SOPA est mort: qui a gagné?

Publié le 20/01/2012 à 14:55

SOPA est mort: qui a gagné?

Publié le 20/01/2012 à 14:55

BLOGUE. C'est la fin pour les controversés projets de loi SOPA et PROTECT IP (PIPA). Mais qui a gagné?

La Chambre des représentants et le Sénat américains ont tous deux annoncé qu'ils suspendaient tout débat devant mener à l'adoption de ces projets de loi touchant la protection de la propriété intellectuelle sur Internet.

Les deux lois étaient si mal ficelées qu'il était devenu évident que leurs chances d'être adoptées étaient nulles. Et encore plus évident qu'il ne fallait pas qu'elles le soient. Leur objectif étant toujours aussi légitime, elles reviendront probablement dans quelques mois, espérons-le sous une forme mieux réfléchie.

D'aucuns ont crié « Victoire! » au nom d'Anonymous, le groupe qui s'en est pris jeudi à des sites Internet comme celui du département de la Justice ou de compagnies de disques afin de décrier SOPA, PIPA et la fermeture du site d'échanges de fichiers MegaUpload.

C'est à mon avis bien mal juger les politiciens en général et les politiciens américains en particulier. Ce n'est certainement pas en commettant un acte illégal, comme Anonymous, que l'on arrive à convaincre des politiciens, au contraire.

Prenons un exemple local qui, bien que beaucoup plus dramatique, illustre cette affirmation.

Quand les motards criminalisés ont commencé à se sentir invincibles au Québec, il y a quelques années, ils ont voulu « lancer un message » au gouvernement en s'en prenant à des figures d'autorité publique. C'est ainsi qu'ils ont par exemple attaqué, et tué, des gardiens de prison (je répète que l'exemple est plus dramatique).

Est-ce que ces actes ont eu l'effet escompté sur les politiciens québécois? Pas vraiment. Au contraire, ils sont cités comme étant parmi les événements ayant mené à l'adoption de lois plus sévères, notamment la loi sur le gangstérisme.

Est-ce que de pirater des sites Internet va convaincre les politiciens américains qu'ils sont dans le tort? Au contraire, on risque de les conforter dans l'opinion déphasée qu'il n'y a que des pirates sur Internet.

Le pouvoir légitime

Ce qui a probablement eu beaucoup plus d'effet sur les politiciens, ce sont les manifestations faites mercredi par des entreprises et des groupes crédibles, notamment Wikipedia et Google.

Google, c'est le rêve américain. Quand on est un politicien américain et qu'on a à évaluer un projet de loi qui touche Internet et auquel Google s'oppose, disons qu'il faut être très certain de son coup pour penser que ce projet de loi est une bonne chose. Or, il est assez évident que le politicien américain moyen a une connaissance plutôt limitée « des Internets ».

Ceci dit, je ne voudrais pas non plus négliger l'apport du public internaute en général. Certes, sa voix a été entendue à Washington, mais je ne crois pas qu'elle aurait été assez forte pour tuer SOPA et PIPA à elle seule. Son rôle le plus important aura probablement été de susciter et de faire rayonner l'opposition de groupes plus sérieux (et plus riches).

Parce que la politique américaine reste la politique américaine, ce sont les entreprises, et non le peuple, qui ont eu raison de SOPA et PIPA.

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