SNC-Lavalin : les grandes aspirations de Robert Card

Publié le 05/10/2013 à 00:00, mis à jour le 03/10/2013 à 11:14

SNC-Lavalin : les grandes aspirations de Robert Card

Publié le 05/10/2013 à 00:00, mis à jour le 03/10/2013 à 11:14

À sa première sortie, Robert Card n'avait pas fait forte impression. C'était à l'assemblée annuelle de SNC-Lavalin, et le grand patron ne savait pas que son entreprise ne pouvait plus soumissionner sur les contrats d'Hydro-Québec. Ça commençait mal. La deuxième rencontre a été tout autre.

C'est un Robert Card charismatique et ayant l'air d'avoir les commandes bien en mains qui a rencontré Les Affaires, il y a quelques jours (lire notre manchette, en pages 16 et 17).

Premier fait saillant : SNC-Lavalin ne semble pas engagée dans un ménage de surface, mais dans un réel grand ménage. La structure de gouvernance a été complètement remaniée, avec des surveillants de l'éthique dans chacune des six divisions de l'entreprise. Le grand patron de l'éthique relève maintenant du conseil d'administration, et non du chef de direction. Chaque projet d'importance dans des pays plus risqués (l'Irak, par exemple) doit faire l'objet d'un plan éthique qui est présenté à la direction. Ce plan comprend des explications sur le contrôle des flux de trésorerie, des fournisseurs et de la main-d'oeuvre.

La réaction des autorités reste à voir, mais le président a suffisamment confiance dans les changements mis en place pour espérer que la Banque mondiale lui consente un pardon, vers 2015, et que l'AMF lui délivre dans les prochains mois le certificat lui permettant de participer aux contrats publics.

Constat : la crédibilité de SNC-Lavalin, un élément fort important pour décrocher des contrats, particulièrement dans le secteur public, semble être à la hausse.

Une stratégie plus claire

Deuxième fait saillant : le plan de match s'éclaircit.

Lors de l'assemblée annuelle en mai, la direction avait présenté sa nouvelle stratégie, mais c'était confus.

Cette fois, c'est nettement plus clair. SNC-Lavalin espère se départir d'un certain nombre de ses concessions, des placements comme l'autoroute 407 et Altalink, afin de financer de nouveaux investissements dans le secteur de l'ingénierie et de la construction.

De l'aveu même de M. Card, les concessions ont probablement sauvé la société. Leur valeur au moment de la crise a permis de rassurer le marché quant à l'avenir de l'entreprise et de conserver la confiance des clients sur sa présence dans des projets s'étalant sur quelques années.

Ces placements n'offrent cependant pas autant de rendement de l'investissement que les projets d'ingénierie. Un certain nombre d'entre eux seront donc liquidés dans le temps, et l'argent obtenu sera réinvesti dans le développement d'activités d'ingénierie dont la marge bénéficiaire est plus élevée.

À plus long terme, Robert Card veut élargir la portée géographique et sectorielle de l'entreprise montréalaise en devenant un consolidateur de l'industrie.

C'est vers la consolidation que s'oriente l'industrie, dit celui qui veut amener SNC-Lavalin dans le peloton de tête des 20 à 40 entreprises mondiales en ingénierie/construction. Le PDG situe son positionnement actuel entre la 50e et la 80e place dans le classement mondial des 150 firmes les plus importantes.

Combien pourrait valoir SNC

Évidemment, on a cherché à savoir sur quel horizon il voyait cette consolidation se produire, et à quel niveau de rentabilité elle pourrait amener la société montréalaise.

M. Card ne s'est pas avancé jusque-là. Il a néanmoins indiqué que ses pairs prévoyaient en moyenne une croissance de leurs bénéfices de 15 % par année.

Une entreprise qui ne progresserait pas à la vitesse de ses concurrentes prendrait, à ses yeux, un retard concurrentiel.

Dans ce contexte, et sachant que l'entreprise aspire à devenir un consolidateur, il serait assez étonnant qu'elle vise une croissance inférieure à celle de ses concurrents (15 %).

L'exercice 2013 en est un de transition, et il est difficile de voir jusqu'à quel point le consensus des analystes est adéquat. S'appuyer sur celui de 2014 (2,79 $ par action) permet cependant d'évacuer avec plus de certitude l'ivraie. En le faisant croître de 15 % par année, on arrive à un bénéfice d'environ 5,58 $ par action dans cinq ans.

Les principaux concurrents de SNC se négocient actuellement en moyenne à 15 fois le bénéfice. En appliquant ce multiple au bénéfice prévu dans cinq ans, on en arrive à un titre qui pourrait se négocier à environ 83 $. C'est le double du cours actuel.

Morale de l'histoire

Il y a beaucoup de «si» dans le calcul. Les grands concurrents de SNC-Lavalin peuvent notamment être dans l'erreur sur la croissance à venir dans le secteur, tout comme les analystes sur le consensus pour 2014.

L'entretien avec Robert Card permet néanmoins de croire que SNC-Lavalin est à la veille d'opérer un renversement intéressant. Le titre pourrait faire du surplace dans la prochaine année, le temps d'atteindre le consensus 2014. Mais le risque à la baisse semble désormais limité, et le potentiel haussier, assez intéressant pour l'investisseur à long terme.

francois.pouliot@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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