Membre du club sélect des villes UNESCO de design depuis 2006, Montréal accentue ses efforts pour se développer et se démarquer par l'entremise du design.

«Cette désignation n'était pas une consécration, ni un label d'excellence. L'UNESCO voulait ainsi souligner que Montréal avait tous les atouts pour se développer en misant sur la créativité et le design», explique Marie-Josée Lacroix, commissaire au design et chef d'équipe au Bureau du design de la Ville de Montréal.

L'une des initiatives mises de l'avant par le Bureau du design fut l'adoption de concours d'architecture et de design dans le développement de projets ou d'objets urbains de portée publique.

«Les concours d'architecture, en mettant des concepteurs en concurrence, contribuent à intégrer le design dans des projets, même si ce n'est pas une formule magique. Mais c'est une culture qui n'est pas encore très développée au Québec», constate Mme Lacroix, dont l'organisme multiplie les initiatives pour promouvoir le design dans l'élaboration de projets.

Des concours d'idées

La pratique des concours en design et en architecture s'est d'ailleurs étendue dans la plupart des 19 arrondissements de la ville. Le centre culturel de Notre-Dame-de-Grâce, le complexe de soccer de Saint-Michel de même que la Promenade Smith du quartier Griffintown ont fait l'objet de tels concours. Le nouveau bac de recyclage résulte pour sa part d'un concours de design industriel. Un peu partout sur le territoire se tiennent aussi des concours d'idées, des ateliers de design et des journées portes ouvertes.

«Il y a encore du chemin à faire, mais le design rayonne de plus en plus dans l'ensemble de la ville. Les gens reconnaissent davantage la plus-value du design dans des projets», constate Élaine Ayotte, responsable de la culture, du patrimoine et du design au comité exécutif de la Ville de Montréal.

Le Bureau du design a aussi créé un répertoire des designers montréalais, ainsi qu'un catalogue d'objets- cadeaux souvenirs de Montréal. «Nous voulions inciter les acteurs institutionnels qui accueillent des colloques et des congressistes, comme les universités ou le Palais des congrès, à leur offrir des présents réalisés par des gens d'ici plutôt que de la Chine», explique Mme Lacroix.

Ses diverses activités sont financées par le chantier Réalisons Montréal, lancé en 2008 par le Bureau du design et la Chaire UNESCO en paysage et environnement de l'Université de Montréal. Depuis, plus de 1,8 million de dollars ont ainsi été versés à la promotion du design à Montréal.

De grands pas en avant

Déjà, en 1986, le rapport Picard avait établi que le design était l'un des secteurs porteurs pour le développement de l'économie montréalaise, au même titre que les industries de l'aéronautique ou des sciences de la vie.

En 1991, Montréal devenait la première ville nord-américaine à se doter d'un organisme - le Commissariat au design - exclusivement consacré au développement et à la promotion du design. «Aujourd'hui, c'est la mode. Mais à l'époque, sauf dans les grandes villes comme Paris ou Milan, on en parlait très peu», rappelle Mme Lacroix qui dirigeait ce commissariat d'un seul employé. Aujourd'hui, l'organisme devenu le Bureau du design compte huit personnes.

La création du concours Commerce Design Montréal en 1995 aura été l'une de ses premières actions. Il aura permis de faire valoir auprès des commerçants montréalais l'importance d'investir dans la qualité de l'aménagement de leur établissement.

En décembre, Lille devenait la 14e ville dans le monde et la 8e en France à reprendre ce concept montréalais, dont le dernier concours, ici, s'est tenu en 2004. Le Bureau du design songe à le relancer en élargissant sa portée à d'autres secteurs d'activité.