un adulte sur 20, et encore. La méthodologie n'est pas assez précise, mais on peut penser qu'il y a des couples, par exemple, qui partagent un appareil, ce qui voudrait dire qu'il y en aurait moins en circulation que ce que ce chiffre peut laisser penser.

J'ai déjà fait référence à cette espèce de dichotomie entre la vision de certains experts et la réalité au moment où on me demandait fréquemment de me prononcer sur l'avenir des journaux par rapport à Internet, quand ce débat était plus à la mode, il y a environ deux ans.

Moult experts en appelaient alors de façon alarmiste à la disparition des journaux, que « plus personne » ne lisait. En réalité, ces experts basaient souvent leurs savantes analyses sur un échantillon constitué d'une vingtaine ou, au mieux, une centaine de personnes constituant leur entourage. Or cet entourage était loin d'être représentatif de la population dans son ensemble. Pourquoi?

Parce que ces experts étaient souvent, par définition, des gens gagnant un bon salaire et, surtout, passant leurs journées assis devant un ordinateur. Dans ce groupe cible, effectivement, les journaux en papier ne sont pas ce qu'il y a de plus populaire. Sauf qu'il y a beaucoup d'autres groupes cibles.

Je donnais un exemple très personnel: je ne connais à peu près personne de mon entourage qui va chez Wal-Mart. Si je ne me fiais qu'à cela, je dirais que Wal-Mart est au bord de la faillite. Et pourtant, chaque fois que je passe devant un Wal-Mart, le stationnement est plein.

Le même genre d'aveuglement pousse à mon avis plusieurs entreprises québécoises à se précipiter beaucoup trop rapidement sur le développement d'applications spécifiques aux tablettes, en oubliant qu'en réalité, le marché est encore relativement petit.

Selon ces chiffres, il y aurait au mieux environ 300 000 tablettes en circulation au Québec, surtout des iPad, mais pas exclusivement. Comme la grande majorité des modèles d'affaires sur ces plateformes à l'heure actuelle font appel à la gratuité, et nécessitent par conséquent un bon volume, il faut rejoindre une très large portion de cet auditoire pour générer ce volume.

L'avantage, au moins, d'un point de vue d'affaires, est que ce public propriétaire de tablettes semble assez ciblé et intéressant pour des annonceurs. La tablette est ainsi presque trois fois plus populaire que la moyenne dans les foyers gagnant 80 000$ ou plus (14,4%) ou 100 000$ (17,8%). Elle l'est environ deux fois plus chez les gens âgés de 35-44 ans (9,1%) et les professionnels (10,3%).

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