Tergel a su reconstituer son fonds de roulement pour soutenir ses ambitions

Publié le 21/03/2009 à 00:00

Tergel a su reconstituer son fonds de roulement pour soutenir ses ambitions

Publié le 21/03/2009 à 00:00

Qu'ont en commun les petits oursons en gelée, ces Gummy Bears dont les enfants raffolent, les produits laitiers allégés et les gélules médicamenteuses ? Ces produits contiennent tous de la gélatine. Et il y a des chances qu'elle provienne de chez Tergel.

Cette entreprise de Terrebonne, fondée en 1995, fabrique de la gélatine à partir de la peau de porc. Le produit est utilisé principalement dans les industries alimentaire et pharmaceutique. Tergel est une filiale du Groupe Weishardt. Cette société française, qui compte 170 ans d'expérience dans la gélatine, est le quatrième producteur mondial de gélatine issue de la peau de porc, de bovin ou de poisson. Elle a investi 55 millions de dollars pour implanter Tergel, sa première usine de fabrication de gélatine en Amérique du Nord.

Plusieurs raisons stratégiques ont incité Weishardt à venir s'établir ici. "Très bien implanté en Europe, le groupe avait la volonté de s'internationaliser et d'augmenter sa capacité de production, souligne Éric Thiffault, directeur financier de Tergel.

"De plus, Weishardt désirait s'établir et produire dans une zone dollar. Il y a un très gros potentiel de vente aux États-Unis et en Asie, et c'est en dollars américains que les affaires se font. C'est plus difficile d'être compétitif si on négocie en euros."

Une usine parmi les plus modernes

Direction le Canada. "Le pays a une tradition industrielle de forte technologie. Et stratégiquement, Terrebonne était une très bonne option. Le critère essentiel était la disponibilité de la matière première, soit la peau de porc. Or, le Québec en est un gros producteur. De plus, on est près des voies maritimes, ce qui facilite le transport de nos produits. Finalement, la possibilité pour notre pdg, qui est Français, de s'établir dans un environnement francophone était intéressante", souligne le comptable en management accrédité (CMA). Tergel s'approvisionne notamment chez Olymel et chez duBreton.

Selon M. Thiffault, l'usine de Terrebonne est de loin la plus moderne du Groupe Weishardt - qui possède deux autres usines de fabrication de gélatine, l'une en France, près de Toulouse, et l'autre en Slovaquie - et peut-être la plus moderne du monde pour ce type de produits. Ses systèmes automatisés facilitent la gestion des flux et la traçabilité des produits, pour une production de gélatine conforme aux normes les plus rigoureuses.

Côté environnement, Tergel a mis en place des processus réduisant la consommation énergétique et la production de gaz à effet de serre, et a intégré une station d'épuration des eaux usées.

"Weishardt est le quatrième producteur mondial. Toutefois, pour la capacité de production, on est très loin derrière les trois premiers, qui sont d'énormes gélatiniers. C'est pourquoi, pour nous démarquer, nous offrons des produits de très haute qualité. C'est ce qui nous permet de percer les marchés pharmaceutique et alimentaire. Pfizer est d'ailleurs un important client. On mise également sur un excellent service à la clientèle. La devise de notre pdg, c'est de répondre aux besoins du client le plus difficile", dit le directeur.

L'entreprise, qui compte une soixantaine d'employés, a officiellement commencé sa production en juillet 2007. M. Thiffault prévoit un chiffre d'affaires de 19 millions de dollars cette année et il vise, sous peu, les 30 millions. L'entreprise fonctionne pour l'instant à 60 % de sa capacité maximale, évaluée à 3 000 tonnes par année.

Objectif monde

L'objectif pour les prochaines années est de consolider la présence de Tergel aux États-Unis. "On est en phase de montée en puissance. La demande mondiale est très forte. On veut aussi s'implanter en Asie. On est présent au Japon, mais en Chine, on ne fait que commencer. Ce n'est pas facile d'exporter en Chine. Ceci dit, le produit voyage très bien", dit M. Thiffault.

Le démarrage de l'entreprise a été ardu. "On est toujours en période de rodage. On a fait beaucoup de modifications depuis le début. Notre usine n'est pas un copié-collé de nos autres usines; on apprend au fur et à mesure. Le recrutement a par ailleurs été tout un défi. Il n'y a pas de gélatinier ici. Il faut du temps pour former de bons opérateurs, c'est un domaine très technique."

Sans compter qu'une entreprise en démarrage éprouve souvent des problèmes de fonds de roulement. L'année dernière, lors de la préparation des déclarations de revenus, le conseiller fiscal de Tergel a avisé M. Thiffault que l'entreprise avait droit à un important crédit d'impôt.

"On a donné notre accord pour qu'il prépare le dossier et on a récupéré près d'un demi-million de dollars. Cet argent tombé du ciel nous a permis d'améliorer notre fonds de roulement. Ce fut très bénéfique. C'est grâce à notre conseiller financier [que nous avons eu connaissance ce crédit]. On est passé très près de laisser cet argent sur la table. Heureusement, on a pu faire des modifications sur nos rapports précédents et récupérer cet argent rétroactivement.

"C'est un mythe de penser que de consulter va nous coûter une fortune. Ça en vaut la peine", conclut M. Thiffault.

dossiers@transcontinental.ca

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