En arrêtant Tony Accurso mardi, l'Unité permanente anticorruption s'attaque au dirigeant d'un vaste réseau d'entreprises et au propriétaire de nombreux biens immobiliers. Un homme d'affaires controversé, capable de dénicher du financement auprès de sources multiples.

Immobilier

Tony Accurso a encaissé ces derniers mois des dizaines de millions de dollars en revendant plusieurs propriétés importantes, notamment au Fonds de solidarité FTQ, un ancien partenaire.

Les Espaces Mitchell

La société en commandite qui construit ces copropriétés dans l'arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal, a été fondée avec le Fonds de solidarité FTQ en 2006. Depuis juin 2011, les Condos Laurin/St-Louis est cependant détenue entièrement par Louisbourg et une société à numéro de Tony Accurso.

Terrain face au Centre Bell : vendu

Quelques jours avant son arrestation, l'homme d'affaires a revendu son terrain en face du Centre Bell à Giorgio Tartaglino. De l'avis même de l'acheteur, Tony Accurso a obtenu un bon prix : 567 $ du pied carré, soit 10,2 M$.

L'acte de vente du terrain porte la signature d'Amit Gupta, représentant de l'homme d'affaires. En 1992, ce courtier immobilier était reconnu coupable de recel de caisses de tabac et de «menaces de mort ou de blessures graves»à l'endroit de locataires, selon des documents de cour. L'année suivante, son entreprise déclarait faillite, alors qu'elle devait 7,7 M$ à Desjardins.

Joint par Les Affaires, Amit Gupta n'a pas voulu expliquer le rôle qu'il a joué dans la transaction. «Ils me demandent de signer ; c'est pas plus grave que ça.»

Selon nos informations, Amit Gupta occupe en fait un poste aux finances des Constructions Marton.

Galeries Laval : vendues

Pour 2,3 M$, Tony Accurso a mis la main en mars 2011 sur un petit terrain à l'angle du boulevard Saint-Martin et de la rue Le Corbusier. Il terminait ainsi l'assemblage de l'îlot où se trouve son centre commercial à l'époque, les Galeries Laval.

Puis, fin mai, Simard-Beaudry a vendu les Galeries Laval, un Réno-Dépôt et 15 petits lots au Fonds pour un total de 85 M$. Au rôle d'évaluation foncière de Laval, les propriétés valaient 44 M$.

La transaction a permis à Simard-Beaudry de payer de multiples dettes. D'abord, les 36 M$ que l'entreprise devait au Fonds FTQ. Ensuite, un prêt de 21,5 M$ de Desjardins cautionné par le Fonds et un autre, de 5 M$, de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Les deux institutions avaient rappelé leurs prêts en décembre 2010, après que Simard-Beaudry et Construction Louisbourg eurent plaidé coupables à des accusations de fraude fiscale.

DE MULTIPLES SOURCES DE FINANCEMENT

La Banque Nationale est le plus important créancier de Tony Accurso, selon l'information disponible dans le Registre foncier et celui des droits personnels et réels mobiliers. En juillet 2011, l'institution financière a pris une garantie de 100 M$ sur un ensemble de biens de Constructions Louisbourg, dont le siège social de Construction Marton, dans l'arrondissement d'Anjou, à Montréal. La Banque n'a pas voulu commenter l'arrestation de son important débiteur.

En décembre 2011, le promoteur immobilier Luc Poirier, concurrent d'Occupation double en 2008, a tenté d'acheter le terrain de Tony Accurso devant le Centre Bell. Pour réserver le lot, ses partenaires et lui ont avancé 8 M$, à la fin de décembre. «Il doutait de notre capacité de payer», explique Luc Poirier. C'est cependant Giorgio Tartaglino qui a mis la main sur le terrain, le 10 avril, et le prétendant déçu a été remboursé.

Autre prêteur atypique : la Fraternité inter-provinciale des ouvriers en électricité. Ce syndicat affilié à la FTQ a renouvelé en décembre un prêt de 5 M$ à Condos Laurin/St-Louis. Cette rallonge mettait fin à son moratoire d'un an sur les prêts à des entreprises de construction, après que LesAffaires.com et l'émission Enquête, à Radio-Canada, eurent révélé les créances de la FIPOE à Tony Accurso et des promoteurs proches de la FTQ.