" L'avion de 2015 aura une structure repensée : il sera fait de matériaux composites plus légers, ses ailes et son fuselage pourront être assemblés en une seule partie et ses moteurs pourront utiliser des bio-carburants. "
Sylvain Cofsky ne rêve pas. Le directeur du Groupement Aéronautique de Recherche et Développement en eNvironnement travaille de concert avec les chercheurs et les entreprises du secteur afin de mettre sur pied des projets qui épousent la nouvelle révolution verte dans le secteur aéronautique.
À l'échelle internationale, on connaît déjà les promesses du Dreamliner de Boeing, un futur long courrier de 210 à 330 passagers, qui se veut moins gourmand en carburant que les avions ordinaires et dont le fuselage sera entièrement fait de matières composites. Ou celles de son concurrent Airbus, qui mise sur un A350 au fuselage beaucoup plus large, et qui fait lui aussi appel aux matériaux composites pour alléger sa structure et consommer moins. Leur point commun ? Des années de recherche et plusieurs mois de retard sur le calendrier de livraison, en raison de l'utilisation de matériaux composites qui devraient bientôt révolutionner le processus de fabrication des avions mais dont la recette se fait attendre.
Au Québec, tous les yeux sont tournés vers Bombardier, qui produira d'ici 2012- 2013 deux avions verts : la famille CSeries et le Learjet 85. Les premiers annoncent une consommation réduite de 20 % grâce à un recours aux matériaux composites à hauteur de 70 %. " La gamme des CSeries est le type de flotte qui sera le plus renouvelé au cours des prochaines années dans le monde, et Bombardier entend rafler pas moins de la moitié de ce marché mondial, affirme Sylvain Cofsky. Pour cela, il faut que son projet soit le plus environnemental possible. "
La voie de l'avenir ?
Titane, chrome, kevlar... : les matériaux composites existent depuis une quinzaine d'années, mais on commence à mieux les connaître et à les intégrer à grande échelle dans l'industrie aéronautique pour remplacer des matériaux plus lourds comme l'acier ou l'aluminium. Composés d'un mélange de fibres et de résine, les composites " sont très légers, solides et rigides ", résume Suong Van Hoa, professeur au Département de génie mécanique à l'Université Concordia. Leur résistance à la corrosion est soulignée par Simon Lafrenière " car ils permettent d'éviter l'utilisation de traitements de surface qui peuvent être polluants. "
Ce type de matériaux présente plusieurs défis mécaniques " parce qu'une nouvelle pièce peut remplacer une dizaine d'anciennes, rendant l'assemblage et la maintenance souvent plus complexe ", dit M. Cofsky. Sans compter qu'un mélange de composites a des propriétés particulières qui peuvent ne pas convenir à toutes les utilisations. On intégrera par exemple des fils métalliques au coeur des tissus fibreux des matériaux composites afin d'assurer la protection de l'appareil contre la foudre.
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