En lançant une gamme de produits cosmétiques biologiques, écologiques et équitables, Mélissa Harvey voulait prouver qu'elle pouvait arrimer rentabilité et valeur. Aujourd'hui, Zorah Biocosmétiques est la seule en Amérique du Nord à commercialiser des produits à la fois bios, écolos et éthiques.
C'est en 2003, lors d'un stage de coopération internationale, que l'idée de Zorah Biocosmétiques germe de l'esprit de la jeune femme. Séjournant au Maroc, elle visite une coopérative de production d'huile d'argan. " Quand j'ai découvert cette coopérative de 70 femmes berbères qui gagnaient leur vie et leur indépendance, j'ai été très touchée ", se rappelle-t-elle.
Alors qu'elle prévoyait se lancer dans des études de maîtrise en commerce équitable, Mélissa Harvey a plutôt choisi la voie pratique : celle de faire découvrir cette huile biologique et équitable aux Québécoises. Depuis 2007, une quinzaine de produits, crèmes hydratantes, baumes pour les lèvres, traitements après-soleil, mettent en vedette cette huile riche en antioxydants, en acides gras essentiels et en vitamine E.
Du travail équitable
Aujourd'hui, Zorah Biocosmétiques se classe premier importateur d'huile d'argan au Canada. Un commerce qui a fait une réelle différence sur la qualité de vie des travailleuses marocaines, a constaté la cofondatrice de l'entreprise lors d'un voyage en février dernier. " Le changement est radical ! Il y a maintenant une école, une grande salle avec des tables et des chaises pour travailler, des toilettes. De plus, la coopérative est propriétaire de plusieurs terrains clôturés, ce qui empêche les chèvres de venir brouter la matière première. "
Plusieurs femmes ont également appris à lire grâce à des organismes internationaux qui ont fait leur nid dans le village.
Maintenir le cap
Si les matières premières viennent de coopératives du Maroc, mais également d'Indonésie ou du Mexique, les produits certifiés biologiques sont concoctés ici. Une des meilleures garanties pour du travail équitable.
" Il faut se battre constamment pour ne pas être détourné de notre objectif, raconte la jeune trentenaire. Par exemple, il nous a fallu un an et demi pour trouver un fournisseur qui puisse nous produire des pochettes de matériel pour notre promotion. Et elles nous coûtent 25 $ chacune au lieu de quelques sous en Chine. " Même chose pour les encres : la jeune femme a dû commander elle-même des encres végétales aux États-Unis et chercher ensuite un imprimeur capable de les utiliser...
Elle ne perd pas de vue son objectif : faire des affaires autrement, même si elle doit parfois investir plus d'efforts pour y parvenir. Même ses petits pots sont recyclés - les consommatrices peuvent rapporter les contenants en magasins et recevoir une consigne.
Des efforts qui portent leurs fruits, puisqu'en évitant d'emballer les produits dans des boîtes de carton et en n'utilisant que du papier entièrement recyclé pour les dépliants, l'entreprise calcule que depuis sa création, près de 500 arbres ont été sauvés.
Quand elle regarde ses chiffres, Mélissa Harvey est plutôt satisfaite du résultat. " La demande est exponentielle, si bien que, mois après mois, on double notre chiffre d'affaires, estime-t-elle. Nos produits sont maintenant distribués dans plus de 250 magasins au Québec et nous commençons notre distribution en Ontario. Ensuite, nous nous attaquerons au marché de la Colombie-Britannique. " Au total, la jeune entrepreneure prévoit être présente dans 400 points de vente d'ici la fin de 2010.
