Vous avez une idée de produit touristique originale et vous avez besoin d'un coup de pouce financier ? Bonne chance ! pour vous y retrouver parmi les nombreuses subventions et multiples programmes d'aide, pour la plupart méconnus par les entreprises elles-mêmes... Si on compare nos recettes avec celles qui marchent ailleurs dans le monde, une chose est certaine : le Québec doit se doter d'un plan de financement pour demeurer concurrentiel sur la scène touristique internationale. Et ça presse !
" Tant que la répartition des investissements publics en tourisme - soit 500 millions de dollars par année - manquera d'une vision commune, les investisseurs privés d'ici et d'ailleurs demeureront frileux face à l'industrie touristique québécoise ", soutient Sylvie Chagnon, vice-présidente du crédit et à la gestion des risques chez Investissement Québec.
À l'instar des autres membres du Comité performance de l'industrie touristique, Mme Chagnon recommande la mise en place d'un plan concerté pour soutenir l'investissement et le financement de l'industrie touristique du Québec d'ici le 31 décembre 2011.
La priorité, estime-t-elle, est de créer un guichet unique pour regrouper tous les crédits discrétionnaires liés au développement touristique afin de mieux aider les PME qui en ont besoin. Ce programme consacré au tourisme serait géré par Investissement Québec et privilégierait des partenariats avec diverses institutions financières.
Plusieurs destinations mondiales disposent déjà de programmes de soutien de ce type, centrés sur le développement de leurs entreprises touristiques. Mme Chagnon donne pour exemples les Autrichiens, qui bénéficient d'une Banque de l'hôtellerie et du tourisme, les Écossais, qui détiennent un Fonds d'innovation en tourisme, et les Turcs, qui ont instauré une Loi sur l'encouragement du tourisme.
On peut citer la réussite de la Turquie à titre d'exemple. La porte de l'Orient connaît une croissance touristique phénoménale. Plus de 28 millions de touristes étrangers ont visité le pays en 2010, soit 40 % de plus qu'il y a cinq ans. Un succès qui repose principalement sur l'assouplissement des visas et sur la diversification du produit, mieux adapté à une clientèle nantie. En plus de développer un tourisme sportif, religieux et culturel, la Turquie compte devenir une plateforme du tourisme médical et d'affaires. Ainsi, Hilton Worldwide y inaugurera 11 hôtels en 2011. La Turquie est le seul pays européen à inaugurer autant d'établissements avec cette enseigne en une année.
" En se dotant d'un plan d'investissement et de financement commun pour l'ensemble de l'industrie touristique, notre destination sera beaucoup plus crédible auprès des investisseurs privés. D'autres Intrawest [devenue propriété de Fortress] voudront venir investir au Québec ", dit Mme Chagnon, qui rappelle que la venue d'Intrawest s'est traduite par un important développement immobilier et la création d'un aéroport international dans les Laurentides.
Halte au saupoudrage
Ce programme doit veiller à soutenir les projets innovateurs et concurrentiels, en particulier ceux en lien avec les portes d'entrée Montréal et Québec, le fleuve, ainsi que les pôles touristiques forts qui devront être cernés d'ici décembre 2011. Il doit aussi servir à améliorer l'hébergement touristique en région. " Il faut développer une approche interministérielle en lien avec les priorités de développement des produits touristiques ciblés pour que les investissements publics soient concertés ", explique Mme Chagnon.
Les formules privilégiées ? Du capital patient remboursable à long terme et des remboursements adaptés en fonction des cycles saisonniers. Des mesures coordonnées d'accompagnement aux entrepreneurs et de soutien à la relève doivent aussi être intégrées au plan.
" Il est temps de mettre fin au saupoudrage de subventions qui ne fait que favoriser une vision à court terme. "
- Sylvie Chagnon, vice-présidente du crédit et à la gestion des risques chez Investissement Québec
