Trois promesses qui sèment le doute

Publié le 25/08/2012 à 00:00

Trois promesses qui sèment le doute

Publié le 25/08/2012 à 00:00

La grande valse des promesses de la campagne électorale donne parfois le tournis. Les Affaires a examiné en profondeur trois engagements qui auraient une grande incidence sur l'économie. Quoique réalisables, ils peuvent soulever des doutes.

PLQ

Création de 250 000 emplois en 5 ans et abaissement du taux de chômage à 6 %

Est-ce réaliste ou optimiste ? Voyons d'abord quelques chiffres. Entre 2004 et 2008, cinq années de croissance avant la récession, il s'est créé 207 000 emplois au Québec. La croissance moyenne du PIB réel pendant ces années a été de 1,9 %. Des observateurs doutent qu'on puisse faire plus au cours des cinq prochaines années. La croissance des pays émergents, grands consommateurs de nos ressources naturelles, commence à ralentir, l'Europe est en pleine tourmente et les États-Unis tardent à se remettre en selle.

«Notre croissance dépend beaucoup de la conjoncture économique mondiale et peu du gouvernement du Québec. Or, la conjoncture mondiale n'est pas si favorable et je n'ai pas tendance à penser que les prochaines années seront faciles», observe le professeur Jean-Yves Duclos, du Département d'économie de l'Université Laval.

Spécialiste de l'économie publique, il remarque que la moyenne annuelle de création d'emplois des 20 dernières années a été de 25 000 et que durant les très bonnes années, comme au début du millénaire, on a atteint 50 à 60 000 emplois. «Mais ça se produit rarement», tempère-t-il.

Baisser le taux de chômage à 6 % dans un horizon de cinq ans paraît aussi optimiste aux yeux de M. Duclos. Le départ à la retraite de milliers de baby-boomers réduira la population active et contribuera à réduire le nombre de chômeurs, mais il entrevoit cette baisse sur un horizon plus long. Le plus bas taux de chômage moyen au Québec dans les années 2000 a été de 7,3 %, en 2007 et en 2008 (15-64 ans).

De son côté, l'économiste Paul Daniel Muller, consultant et ancien président de l'Institut économique de Montréal, constate une inadéquation entre la promesse de Jean Charest et son plan d'action.

«C'est bien écrit qu'il s'engage à créer 250 000 emplois, mais les mesures mises de l'avant en soutien ne permettent pas de faire le lien avec l'objectif. Il y a un chaînon manquant. Le document n'explique pas comment il pourra y arriver. Donc, je conclus que ça ressemble plus à une prévision qu'à un engagement.»

Le ministère des Finances a abaissé en mars à 1,6 % sa prévision de croissance du PIB pour 2012 et 2013.

COALITION AVENIR QUÉBEC

PARTI QUÉBÉCOIS

Augmenter les investissements de la Caisse de dépôt dans les sociétés québécoises

Le programme politique de la CAQ ne spécifie pas d'objectif chiffré, mais François Legault a fixé la barre : à terme, 25 % du portefeuille boursier de la Caisse devrait être investi au Québec et 5 milliards de dollars des actifs de la Caisse s'en iraient dans un fonds destiné à prendre des participations dans des projets miniers au Québec. Au PQ, Pauline Marois veut que la Caisse investisse 10 G$ de plus au Québec. La Caisse, au 31 décembre, détenait 41 G$ d'actifs au Québec.

«C'est une proportion importante, 25 %, et ça fait porter un poids élevé du risque sur les épargnants québécois dont c'est le fonds de retraite. Un investisseur normal n'investirait pas autant dans les sociétés québécoises, même s'il est québécois», estime le professeur Jean-Yves Duclos, ajoutant que les meilleurs rendements anticipés seront du côté des pays émergents plutôt qu'au Québec.

L'économiste Paul Daniel Muller va plus loin dans sa désapprobation.

«Quand arrive une période historique de la Caisse, qui sera très sollicitée par les retraites des baby-boomers, tout objectif susceptible de distraire la Caisse de ses objectifs de rendement surviendrait au pire moment. À ce stade-ci, il faut laisser la Caisse se concentrer sur les rendements.»

Or, le critère géographique ou nationaliste peut faire obstacle au rendement maximal.

«La Caisse doit investir là où elle pense obtenir les meilleurs rendements. Elle peut se tromper parfois, mais le critère géographique ne devrait pas l'amener à renoncer à des rendements potentiels plus élevés», pense M. Muller. Il estime qu'Investissement Québec est un meilleur outil pour jouer le rôle de développement économique et que, dans un esprit de saine gouvernance et d'imputabilité, les placements et le développement devraient être confiés à des entités distinctes.

PARTI QUÉBÉCOIS

Création d'une banque de développement économique du Québec

La Banque de développement économique du Québec que veut créer Pauline Marois, si elle est élue, regrouperait tous les programmes et organismes financiers des gouvernements du Québec et du Canada qui ont trait au développement économique. Bye-bye les bureaux de la Banque de développement du Canada, les CAE/SADC, les CLD, Investissement Québec et autres sources de financement.

«Il serait étonnant que ce soit facile ou faisable. Rapatrier tous les programmes et organismes de développement économique du Québec me semble un peu ambitieux, et rapatrier aussi ceux du fédéral, probablement irréaliste», analyse le professeur Jean-Yves Duclos.

Au-delà de cette considération, il faut, dit l'économiste Paul Daniel Muller, se poser la question du bien-fondé d'un guichet unique.

«C'est peut-être plus simple, l'entrepreneur n'a qu'une personne à rencontrer, mais en cas de refus de son dossier, il n'a plus d'autre recours. Je ne pense pas que les entrepreneurs aimeraient une seule institution prêteuse au privé ; alors, le jeu en vaut-il la chandelle au public ? Je pense que c'est bon d'avoir plusieurs portes où aller frapper.»

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