Vent d'amertume sur le Massif du Sud

Publié le 22/10/2011 à 00:00

Vent d'amertume sur le Massif du Sud

Publié le 22/10/2011 à 00:00

Dans quelques jours, les arbres vont commencer à tomber sur le dos du Massif du Sud, le joyau naturel de Bellechasse. Et dans quelques mois, ce qui est un des plus beaux paysages de la région Chaudière-Appalaches sera transformé en zone industrielle.

Le 3 octobre dernier, en effet, le gouvernement provincial et la MRC de Bellechasse donnaient leur accord à un vaste projet de 75 éoliennes au coeur d'un parc régional, sur un territoire forestier de près de 100 km2, malgré la vive opposition des citoyens. Et malgré aussi le fait que l'électricité ainsi produite coûtera à Hydro-Québec davantage qu'elle ne lui rapportera.

«Le coût d'approvisionnement ne peut pas être comparé au prix payé par le consommateur», dit la porte-parole d'Hydro-Québec, Charlotte Sutton, même si c'est un calcul que les entreprises doivent faire tous les jours.

Hydro-Québec paiera 8,5 cents du kilowattheure (kWh) au promoteur EDF Énergies Nouvelles Canada, filiale d'Électricité de France, de l'électricité que le consommateur résidentiel paie actuellement 7,51 cents du kWh. En plus de ce coût d'approvisionnement supérieur au prix de revente, Hydro devra absorber une facture de 18,5 millions de dollars pour construire une ligne de raccordement de 25 kilomètres entre le parc éolien et son réseau de distribution. La transaction sera rentable quand les tarifs en vigueur pour les clients auront augmenté suffisamment.

Hydro-Québec n'a pas perdu le sens des affaires ; elle ne fait que répondre à la stratégie énergétique du gouvernement Charest et doit intégrer 4 000 mégawatts d'énergie éolienne au réseau d'électricité québécois d'ici 2015, dans le but d'accroître les exportations et de soutenir des emplois dans les usines d'éoliennes en Gaspésie. Le développement des parcs éoliens est confié à des promoteurs privés.

«Il n'y a jamais eu d'évaluation des avantages et des inconvénients de cette stratégie du privé», note le chercheur Gilles Côté, de l'Unité de recherche sur le développement territorial durable et la filière éolienne de l'UQAR.

«Le pire endroit pour des éoliennes»

Pour des raisons de rentabilité, les promoteurs privés créent les parcs éoliens près des zones habitées, car il y a moins de routes à construire. «Le Massif du Sud est pourtant le pire endroit pour mettre des éoliennes, considère le président du RésEAU des montagnes, Alain Chabot, désespéré. Si on en met là, ça veut dire qu'on peut en mettre n'importe où...»

M. Chabot n'est pas contre l'énergie éolienne, précise-t-il, mais il éprouve de fortes craintes quant aux impacts environnementaux du parc éolien du Massif, construit dans une zone fragile, sillonnée par huit rivières cristallines. Ce territoire est l'habitat de la grive de Bicknell, une espèce menacée, et l'aire de protection ajoutée à la demande du BAPE (juin 2011) lui paraît avoir été mal dessinée.

«Le BAPE est un processus qui permet aux élus de dire : on a consulté. Mais est-ce qu'on écoute ?» demande M. Chabot, dont l'organisme a déposé à Québec une pétition signée par près de 3 000 citoyens et une vingtaine d'organismes provinciaux.

La région du Massif du Sud était en train de bâtir un secteur récréotouristique autour du parc régional ; il paraît désormais en péril. «L'argument de l'énergie verte ne pèse pas beaucoup quand quelqu'un se réveille entouré de machines hautes comme des immeubles de sept ou huit étages», dit M. Côté.

Les élus de la région, comme partout où poussent les éoliennes, portent le message relatif aux retombées économiques. Le préfet de la MRC de Bellechasse, Hervé Blais, parlait le 3 octobre d'«un grand jour pour la région» puisque les redevances annuelles seront de 685 000 $ pendant 20 ans et que 200 travailleurs construiront le parc éolien au cours des deux prochaines années.

«Mais dans deux ans, que va-t-il rester à part huit emplois de maintenance et un paysage dévasté ?» se demande le président de RésEAU des montagnes.

PARC ÉOLIEN DU MASSIF DU SUD

Promoteur : EDF Énergies Nouvelles Canada, filiale d'Électricité de France

Investissement : 350 millions de dollars

Nombre d'éoliennes : 75 (38 dans Saint-Luc-de-Bellechasse, 25 à Saint-Magloire, 8 à Buckland et 4 à Saint-Philémon)

Superficie du parc : 97 km2

Redevances annuelles à la région : 685 000 dollars

Emplois : 200 pendant les deux années de la construction, de 8 à 10 pour la maintenance

valérie.lesage@transcontinental.ca

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