Vendre l'hiver dans les pays chauds

Publié le 05/06/2010 à 00:00

Vendre l'hiver dans les pays chauds

Publié le 05/06/2010 à 00:00

Par Claudine Hébert

Si le Québec veut reprendre sa place parmi les destinations chouchous des touristes internationaux, il aura tout avantage à réapprendre à mieux vendre sa saison hivernale.

" Ce n'est pas normal que l'on passe notre énergie à vanter les mérites du Québec sur la scène internationale pour l'équivalent de six semaines de beau temps ", indique Alain April, président du Conseil québécois de l'industrie touristique (CQIT).

Actuellement, plusieurs acteurs du tourisme québécois ont l'impression que plus de 75 % du budget promotionnel touristique sert à vendre l'été. Notons que le dernier budget pour les marchés extérieurs était évalué à 24,2 millions de dollars, un montant fourni par le ministère du Tourisme et par les Associations touristiques régionales grâce à la taxe d'hébergement. " Un non-sens ", s'exclame Charles Desourdy, pdg de la station Ski Bromont. " Je ne comprend pas pourquoi le Québec s'obstine à vouloir vendre son été face à d'autres destinations dont le produit estival est aussi fort, sinon plus, que le nôtre ", s'indigne-t-il.

Ce dernier est convaincu que le tourisme québécois ne peut assurer sa rentabilité annuelle s'il continue de négliger les recettes touristiques que peut rapporter hiver. Des recettes qui reposent essentiellement sur une meilleure exploitation de nos richesses : notre hydro-électricité et notre froid. " Garantissons un couvert de neige presque à 100 % de nos domaines skiables pour la période des Fêtes, et vous verrez combien le Québec pourra se démarquer face à la concurrence mondiale. Qu'il sera plus facile de vendre des produits connexes, comme le traîneau à chiens, l'hôtel de glace, les glissades sur tubes... ", soutient l'homme d'affaires.

Depuis des années, celui-ci réclame des tarifs d'électricité mieux adaptés aux réalités de l'industrie du ski pour les mois de novembre et de décembre surtout. Des tarifs réduits la nuit et les fins de semaine leur permettraient de fabriquer de la neige au moment où la demande de la population est moins importante qu'à l'heure du souper ou en soirée, par exemple. Leur demande a eu peu d'écho. " Comment voulez-vous que l'on convainque le gouvernement de nous écouter lorsque notre propre ministère, celui du Tourisme, néglige la présence d'images hivernales du Québec dans la majorité de sa promotion internationale ? ", ajoute-t-il.

Claude Péloquin, directeur général de l'Association des stations de ski du Québec renchérit, citant l'exemple de la publicité de Transports Québec, l'automne dernier, pour inciter les gens à s'équiper de pneus d'hiver. " Le meilleur concept que ces penseurs ont trouvé est d'associer leur message à des destinations soleil. Rien pour valoriser l'hiver... "

Michel Archambault, de la Chaire de tourisme Transat de l'ESG UQAM, croit lui aussi que le salut de l'industrie touristique passe par la saison froide. " À cause des changements climatiques, la neige se fera de plus en plus rare. C'est le moment de nous positionner auprès de ceux qui aiment la saison froide ", dit-il.

Benoît Berthiaume, cofondateur du Spa Scandinave à Mont-Tremblant abonde dans ce sens. " Qu'est-ce qu'on attend pour exploiter le côté exotique de l'hiver ? " dit-il. L'homme d'affaires des Laurentides doute que les marchés limitrophes nord-américains soient la bonne cible. " Pourquoi s'acharner à séduire les New-Yorkais et les Bostonnais, qui pestent contre l'hiver ? Il faut cibler les marché où la chaleur est omniprésente 12 mois par année ", explique-t-il.

Chaque année, en hiver, Le Scandinave reçoit la visite de Brésiliens et de Mexicains. " Il faut voir leur visage, l'éclair qui brille dans leurs yeux, lorsqu'ils se baladent en robe de chambre autour des bains extérieurs. Du jamais vu pour eux ", raconte M. Berthiaume, qui ne comprend pas la logique du gouvernement canadien d'imposer des visas pour ces marchés.

Et tant qu'à fabriquer de la neige en montagne, M. Berthiaume soutient que l'on devrait en fabriquer davantage dans les parcs en ville. " Il faut maximiser le côté festif de l'hiver auprès des marchés internationaux. Ma génération a été marquée par la Guerre des Tuques. Reproduisons des châteaux de neige et de glace pour amuser les enfants et organisons des fêtes qui se prolongent de décembre à mars ", dit-il.

CINQ ACTEURS INFLUENTS SUR LA SCÈNE TOURISTIQUE QUÉBÉCOISE

Robert Larose, premier spa nordique au Québec

Lorsqu'il a eu l'idée, en 1984, d'ouvrir le premier spa nordique du Québec à Piedmont, dans les Laurentides, nombreux sont ceux qui l'ont traité de fou. À commencer par les banquiers, incapables d'imaginer que des gens paieraient pour suer dans un sauna et ensuite sauter dans l'eau froide, été comme hiver. Les années ont donné raison à l'ex-cycliste, convaincu de pouvoir importer en sol québécois ce concept européen millénaire.

L'industrie touristique québécoise compte aujourd'hui près d'une trentaine de spas nordiques, en pleine nature comme en ville. Robert Larose s'est retiré de l'industrie à l'été 2008, en vendant son spa.

dossiers@transcontinental.ca

À la une

Bourse: Wall Street ouvre dispersée pour terminer une mauvaise semaine

Mis à jour il y a 24 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto a ouvert en hausse.

Ottawa forcera les banques à identifier clairement les remises sur le carbone

Les premiers dépôts de remise en 2022 étaient étiquetés de manière très générique.

Technologistes médicaux: une pénurie silencieuse qui crée des retards dans le réseau

Il y a 47 minutes | La Presse Canadienne

Chaque année, 208 millions d’échantillons sont traités dans les laboratoires du réseau de la santé au Québec.