Les pièges de l'investissement autonome

Publié le 14/11/2009 à 00:00

Les pièges de l'investissement autonome

Publié le 14/11/2009 à 00:00

" On n'est jamais mieux servi que par soi-même. " C'est par ces mots que Marc J. Ryan, vétéran du secteur des valeurs mobilières et éditeur du site Investisseurautonome.info, répond à notre question de savoir si l'investissement autonome est avantageux. Et pourtant, gérer soi-même ses placements recèle de sérieux écueils. Voici les six principaux à éviter.

1- Mal utiliser sa marge d'emprunt

Les comptes avec marge sont utiles aux investisseurs autonomes, dans la mesure où ils permettent d'acheter des titres attrayants rapidement sans devoir vendre auparavant d'autres titres moins performants.

Autre avantage non négligeable : vous pouvez déduire de vos impôts les intérêts payés sur marge si vous investissez à l'extérieur du REER ou du CELI. Par contre, les comptes sur marge sont très dangereux si on y voit une caisse à jetons de casino. " Il est très tentant de commencer à utiliser sa marge pour spéculer plutôt que pour investir ", dit Marc J. Ryan. Or, l'argent d'une marge ne vous est pas donné. C'est un prêt. Vous risquez de recevoir l'appel de votre courtier si la valeur de votre portefeuille diminue de 10 % lorsque vous investissez sur marge, et vous pourriez être forcé de liquider des titres en urgence.

Et l'effet de levier qu'implique l'emprunt sur marge est une arme à double tranchant. " C'est fantastique si vous gagnez, mais c'est épouvantable dans le cas contraire ", note M. Ryan. Négociateur actif à temps plein depuis six ans, Steve Leto, président de Transactions Excel, une entreprise qui donne de la formation sur le placement, dit avoir perdu beaucoup d'argent à ses débuts en abusant de sa marge.

2- Réaliser trop d'opérations

M. Ryan recommande aussi d'éviter de multiplier les opérations, sans quoi les frais de transaction pourraient gruger vos rendements. " Accumulez de l'argent dans un compte et négociez seulement avec des montants supérieurs à 5 000 $ ", suggère-t-il.

Pour Steve Leto, qui préconise une approche de placement à court terme, le problème est moins de faire trop d'opérations que d'en faire à tout vent, sans discipline. " Mes meilleurs coups, je les ai faits en suivant une méthode bien établie ", indique-t-il.

Ce n'est pas non plus parce que vous êtes un négociateur actif que vous devriez nécessairement faire des transactions régulièrement. " À certains moments, le marché n'est tout simplement pas intéressant ", dit M. Leto.

3- Choisir un courtier qui offre peu de services

Le rendement de votre placement pourrait être hypothéqué avant même que vous ayez commencé à négocier si vous choisissez un courtier en ligne qui n'offre pas une gamme étendue de produits financiers. M. Ryan mentionne qu'il existe des différences sensibles entre les maisons de courtage, même parmi celles des grandes banques. " Si vous voulez acheter des fonds communs, assurez-vous que l'institution ne vous donne quasiment accès qu'à ses propres produits ", conseille-t-il.

L'offre en titres obligataires varie aussi beaucoup selon les institutions. Par ailleurs, M. Leto recommande aux investisseurs très actifs d'opter pour un compte de type " active trader " auprès d'une institution plutôt qu'un compte en ligne classique, de façon à suivre les cours de la Bourse en temps réel. En outre, vous pourriez bénéficier du même coup d'un service d'analyse technique, lui aussi en temps réel, qui pourrait vous être très utile, selon M. Leto.

4- Viser le coup de circuit

En cherchant à obtenir des rendements mirobolants à court terme, vous risquez d'obtenir l'effet contraire. C'est d'autant plus vrai si vous cherchez à maximiser vos gains grâce à l'effet de levier qu'offrent certains fonds négociés en Bourse en utilisant votre marge.

Évitez aussi de concentrer plus de 10 % de la valeur de votre portefeuille dans un seul titre, même si vous êtes " certain " qu'il va progresser, recommande M. Leto. En tout temps, la priorité devrait aller à la protection du capital plutôt qu'à la recherche de gain. " C'est quand le gain devient la seule priorité qu'on multiplie les erreurs ", dit-il. Pour sa part, Marc J. Ryan rappelle que l'élément le plus déterminant dans la taille de votre portefeuille à long terme est l'épargne que vous y injectez, et non vos rendements.

5- Refuser d'encaisser une perte

Un des investisseurs actifs les plus couronnés de succès de l'époque contemporaine, Paul Tudor Jones, recommandait de ne pas " jouer au macho " avec les marchés, dont la force est considérable.

Si un titre que vous avez acheté baisse, cela ne veut pas dire que vous avez fait un mauvais choix. Mais cela devrait impliquer un réexamen des raisons pour lesquelles vous l'aviez choisi. Si celles-ci ne vous semblent plus valables, n'hésitez pas à admettre votre erreur et à vendre vos actions. À la Bourse, tout ce qui monte ne redescend pas nécessairement, et que tout ce qui baisse ne remonte pas.

Dites-vous par ailleurs que les pertes sont inévitables si vous aspirez à devenir un négociateur actif aguerri. C'est en admettant vos erreurs et en en tirant des leçons que vous pourrez vraiment vous améliorer.

6- Investir sans connaître les règles de base

Il n'est pas nécessaire d'avoir suivi un cours en finance pour investir par soi-même, mais connaître les notions de base requises pour évaluer le rendement d'une entreprise et de son titre est essentiel. M. Leto dit avoir rencontré des gens qui investissaient des centaines de milliers de dollars dans un titre sans savoir ce qu'est un ratio cours-bénéfice...

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