«Une bulle des dividendes ?»

Publié le 17/03/2012 à 00:00

«Une bulle des dividendes ?»

Publié le 17/03/2012 à 00:00

Par Ian Gascon

Qui, durant les dernières années, n'a pas entendu parler des actions à dividendes élevés ? Ces titres, historiquement plus défensifs que ceux de l'ensemble du marché, ont mieux résisté lors de la crise financière de 2008. Ils sont par la suite revenus à la mode et ont été les titres-vedettes en 2011. Avant d'investir dans ce type de titres, je vous suggère de prendre un peu de recul. L'objectif ici n'est pas de débattre de l'avantage fiscal ou des études qui avancent que ces titres offrent de meilleurs rendements à long terme, mais bien de se demander s'il est encore pertinent de leur accorder une pondération «plus importante».

Pourquoi «plus importante» ? Considérons par exemple l'indice S&P/TSX. La plupart des titres qui font partie d'un portefeuille dit de dividendes élevés sont aussi inclus dans cet indice. Ils représentent déjà de 20 à 35 % de celui-ci selon l'approche utilisée pour la création d'un portefeuille de dividendes élevés. Augmenter le poids de ces titres est donc une décision similaire à celle d'augmenter le poids d'un des secteurs les plus importants de l'indice (comme les financières, l'énergie ou les matériaux). Êtes-vous certain de comprendre pourquoi ces titres pourraient offrir de meilleurs rendements ?

Actuellement, on entend souvent dire que le taux de dividende d'un portefeuille est plus élevé que le taux des obligations à long terme. C'est vrai, mais cela ne devrait pas être une raison suffisante pour modifier les attentes d'un investisseur. Cette «anomalie» ne fait que refléter les attentes actuelles du marché, soit une période prolongée de faible croissance.

Le fait qu'une entreprise verse un dividende ne signifie pas qu'elle est plus rentable ; cela indique plutôt qu'elle n'est pas en mesure de réinvestir ce capital à un taux jugé satisfaisant. Dans le contexte actuel, qu'une société augmente son dividende est peut-être signe d'une bonne gestion, mais cela n'en fait pas pour autant une société dont l'espérance de rendement à long terme est meilleure.

Lorsqu'il y a un intérêt accru pour une catégorie de titres, il est pertinent de se demander si l'avantage que l'on espère en retirer persistera ou s'il est directement lié à l'apport de capital que procure l'engouement général. Dans ce dernier cas, on s'expose à une amère déception lors du renversement inévitable de la tendance (rappelez-vous les point-coms). Dans le cas des titres de dividendes, le débat est ouvert. Cela fait maintenant plusieurs années que le capital se tourne de façon disproportionnée vers ces titres, et il est sans doute temps de faire attention ! Une approche prudente consiste à bien diversifier et à rééquilibrer périodiquement son portefeuille, tout en évitant les tendances de l'heure. Cette réflexion pourrait tout aussi bien s'appliquer aux titres d'infrastructures, aux matières premières ou à la décision de surpondérer un secteur.

Pour la plupart des investisseurs, il n'est pas nécessaire, à mon avis, d'accorder un poids plus important à ces titres dans un portefeuille que le poids qu'ils ont dans un indice de marché élargi, tel que le S&P/TSX.

Agir autrement revient à se laisser emporter par la frénésie boursière... qui parfois se termine abruptement.»

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